Les vestiges d'un bain rituel découverts dans le quartier juif médiéval de Saint-Paul-Trois-Châteaux
La présence dans ce qui fût, le quartier juif médiéval de Saint-Paul-Trois-Châteaux, d’une cave perpétuellement inondée est désormais interprétée comme l’emplacement d’un potentiel mikvé /
Inrap 2017
La présence dans ce qui fût, le quartier juif médiéval de Saint-Paul-Trois-Châteaux, d’une cave perpétuellement inondée est désormais interprétée comme l’emplacement d’un potentiel mikvé /
Inrap 2017
Après deux semaines d'étude, une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives estime avoir mis à jour dans le centre ancien de Saint-Paul-Trois-Châteaux, les vestiges d'un bain rituel juif. Un mikvé. Au Moyen-Age, la ville abritait une importante communauté juive.
Par Aude Henry
Publié le 17/11/2017 à 17:07
Il y encore peu de temps, le quidam arpentant le centre historique de Saint-Paul-Trois-Châteaux ne trouvait qu'une plaque de rue, la rue Juiverie, comme trace de ce passé médiéval de la ville. Mais après les deux semaines d'étude menée par une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, un nouvel élément bâti, lié à la présence d'une importante communauté juive, entre le 13ème et la moitié du 15ème siècle dans la ville drômoise, est en train d'être mis à jour.
La dernière trouvaille en date se situe dans la partie ouest, de ce qui fût le quartier juif médiéval de Saint-Paul-Trois-Châeaux, entre la Place du marché et le Palais épiscopal. Il s'agit d'une cave. Une construction voûtée, partiellement enterrée. Un espace de 7m sur 4, disposant d'une résurgence d'eau souterraine.
Pour les archéologues, il s'agirait là d'une piscine de faible profondeur. Un potentiel mikvé, selon Claude de Mecquenem de l'Inrap, spécialiste en archéologie hébraïque. Déshabilloir, accès en escalier, jusqu'alors masqués par les aménagements successifs : l'existence d'espaces annexes pourraient bien confirmer cette hypothèse.
Le mikvé est un bain rituel juif, dévolu aux purifications corporelles, notamment pour les femmes, ou encore pour une préparation au mariage.
Pour l'heure, les archéologues préfèrent évoquer un "potentiel" mikvé. Mais pour Mylène Lert, conservatrice du musée d'archéologie tricastine, les premiers résultats de cette étude ne vont pas à l'encontre de cette hypothèse, et tendent fortement à confirmer les suspicions.
Mylène Lert est decsendue la première fois dans cette cave, à la fin des années 90. "A chaque fois que je descendais dans la cave, il y avait toujours de l'eau. Et compte-tenu de la découverte, dans la maison voisine, de l'arche sainte hébraïque (armoire en pierre permettant de conserver les rouleaux de la torah dans la synagogue), la piste du mikvé a commencé à se révéler. Mais pour aller plus loin, il a fallu convaincre les élus, qu'ils acceptent le financement d'études et de fouilles". Pari gagnant selon Mylène Lert : lors des premiers sondages dans la cave, la semaine dernière, les archéologues ont découvert une porte, et d'autres élements caractéristiques sous l'enduit des murs.
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Ces recherches s'inscrivent dans le cadre de la politique patrimoniale de la ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux. La municipalité, depuis les années 90, a acquis plusieurs parcelles de ce quartier dans la perspective d'une réhabiliation et d'une valorisation. En 2014, une première phase d'étude sur le bâti dans la partie est du quartier, avait permis d'identifier un édifice roman puis un autre gothique.
La semaine prochaine, communication devrait être faite des récents résultats de l'étude menée par l'Inrap, au musée du judaïsme de Paris.
Ensuite, Claude de Mecquenem, spécialiste en archéologie hébraïque et Chantal Delomier, spécialiste de l’archéologie du bâti, les co-responsables de ces recherches de l'Inrap, reprendront leurs investigations à Saint-Paul-Trois-Châteaux.
L'étude est prévue pour durer jusqu'à la mi-décembre.