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Les populations d’animaux sauvages ont décliné de 73 % en moyenne en 50 ans
Le déclin des populations d’animaux sauvages touche l’ensemble de la planète, mais notamment l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Afrique. Les espèces d’eau douce, les vertébrés terrestres et marins sont particulièrement concernés.
Par Le Nouvel Obs avec AFP
Publié le 10 octobre 2024 à 10h43, mis à jour le 10 octobre 2024 à 11h13
Un amazone à front bleu photographié en Amérique du Sud.
Les différentes populations d’animaux sauvages ont perdu en moyenne 73 % de leurs individus en cinquante ans, essentiellement à cause de l’humanité qui s’en trouve menacée, selon le rapport de référence du Fonds mondial pour la nature (WWF) publié ce jeudi 10 octobre, à quelques jours de la COP16 Biodiversité en Colombie
Cette conclusion du rapport « Planète vivante » ne signifie pas que plus des deux tiers du nombre d’animaux sauvages de la planète ont disparu, mais que la taille des diverses populations (groupe d’animaux d’une même espèce partageant un habitant commun) a diminué de 73 % en moyenne au cours des cinquante dernières années (1970-2020). La tendance était de 68 % dans la précédente édition en 2022.
Au total, environ 5 500 vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens), répartis en quelque 35 000 populations à travers le monde, sont désormais recensés par cet « Indice Planète vivante », établi et actualisé tous les deux ans par la Société zoologique de Londres (ZSL) depuis 1998.
« Points de bascule » dans certains écosystèmes
L’indice est devenu une référence internationale pour prendre le pouls des écosystèmes naturels et analyser les conséquences sur la santé humaine, l’alimentation ou le changement climatique, malgré les critiques répétées de scientifiques contre la méthode de calcul, accusée d’exagérer fortement l’ampleur du déclin.
« Nous restons confiants dans la solidité » de l’indice, leur a répondu lors d’un point presse Andrew Terry du ZSL, mettant en avant le recours complémentaire à une « série d’indicateurs sur les risques d’extinctions, la biodiversité et la santé des écosystèmes afin d’élargir la vue d’ensemble ».
« Il ne s’agit pas seulement de la faune sauvage, il s’agit des écosystèmes essentiels qui soutiennent la vie humaine », a averti Daudi Sumba, conservateur en chef du WWF, lors d’une présentation en ligne.
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La nouvelle édition du rapport répète la nécessité d’affronter conjointement les crises « interconnectées » du climat et de la destruction de la nature. Et insiste sur la menace grandissante de « points de bascule » dans certains écosystèmes.
« Les changements pourraient être irréversibles, avec des conséquences dévastatrices pour l’humanité », a mis en garde Daudi Sumba, citant l’exemple de l’Amazonie, à risque de basculer du rôle « de puits de carbone à émetteur de carbone, accélérant ainsi le réchauffement climatique ».
Autre exemple : la perte des coraux altérerait la régénération d’espèces de poissons victimes de surpêche et, en cascade, priverait l’humanité de ressources alimentaires précieuses.
« Nous avons vidé les océans de 40 % de leur biomasse »
Dans le détail, le plus fort déclin est observé dans les populations d’espèces d’eau douce (-85 %), suivies des vertébrés terrestres (-69 %) et marins (-56 %). « Nous avons vidé les océans de 40 % de leur biomasse », a rappelé Yann Laurans du WWF France.
Continent par continent, le déclin atteint 95 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, suivis par l’Afrique (-76 %), l’Asie et le Pacifique (-60 %). La réduction est « moins spectaculaire en Europe et en Asie centrale (-35 %) et en Amérique du Nord (-39 %) mais seulement parce que des impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant 1970 dans ces régions : certaines populations se sont stabilisées, voire développées grâce aux efforts de conservation et à la réintroduction d’espèces », explique le rapport
Le bison d’Europe, disparu à l’état sauvage en 1927, comptait ainsi 6 800 individus en 2020 grâce à « l’élevage à grande échelle » et à une réintroduction réussie, essentiellement dans des aires protégées.
« Le tableau dépeint est incroyablement préoccupant », a déclaré Kirsten Schuijt, directrice générale du WWF. « Mais la bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas encore au point de non-retour », a-t-elle ajouté, citant les efforts en cours dans le sillage de l’accord de Paris sur le climat ou de l’accord de Kunming-Montréal. Ce dernier a fixé aux Etats du monde entier une vingtaine d’objectifs de sauvegarde de la nature à atteindre d’ici 2030.
Stimuler la mise en œuvre, jusqu’ici timide, de cette feuille de route sera la tâche principale de la 16e conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie.
Par Le Nouvel Obs avec