Islam : l’opinion publique se radicalise en France
Tristan Denonne - publié le 02/11/2012
Les Français ont une vision de plus en plus négative de l’islam, selon un sondage Ifop pour le journal Le Figaro, non comme religion mais comme fait de société.
© Ed Yourdon / flickr
Près d’un Français sur deux se méfie de l’islam. C’est le constat d’une enquête de l’institut de sondage Ifop pour le quotidien Le Figaro : 43 % considèrent cette religion comme « une menace », 40 % sont indifférents, 17 % seulement estiment qu’elle est « un facteur d’enrichissement culturel pour notre pays ». Si l’on suppose que les Français de confession musulmane font partie de cette dernière catégorie, et sachant qu’ils représenteraient — en théorie du moins — 3 à 7 % de la population, seul un non musulman sur 10 éprouverait de la sympathie pour l’islam.
Pour Le Figaro, ce sondage « montre que la montée du communautarisme des musulmans accentue leur rejet dans l’opinion ». Les deux tiers des Français les estiment mal intégrés à la société française. Pour cause, 68 % pointent leur « refus de s’intégrer », une proportion quasi identique (69 %) juge que la société française est « suffisamment ouverte et accueillante ». Selon le quotidien conservateur, « tout se passe comme si les marqueurs du communautarisme étaient devenus insupportables ». Parallèlement, 52 % des Français ont le sentiment que les différences culturelles sont trop fortes.
Sollicité par l’AFP, le sociologue Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation (éd. Seuil), se dit préoccupé : « les Français supposent une intention maligne et négligent les facteurs économiques et sociaux. » Selon l’étude, près d’un sondé sur deux évoque, « le fait que les personnes d’origine musulmane soient regroupées dans certains quartiers et certaines écoles », 25 % les difficultés économiques et le manque de travail, 21 % « le racisme et le manque d’ouverture de certains Français ». L’islamologue Malek Chebel, interrogé par le magazine Le Point, estime que le contexte joue aussi un rôle : « Notre société est tissée de niches d’insécurité qui fragilisent le regard compatissant des gens envers l’islam. »
En effet, la façon dont s’entremêle le social et le religieux pose problème. L’Ifop demande par exemple aux sondés de choisir parmi une liste de mots ceux qui correspondraient à l’islam. Or aucun n’a une connotation franchement religieuse, comme prière, dévotion, divinité ou encore prophétie. Les personnes interrogées doivent choisir entre démocratie et rejet des valeurs occidentales, tolérance et fanatisme, liberté et soumission, etc… Il s’agit de porter un jugement politique, non de caractériser une religion. De même, seules les pratiques qui ont fait l’objet d’un débat public sont évoquées — le port du voile, l’édification de mosquée… Bref, comme le souligne le président du Conseil représentatif du culte musulman (CFCM), « il y a un traitement politique et social de l’islam, et non spirituel ».
Tristan Denonne - publié le 02/11/2012
Les Français ont une vision de plus en plus négative de l’islam, selon un sondage Ifop pour le journal Le Figaro, non comme religion mais comme fait de société.
© Ed Yourdon / flickr
Près d’un Français sur deux se méfie de l’islam. C’est le constat d’une enquête de l’institut de sondage Ifop pour le quotidien Le Figaro : 43 % considèrent cette religion comme « une menace », 40 % sont indifférents, 17 % seulement estiment qu’elle est « un facteur d’enrichissement culturel pour notre pays ». Si l’on suppose que les Français de confession musulmane font partie de cette dernière catégorie, et sachant qu’ils représenteraient — en théorie du moins — 3 à 7 % de la population, seul un non musulman sur 10 éprouverait de la sympathie pour l’islam.
Pour Le Figaro, ce sondage « montre que la montée du communautarisme des musulmans accentue leur rejet dans l’opinion ». Les deux tiers des Français les estiment mal intégrés à la société française. Pour cause, 68 % pointent leur « refus de s’intégrer », une proportion quasi identique (69 %) juge que la société française est « suffisamment ouverte et accueillante ». Selon le quotidien conservateur, « tout se passe comme si les marqueurs du communautarisme étaient devenus insupportables ». Parallèlement, 52 % des Français ont le sentiment que les différences culturelles sont trop fortes.
Sollicité par l’AFP, le sociologue Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation (éd. Seuil), se dit préoccupé : « les Français supposent une intention maligne et négligent les facteurs économiques et sociaux. » Selon l’étude, près d’un sondé sur deux évoque, « le fait que les personnes d’origine musulmane soient regroupées dans certains quartiers et certaines écoles », 25 % les difficultés économiques et le manque de travail, 21 % « le racisme et le manque d’ouverture de certains Français ». L’islamologue Malek Chebel, interrogé par le magazine Le Point, estime que le contexte joue aussi un rôle : « Notre société est tissée de niches d’insécurité qui fragilisent le regard compatissant des gens envers l’islam. »
En effet, la façon dont s’entremêle le social et le religieux pose problème. L’Ifop demande par exemple aux sondés de choisir parmi une liste de mots ceux qui correspondraient à l’islam. Or aucun n’a une connotation franchement religieuse, comme prière, dévotion, divinité ou encore prophétie. Les personnes interrogées doivent choisir entre démocratie et rejet des valeurs occidentales, tolérance et fanatisme, liberté et soumission, etc… Il s’agit de porter un jugement politique, non de caractériser une religion. De même, seules les pratiques qui ont fait l’objet d’un débat public sont évoquées — le port du voile, l’édification de mosquée… Bref, comme le souligne le président du Conseil représentatif du culte musulman (CFCM), « il y a un traitement politique et social de l’islam, et non spirituel ».