TUNISIE
Ennahda veut une loi contre "l’atteinte au sacré".
Fabien Trécourt - publié le 08/08/2012
Le groupe parlementaire a présenté son projet visant à restreindre les paroles, actes et représentations jugés "blasphématoires".
Le leader du parti Ennahda Rached Ghannouchi, le 9 avril dernier © Salah Habibi / AFP
En Tunisie, le bloc parlementaire du mouvement Ennahda à l’Assemblée nationale constituante a présenté, mercredi 1er août, un projet de loi criminalisant les atteintes au religieux. Le texte préconise une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende de 2000 dinars tunisiens — 1000 € — pour quiconque aura porté atteinte au sacré "par la parole, l’acte ou l’image".
Dans le détail, Ennahda entend criminaliser toute atteinte à "Dieu, ses prophètes, ses livres, la Sunna (tradition) de son dernier prophète, la Kaaba, les mosquées, les églises et les synagogues". Sont considérées comme des atteintes : "L’insulte, la dérision, le manque de respect et la profanation matérielle ou morale du sacré (…) ainsi que toute représentation par l’image ou personnification de Dieu et ses prophètes."
Dans un communiqué, le groupe Ennahda a notamment évoqué la projection du film "blasphématoire" Persepolis, qui a valu à Nessma TV une condamnation pour "troubles à l’ordre public et aux bonnes mœurs". Autres exemples cités : la profanation de la mosquée "Al Fath" à Tunis, la profanation d’un Coran à Ben Guerdane ou encore une exposition artistique au Palais El Abdelliya à la Marsa.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a aussitôt dénoncé une "menace sur la liberté d’expression". "Les législateurs tunisiens devraient travailler à abolir les lois qui sont utilisées pour museler la liberté d’expression au lieu d’en ajouter", s’emporte Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, dans un communiqué.
"S’il était adopté, poursuit-il, ce projet de loi introduirait une nouvelle forme de censure dans un pays qui en a déjà tellement souffert sur le président déchu." Toujours selon HRW, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, deux textes ratifiés par la Tunisie, garantissent la liberté d’expression et n’autorisent les gouvernements à la limiter que sous des circonstances "à la fois restreintes et clairement définies." Rien qui ne concerne la Tunisie aujourd’hui.
Ennahda veut une loi contre "l’atteinte au sacré".
Fabien Trécourt - publié le 08/08/2012
Le groupe parlementaire a présenté son projet visant à restreindre les paroles, actes et représentations jugés "blasphématoires".
Le leader du parti Ennahda Rached Ghannouchi, le 9 avril dernier © Salah Habibi / AFP
En Tunisie, le bloc parlementaire du mouvement Ennahda à l’Assemblée nationale constituante a présenté, mercredi 1er août, un projet de loi criminalisant les atteintes au religieux. Le texte préconise une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende de 2000 dinars tunisiens — 1000 € — pour quiconque aura porté atteinte au sacré "par la parole, l’acte ou l’image".
Dans le détail, Ennahda entend criminaliser toute atteinte à "Dieu, ses prophètes, ses livres, la Sunna (tradition) de son dernier prophète, la Kaaba, les mosquées, les églises et les synagogues". Sont considérées comme des atteintes : "L’insulte, la dérision, le manque de respect et la profanation matérielle ou morale du sacré (…) ainsi que toute représentation par l’image ou personnification de Dieu et ses prophètes."
Dans un communiqué, le groupe Ennahda a notamment évoqué la projection du film "blasphématoire" Persepolis, qui a valu à Nessma TV une condamnation pour "troubles à l’ordre public et aux bonnes mœurs". Autres exemples cités : la profanation de la mosquée "Al Fath" à Tunis, la profanation d’un Coran à Ben Guerdane ou encore une exposition artistique au Palais El Abdelliya à la Marsa.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a aussitôt dénoncé une "menace sur la liberté d’expression". "Les législateurs tunisiens devraient travailler à abolir les lois qui sont utilisées pour museler la liberté d’expression au lieu d’en ajouter", s’emporte Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, dans un communiqué.
"S’il était adopté, poursuit-il, ce projet de loi introduirait une nouvelle forme de censure dans un pays qui en a déjà tellement souffert sur le président déchu." Toujours selon HRW, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, deux textes ratifiés par la Tunisie, garantissent la liberté d’expression et n’autorisent les gouvernements à la limiter que sous des circonstances "à la fois restreintes et clairement définies." Rien qui ne concerne la Tunisie aujourd’hui.