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Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier

3 participants

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Josué

Josué
Administrateur

[size=44]Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier[/size]
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web-jean-vanier-catholic-philosopher-theology-c2a9-justin-tallis-afp
Jean Vanier :copyright: JUSTIN TALLIS / AFP
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Agnès Pinard Legry | 23 février 2020

Les conclusions d’une enquête menée pendant plusieurs mois par un organisme indépendant à la demande des responsables de L’Arche viennent de révéler que Jean Vanier, fondateur de l’association et décédé le 7 mai 2019, est accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes. « Nous sommes bouleversés par ces découvertes et nous condamnons sans réserve ces agissements », ont assuré les responsables de L’Arche.

Tristesse, sidération, colère… C’est une onde de choc sans précédent qui s’est abattue ce samedi 22 février sur L’Arche, association internationale qui accueille dans près d’une quarantaine de pays des personnes ayant une déficience mentale. Jean Vanier, son fondateur, est accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes, révèlent les conclusions d’une enquête. Voulue par les responsables de L’Arche internationale et confiée à un organisme indépendant, elle portait notamment sur des témoignages mettant en cause son fondateur, Jean Vanier, et son lien historique au père Thomas Philippe qu’il désignait comme son père spirituel.

Période 1970-2005

Jean Vanier est accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes sur la base de témoignages « sincères et concordants portant sur la période 1970-2005 » de six femmes adultes, non handicapées. Avec ces victimes, Jean Vanier « a entrepris des relations sexuelles, généralement dans le cadre d’un accompagnement spirituel, et dont certaines ont gardé de profondes blessures », explique l’Arche internationale dans un communiqué. Ces femmes, sans lien entre elles, rapportent des faits similaires, « associés à un discours supposément spirituel ou mystique destiné à les justifier ». Ces agissements indiquent une emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe. Au terme de cette enquête, rien n’indique que des personnes handicapées auraient été victimes d’actes inappropriés de la part de Jean Vanier.
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Vanier-screencapture-e1498286819517 
Lire aussi :
Douleur et consternation après les révélations sur Jean Vanier

« Nous sommes bouleversés par ces découvertes et nous condamnons sans réserve ces agissements en totale contradiction avec les valeurs que Jean Vanier revendiquait par ailleurs », ont déclaré Posner et Stacy Cates Carney, responsables de L’Arche internationale dans une lettre adressée à leurs membres en date du 22 février. Reconnaissant le courage et la souffrance de ces femmes, ils ont tenu à demander à toutes, « pour ces faits qui se sont déroulés dans le contexte de L’Arche et dont certains ont été initiés par notre fondateur », pardon.


« Si le bien considérable qu’il fit tout au long de son existence n’est pas mis en question, nous allons cependant devoir faire le deuil d’une certaine vision que nous pouvions avoir de lui. »
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Souvent présenté comme un modèle de charité, une figure incontournable de l’accueil et l’attention aux plus fragiles, Jean Vanier était pour de nombreuses personnes un modèle à suivre. « Pour beaucoup d’entre nous, Jean (Vanier) a compté parmi les personnes que nous avons aimées et respectées le plus », ont ainsi expliqué les responsables de L’Arche. « Nous mesurons le trouble et la douleur que ces informations vont provoquer chez beaucoup d’entre nous, à l’intérieur de L’Arche, mais aussi à l’extérieur… tant il aura inspiré et réconforté de nombreuses personnes partout dans le monde. Si le bien considérable qu’il fit tout au long de son existence n’est pas mis en question, nous allons cependant devoir faire le deuil d’une certaine vision que nous pouvions avoir de lui ainsi que de nos origines ».
Rendant hommage aux victimes, les évêques du Québec ont également tenu à conforter L’Arche dans sa mission : « Nul doute que l’image que nous nous faisons de Jean Vanier est ternie à jamais », écrivent-ils. « Toutefois, les œuvres qu’il a mises sur pied gardent toute leur pertinence et leur prophétisme. Le soutien et l’estime que nous leur accordons doivent se poursuivre. »
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web3-jean-vanier-kotukaran-cc-by-sa-3-0 
Lire aussi :
Le côté sombre de Jean Vanier

