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Le ventre notre deuxième cerveau.

2 participants

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Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

n’est un secret pour personne : notre ventre abrite un second cerveau. Qui joue un rôle de premier plan dans notre santé physique… et mentale.


Et si l’anorexie n’était pas une maladie psychiatrique mais un trouble de… l’intestin ? Ou si l’on pouvait diagnostiquer une maladie de Parkinson en observant seulement les cellules du côlon ! Il y a quinze ans, ces hypothèses auraient semblé farfelues. Désormais, ce sont des pistes de recherche très sérieuses.
Entre-temps, Michael Gershon, professeur à l’Université de Columbia (New York), est passé par là. Ce chercheur a, le premier, mis en évidence la présence d’un « deuxième cerveau » dans notre tube digestif. « Contrairement au cœur ou aux muscles dont l’activité est contrôlée par le système nerveux central (SNC) au niveau de la tête, notre intestin dispose de son propre système nerveux, dit entérique (SNE), explique le Pr Gershon. Celui-ci est quasiment autonome : sans lui, l’intestin ne peut pas fonctionner. Ainsi, dans la maladie d’Hirschsprung, une anomalie de développement du SNE fait que l’extrémité du côlon n’est pas innervée, ce qui provoque des constipations et des occlusions graves. »

Concrètement, ce deuxième cerveau ne ressemble en rien à une tête miniature logée au creux du ventre… Il est réparti tout le long du tube digestif sous la forme de réseaux de centaines de millions de neurones qui tapissent l’intérieur de la membrane intestinale. « La structure de ces neurones est comparable à celle du cerveau. Ils sont d’ailleurs tous issus du même tube neural qui se développe au bout de quelques semaines chez le fœtus », explique Francisca Joly, gastro-entérologue à l’hôpital Beaujon (Clichy). Seule différence : les neurones du SNE ne sont pas protégés par une gaine de myéline, qui permet d’accélérer la vitesse de transmission de l’influx nerveux. Pourquoi ? « Résoudre une équation, raisonner, faire de la poésie…, le SNE ne s’occupe pas de tout cela, plaisante le Pr Gershon. Les messages qu’il envoie n’ont pas besoin d’être rapides car il ordonne des mouvements lents et, surtout, il est situé tout près de l’organe qu’il contrôle. » De fait, son activité principale consiste à régir la digestion : il contrôle les contractions musculaires qui assurent la progression du bol alimentaire ainsi que les sécrétions digestives.

La sérotonine : l’épée et le bouclier

Parallèlement, le SNE échange avec le cerveau via le nerf vague, qui assure la communication dans les deux sens, et également grâce à des neurotransmetteurs libérés dans le sang, parmi lesquels l’acétylcholine, la dopamine et la sérotonine, connue pour son rôle dans la régulation de l’humeur. « Il semble que 95 % de la sérotonine soit produite dans l’intestin », assure le Pr Gershon. « Une partie de cette sérotonine active le cerveau au niveau de l’hypothalamus, impliqué dans la gestion des émotions, pointe la neuroscientifique Isabelle Simonetto. Jusqu’à présent, on pensait que des émotions pouvaient avoir des répercussions digestives, mais c’est peut-être l’inverse : une inflammation dans le côlon entraîne la libération de sérotonine qui provoque, par une cascade de messages, une émotion négative. » En pratique, dans l’intestin, la sérotonine sert surtout de signal de défense. « C’est à la fois une épée et un bouclier, explique le Pr Gershon. En cas d’infection, certaines cellules de l’intestin produisent ce neurotransmetteur qui mobilise le système immunitaire et initie l’inflammation. Dans le même temps, il protège les neurones de cette inflammation. »


Un diagnostic précoce de la maladie de Parkinson

Autant de découvertes qui révolutionnent notre façon d’appréhender le corps. Les perspectives de recherche sont énormes. L’intestin pourrait être une fenêtre d’entrée, plus accessible que l’encéphale, pour certaines pathologies. En 2010, l’unité Inserm 913 à Nantes a étudié les neurones intestinaux de patients atteints de la maladie de Parkinson. « Sur 29 personnes, 21 présentaient les mêmes anomalies au niveau du SNE que celles repérées sur les neurones cérébraux : un amas de protéines appelées corps de Lewy, pointe le directeur Michel Neunlist. L’importance des lésions était même corrélée à la sévérité de la maladie. » En clair, il serait possible d’établir un diagnostic de Parkinson en observant simplement une biopsie de l’intestin. « Sachant que les symptômes digestifs de ces malades surviennent parfois vingt ans avant les premiers symptômes moteurs, cela pourrait nous permettre de traiter la maladie précocement. »

samuel

samuel
Administrateur

Il y a  pas mal de revues qui en parlent.

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