thniquement homogènes, les chiites (arabes) se distinguent des sunnites, répartis principalement en sunnites arabes et sunnites kurdes. Quant aux chrétiens, estimés à 600 000 personnes en 2009 (2% de la population), ils sont éclatés en une myriade de confessions. Mais tous sont héritiers d’une implantation ancestrale en Mésopotamie, avant même l’ère chrétienne, et donc avant la naissance de l’islam au VIIe siècle.
Dès le Ier siècle, les chrétiens d’Iraq ont été évangélisés par saint Thomas. Dans les Actes des Apôtres, Luc fait foi dans son récit de Pentecôte : "Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie […], nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu." Un témoignage qui révèle que la lumière de l'apôtre Paul, tourné vers l'Occident, a souvent repoussé dans l'ombre l'annonce de l'Évangile en Orient, d’autant que de nombreuses traces ont été effacées au cours des siècles.
Éphèse et Chalcedoine, la rupture
Néanmoins, les chrétiens de l'actuel Iraq ne peuvent pas tous revendiquer cet héritage apostolique, en raison de multiples schismes herméneutiques. Les douze Eglises chrétiennes d'Iraq attestent de cette relation ambiguë avec l'Eglise de Rome. Le divorce remonte en 431, après le concile d’Éphèse où Nestorius et Cyrille d’Alexandrie se querellent quant à l’union dans le Christ des deux natures, divine et humaine. Nombreuses sont les églises d’Orient qui suivent Nestorius, fondant alors des Eglises dites nestoriennes, considérées comme hérétiques et donc détachées de Rome. L’actuelle Eglise assyrienne d’Orient s'inscrit dans cette veine nestorienne - ses membres sont des Assyriens chaldéens.
En 451, un nouveau concile écarte une autre branche jugée fanatique : le concile de Chalcédoine (devenu aujourd’hui un faubourg d’Istanbul) condamne les monophysites, qui ne reconnaissent qu’une nature au Christ. Les catholiques d’Orient qui refusent cette condamnation constituent, dans la Syrie d’alors, une Eglise chrétienne autonome, dénommée jacobite ou, aujourd’hui, syriaque-orthodoxe.
L'exode arménien
Au cours de ce siècle de bisbilles, d'autres divisions interviennent au sein de la chrétienté, préparant les futures tensions religieuses à l'œuvre dans les territoires correspondant à l’Iraq actuel. L’Eglise d’Alexandrie rejette toute tutelle et prend son indépendance par rapport à Byzance en fondant l’Eglise copte - une minorité en Iraq qui ne cesse de s'appauvrir depuis l’envahissement du Koweït par Saddam Hussein en 1990.
En 491, c’est au tour des Arméniens de s’opposer aux conclusions du concile de Chalcédoine. Ils créent une Eglise chrétienne séparée, appelée également arménienne-orthodoxe. Provoqué par le génocide arménien de 1915, l’exode de populations explique la présence en Iraq de deux petites communautés arméniennes (les orthodoxes et ceux restés sous l’autorité de Rome, dans l’Eglise arménienne catholique).