La Vie
SOCIAL
La pauvreté touche 10% des enfants en France
Marie-Pia Rieublanc - publié le 29/05/2012
Selon une étude menée par l'Unicef dans 35 pays développés et publiée mardi, 10,1% des enfants se trouvent actuellement en situation de privation en France. Un taux moindre qu'il y a 20 ans, mais qui reste l'un des plus élevés, situant le pays à la 18e place du classement.
© DR
Triste bilan pour la France. Elle est le seul pays d'Europe, avec l'Italie (13,3%), à avoir plus de 10% d'enfants en situation de privation, c'est à dire n'ayant pas accès à au moins deux des 14 éléments définis comme essentiels par l'Unicef (trois repas par jour, un logement décent...). C'est ce que révèle le dernier bilan "Innocenti" mené dans les 35 pays les plus riches de la planète et publié mardi par l'organisation onusienne pour l'enfance, dont la précédente étude, datée de la fin des années 1990, évaluait ce taux à 12% pour la France.
Une maigre progression selon Fabienne Quiriau, présidente de la commision pour l'enfance de l'Unicef, qui estime qu'aujourd'hui plus de 2 millions d'enfants français vivent sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire dans un foyer qui touche moins de 60% du revenu médian. "Le nombre d'enfants pauvres a trop peu baissé en vingt ans, estime-t-elle. Ce n'est pas normal qu'un pays qui consacre autant de moyens à la famille soit aussi inefficace dans la lutte contre la pauvreté des enfants".
Quotient familial, allocations familiales, aides à la rentrée scolaire, bourses : les politiques publiques en faveur de l'enfance ne manquent pourtant pas en France. En 2009, dans un rapport sur la politique de l'enfant, l'OCDE avait même sacré le pays "troisième pays le plus généreux envers les enfants" montrant qu'elle consacrait 32 200 euros par enfant âgé de moins de 6 ans, alors que la moyenne de l’OCDE s’établissait autour de 19 600 euros. Mais déjà, l'institution fustigeait le fait que malgré des dépenses élevées, les résultats français étaient à la traîne par rapport aux pays voisins, particulièrement dans l’éducation.
"L'école est le reflet le plus cruel de la pauvreté chez les enfants, souligne Fabienne Quiriau. C'est dans l'éducation en effet que l'on se rend compte que les différentes politiques publiques menées jusqu'ici pour lutter contre la pauvreté ont eu très peu d'impact sur les effets réels de la pauvreté, qui plonge des milliers d'enfants dans l'échec scolaire. Une vraie prise en charge de ces enfants devrait passer, comme dans les pays du Nord de l'Europe, par un meilleur suivi pédagogique avant tout". En atttendant, le nouveau gouvernement prévoit d'augmenter encore les dépenses, en réhaussant de 25% l'allocation de rentrée scolaire.
Les effets de la pauvreté des enfants s'observent aussi dans leurs conditions de logement (plus de 20 000 enfants seraient mal logés en France aujourd'hui selon l'Unicef) et dans leur accès à la santé, selon que les parents disposent ou non d'une mutuelle complémentaire. "Là encore, l'Etat passe à côté d'un moyen efficace pour lutter contre cette privation, en laissant les médecines scolaires et les visites médicales disparaître des écoles primaires, analyse Fabienne Quiriau."
L'Unicef a appelé les politiques français à l'occasion des élections présidentielle et législatives à prendre des dispositions pour faire baisser la pauvreté des enfants dans le pays. Pour l'organisation de l'ONU, il est indispensable de préserver le milieu associatif, considéré comme l'un des meilleurs outils. "Ce sont les associations caritatives qui pour l'instant luttent le mieux contre la pauvreté des enfants et font en sorte qu'aujourd'hui, aucun ne meure de faim, assure la présidente. Mais à l'échelle locale, là encore, nous observons que les collectivités territoriales leur octroient de moins en moins d'aide et nous sommes très inquiets".
