MATINALE
Bouddhistes et musulmans birmans dans une spirale de violence
publié le 11/06/2012
Si la dictature birmane semble entrouvrir un peu le carcan qui étouffe la population depuis 1988, tous les Birmans ne profitent pas de cet appel d'air. La minorité musulmane, en particulier, reste persécutée.
Un jeune Rohingya. © Dr Habib Siddiqui
BIRMANIE: COUVRE-FEU DANS L'OUEST DU PAYS
Ils représentent environ 4% de la population birmane. Les Rohingyas sont une ethnie musulmane d'origine bangladaise, amenée depuis l'Inde par les colons britanniques afin de servir de main-d'oeuvre. Après l'indépendance, ils sont restés dans le pays, rejetés par le reste de la population - ils sont actuellement toujours apatrides, privés de la nationalité birmane et persécutés à tel point que l'ONU les considère comme "l'une des minorités les plus persécutées au monde".
> Dans l'Etat Rakhine (ou Arakan), où la majorité du million de Rohingyas vivent, les violences à leur encontre sont régulières. Fin mai, le viol et le meurtre d'une jeune Arakanaise a rallumé les tensions: la rumeur a très vite attribué le crime à trois Rohingyas. Le 2 juin, dix pèlerins musulmans ont été lynchés par la population bouddhiste. Vendredi, en représailles, des musulmans sortant de la prière sont allés à Maungdaw, près de la frontière bangladaise, où ils auraient détruit restaurants et écoles. La police locale a ouvert le feu: quatre morts.
> Samedi, nouvelle flambée de violence (de la part des musulmans, selon les autorités): le site officiel du président birman parle de "19 magasins, 386 maisons et un hôtel ont été brûlés. Quatre hommes et une femme ont été poignardés à mort". Devant la propagation des incidents, le gouvernement birman a décrété l'état d'urgence dans l'Etat Rakhine et donné les pleins pouvoirs à l'armée locale.
> A Eglises d'Asie, l'agence d'information des Missions étrangères de Paris, on souligne que "dans le processus d’ouverture et de réformes que connaît la Birmanie depuis un an, la question des Rohingyas semble complètement absente de l’ordre du jour des uns et des autres, que ce soit le gouvernement à Naypyidaw, l’opposition démocratique autour d’Aung San Suu Kyi ou la communauté internationale. Phil Robertson, directeur de Human Rights Watch Asia, souligne que, du 3 au 6 juin, la Birmanie accueille une réunion de la Commission pour les droits de l’homme de l’ASEAN. Lors des pourparlers préliminaires à cette rencontre, le sort des Rohingyas de Birmanie n’a pas été évoqué. Phil Robertson ne s’attend donc pas à ce qu’elle soit abordée ces jours-ci. « Jusqu’ici, l’ASEAN a ignoré ce problème. Peut-on cependant espérer que l’ASEAN se saisisse d’une question aussi fondamentale pour [la stabilité de] la région, et lui trouve une réponse ? »".
Bouddhistes et musulmans birmans dans une spirale de violence
publié le 11/06/2012
Si la dictature birmane semble entrouvrir un peu le carcan qui étouffe la population depuis 1988, tous les Birmans ne profitent pas de cet appel d'air. La minorité musulmane, en particulier, reste persécutée.
Un jeune Rohingya. © Dr Habib Siddiqui
BIRMANIE: COUVRE-FEU DANS L'OUEST DU PAYS
Ils représentent environ 4% de la population birmane. Les Rohingyas sont une ethnie musulmane d'origine bangladaise, amenée depuis l'Inde par les colons britanniques afin de servir de main-d'oeuvre. Après l'indépendance, ils sont restés dans le pays, rejetés par le reste de la population - ils sont actuellement toujours apatrides, privés de la nationalité birmane et persécutés à tel point que l'ONU les considère comme "l'une des minorités les plus persécutées au monde".
> Dans l'Etat Rakhine (ou Arakan), où la majorité du million de Rohingyas vivent, les violences à leur encontre sont régulières. Fin mai, le viol et le meurtre d'une jeune Arakanaise a rallumé les tensions: la rumeur a très vite attribué le crime à trois Rohingyas. Le 2 juin, dix pèlerins musulmans ont été lynchés par la population bouddhiste. Vendredi, en représailles, des musulmans sortant de la prière sont allés à Maungdaw, près de la frontière bangladaise, où ils auraient détruit restaurants et écoles. La police locale a ouvert le feu: quatre morts.
> Samedi, nouvelle flambée de violence (de la part des musulmans, selon les autorités): le site officiel du président birman parle de "19 magasins, 386 maisons et un hôtel ont été brûlés. Quatre hommes et une femme ont été poignardés à mort". Devant la propagation des incidents, le gouvernement birman a décrété l'état d'urgence dans l'Etat Rakhine et donné les pleins pouvoirs à l'armée locale.
> A Eglises d'Asie, l'agence d'information des Missions étrangères de Paris, on souligne que "dans le processus d’ouverture et de réformes que connaît la Birmanie depuis un an, la question des Rohingyas semble complètement absente de l’ordre du jour des uns et des autres, que ce soit le gouvernement à Naypyidaw, l’opposition démocratique autour d’Aung San Suu Kyi ou la communauté internationale. Phil Robertson, directeur de Human Rights Watch Asia, souligne que, du 3 au 6 juin, la Birmanie accueille une réunion de la Commission pour les droits de l’homme de l’ASEAN. Lors des pourparlers préliminaires à cette rencontre, le sort des Rohingyas de Birmanie n’a pas été évoqué. Phil Robertson ne s’attend donc pas à ce qu’elle soit abordée ces jours-ci. « Jusqu’ici, l’ASEAN a ignoré ce problème. Peut-on cependant espérer que l’ASEAN se saisisse d’une question aussi fondamentale pour [la stabilité de] la région, et lui trouve une réponse ? »".