Des militants du Collectif pour la dignité des musulmans appellent à la démission de l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi. Ses prises de position et ses compétences sont mises en cause.
Hassen Chalghoumi rencontre le rabbin Yona Mezger en Isräel, le 4 juin dernier © Gali Tibbon / AFP
C’est le voyage de trop. Depuis que l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, a participé au forum "Démocratie et religion", du 5 au 7 juin dernier en Israël, une pétition appelle à sa démission. Ce texte fustige ses prises de position sur le voile intégral, le printemps tunisien ou encore le conflit israélo-palestinien. Cette campagne — "Chalghoumi dégage" — est initiée par le Collectif pour la dignité des musulmans, une association "pour l’indépendance du culte musulman face aux multiples ingérences". Signée par une quinzaine d’intellectuels et militants à l’origine, la pétition est relayée sur des sites d’information communautaire, comme Oumma.com ou Saphirnews.com.
Les pétitionnaires accusent l’imam de Drancy d’être manipulé par l’UMP et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Depuis 2010 et pendant la campagne présidentielle, la présence de Hassen Chalghoumi à des débats ou meetings de l’UMP est interprétée comme un signe de soutien à Nicolas Sarkozy, alors qu’il n’a pas fait de déclaration en ce sens. En toile de fond, l’association de l’imam de Drancy et la mosquée dépendraient financièrement de la mairie acquise au parti du Nouveau Centre, ce qui obligerait Chalghoumi à de telles concessions vis-à-vis de l’UMP. Contacté par Saphirnews, le maire Jean-Christophe Lagarde a cependant démenti ces accusations.
Dernièrement, la participation de Hassen Chalghoumi à un forum sur la laïcité au théâtre Habima de Tel-Aviv a mis le feu aux poudres. « Le problème ne consiste pas à se joindre à ce type d'événement, précise Oumma.com, mais plutôt à faire silence, une fois invité, quant aux exactions israéliennes toujours commises contre les Palestiniens. » À lire la pétition, sa présence aux côtés d’intellectuels — Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Caroline Fourest… — jugés islamophobes par les auteurs, pose problème, comme le fait de se recueillir « ostensiblement », souligne l’article d’Oumma.com, au mémorial de l'Holocauste de Yad Vashem.
Hassen Chalgoumi est connu pour son hostilité à l’intégrisme et sa volonté d’apaiser les tensions entre musulmans et Juifs — "enfants d’Israël et d’Ismaël sont des cousins", rappelle-t-il pour souligner leur parenté. Ses détracteurs le surnomment parfois "l’imam juif" si ce n’est "le larbin du Crif", notamment depuis qu’il a participé au dîner annuel de ce Conseil en 2010. "Pour toutes ces raisons, conclut la pétition, nous exigeons la démission de Hassen Chalghoumi du poste de Président de l’association culturelle des musulmans de Drancy et la désignation consensuelle à cette fonction d'une personne intègre et légitime choisie par la communauté musulmane."
Près de deux mois après le lancement de cette campagne, la pétition compte un peu plus d’un millier de signatures, le Collectif pour la dignité des musulmans 45 "likes" sur sa page Facebook, et la vidéo "Chalghoumi, Dégage !!" environ 5 500 vues sur Youtube (voir ci-dessous). C’est relativement peu, d’autant que la pétition bénéficie de la notoriété d’Oumma.com, sans doute le portail d’information communautaire dédié à l’islam le plus consulté sur le web : 250 000 abonnés et trois millions de visiteurs uniques réguliers en 2011, selon son directeur Saïd Branine. En somme, le rejet de Hassen Chalghoumi n’apparaît pas massif.