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La pauvreté touche 10% des enfants en France
Marie-Pia Rieublanc - publié le 29/05/2012
Selon une étude menée par l'Unicef dans 35 pays développés et publiée mardi, 10,1% des enfants se trouvent actuellement en situation de privation en France. Un taux moindre qu'il y a 20 ans, mais qui reste l'un des plus élevés, situant le pays à la 18e place du classement.
© DR
Triste bilan pour la France. Elle est le seul pays d'Europe, avec l'Italie (13,3%), à avoir plus de 10% d'enfants en situation de privation, c'est à dire n'ayant pas accès à au moins deux des 14 éléments définis comme essentiels par l'Unicef (trois repas par jour, un logement décent...). C'est ce que révèle le dernier bilan "Innocenti" mené dans les 35 pays les plus riches de la planète et publié mardi par l'organisation onusienne pour l'enfance, dont la précédente étude, datée de la fin des années 1990, évaluait ce taux à 12% pour la France.
Une maigre progression selon Fabienne Quiriau, présidente de la commision pour l'enfance de l'Unicef, qui estime qu'aujourd'hui plus de 2 millions d'enfants français vivent sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire dans un foyer qui touche moins de 60% du revenu médian. "Le nombre d'enfants pauvres a trop peu baissé en vingt ans, estime-t-elle. Ce n'est pas normal qu'un pays qui consacre autant de moyens à la famille soit aussi inefficace dans la lutte contre la pauvreté des enfants".
Quotient familial, allocations familiales, aides à la rentrée scolaire, bourses : les politiques publiques en faveur de l'enfance ne manquent pourtant pas en France. En 2009, dans un rapport sur la politique de l'enfant, l'OCDE avait même sacré le pays "troisième pays le plus généreux envers les enfants" montrant qu'elle consacrait 32 200 euros par enfant âgé de moins de 6 ans, alors que la moyenne de l’OCDE s’établissait autour de 19 600 euros. Mais déjà, l'institution fustigeait le fait que malgré des dépenses élevées, les résultats français étaient à la traîne par rapport aux pays voisins, particulièrement dans l’éducation.
"L'école est le reflet le plus cruel de la pauvreté chez les enfants, souligne Fabienne Quiriau. C'est dans l'éducation en effet que l'on se rend compte que les différentes politiques publiques menées jusqu'ici pour lutter contre la pauvreté ont eu très peu d'impact sur les effets réels de la pauvreté, qui plonge des milliers d'enfants dans l'échec scolaire. Une vraie prise en charge de ces enfants devrait passer, comme dans les pays du Nord de l'Europe, par un meilleur suivi pédagogique avant tout". En atttendant, le nouveau gouvernement prévoit d'augmenter encore les dépenses, en réhaussant de 25% l'allocation de rentrée scolaire.
Les effets de la pauvreté des enfants s'observent aussi dans leurs conditions de logement (plus de 20 000 enfants seraient mal logés en France aujourd'hui selon l'Unicef) et dans leur accès à la santé, selon que les parents disposent ou non d'une mutuelle complémentaire. "Là encore, l'Etat passe à côté d'un moyen efficace pour lutter contre cette privation, en laissant les médecines scolaires et les visites médicales disparaître des écoles primaires, analyse Fabienne Quiriau."
L'Unicef a appelé les politiques français à l'occasion des élections présidentielle et législatives à prendre des dispositions pour faire baisser la pauvreté des enfants dans le pays. Pour l'organisation de l'ONU, il est indispensable de préserver le milieu associatif, considéré comme l'un des meilleurs outils. "Ce sont les associations caritatives qui pour l'instant luttent le mieux contre la pauvreté des enfants et font en sorte qu'aujourd'hui, aucun ne meure de faim, assure la présidente. Mais à l'échelle locale, là encore, nous observons que les collectivités territoriales leur octroient de moins en moins d'aide et nous sommes très inquiets".