Comptant aujourd’hui quelque 10.000 membres répartis dans 154 communautés à travers le monde, L’Arche a su inspirer et réconforter des milliers de personnes. En choisissant de rendre publique cette information, les responsables de L’Arche comptent initier un chemin de transparence. Dans cette démarche, l’association a été accompagnée par les représentants de l’Église de France et la CIASE, la commission présidée par Jean-Marc Sauvé en charge de faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Église. Les évêques de France ont ainsi tenu à exprimer « leur estime pour les responsables de L’Arche qui ont pris au sérieux les témoignages reçus et qui ont su adopter les moyens nécessaires pour qu’une enquête indépendante et approfondie soit menée ».
Dans les prochains mois, L’Arche Internationale va désormais mener une évaluation approfondie et indépendante de ses mesures actuelles de prévention des abus et de protection des personnes. En complément de celles déjà existantes au niveau local, une procédure centralisée de signalement à laquelle tous ses membres peuvent avoir accès dans un cadre sûr et confidentiel a été mise en place.
« On ne peut pas imaginer poursuivre notre cheminement en gardant de tels faits secrets », a ainsi confié Stephan Posner lors d’un entretien accordé à la chaîne KTO. « Si L’Arche veut poursuivre sa route, elle doit assumer cette partie-là de son passé. Ce que nous allons perdre en certitude, nous espérons le gagner et maturité et en lucidité et, je crois, cela nous permettra de poursuivre L’Arche avec plus de liberté ». Les résultats de l’étude ont été personnellement présentés au pape François et à l’archevêque de Canterbury et primat de l’Église anglicane, Justin Welby.
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chico.

chico.

[size=44]Révélations sur Jean Vanier : « Jamais nous n’avons porté une telle croix »[/size]
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Vanier-screencapture-e1498286819517

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Agnès Pinard Legry | 24 février 2020

Alors que les conclusions d’une enquête interne viennent de révéler que Jean Vanier, fondateur de L’Arche, est accusé d’avoir commis des abus sexuels sur plusieurs femmes, les réactions oscillent entre l’accablement, la tristesse et la colère. « Jamais nous n’avons porté une telle croix au cœur de nos communautés », explique à Aleteia le père Christian Mahéas, aumônier de L’Arche France. « Mais je sais qu’après la croix, il y a la Résurrection ».

Cela fait presque un an qu’il porte cette question dans son cœur. Aumônier de L’Arche France, le père Christian Mahéas était dans l’équipe ayant diligenté l’enquête sur Jean Vanier. Deux jours à peine après la publication du contenu de cette enquête révélant que le fondateur de L’Arche est accusé d’avoir commis des abus sexuels sur six femmes sur la période allant de 1970 à 2005, il revient pour Aleteia sur ces révélations, l’accompagnement des bénévoles de l’association et des personnes handicapées accueillies mais aussi la nécessaire distinction entre l’œuvre qu’est L’Arche et les agissements de son fondateur.

Josué

Josué
Administrateur

[size=44]Jean Vanier ou les ravages de la fausse mystique dans l’accompagnement spirituel[/size]
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web3-jean-vanier-kotukaran-cc-by-sa-3-0
Vanier Kotukaran | CC BY SA 3.0

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Damien Le Guay | 03 mars 2020

Parmi les abus sexuels commis dans l’Église et dernièrement mis à jour, figurent d’abord des perversions spirituelles.

Dans les révélations faites par l’Arche sur les agissements de Jean Vanier, un aspect mérite toute notre attention : la « fausse mystique » qui était la sienne, selon le terme employé par Stephan Posner, responsable de l’Arche. Celle-ci justifiait à ses yeux ses agissements déviants. Cette fausse mystique était aussi celle de son mentor religieux, Thomas Philippe, et du frère de ce dernier, Marie-Dominique Philippe, qui ont, chacun de leur côté et ensemble, perverti l’habit de prêtre qu’ils portaient et abusé du rôle de « père spirituel » qui était le leur pour imposer des relations sexuelles sous emprise et sous contrainte. 

Le lien entre abus spirituel et abus sexuel

Si nous nous limitons à l’indignation (et elle est nécessaire devant une telle accumulation de scandales internes), si nous nous contentons d’explications psychologiques ou psychiatriques (et elles sont une partie du problème), nous passerons à côté de l’essentiel : le lien direct entre l’abus spirituel et l’abus sexuel. Les prédateurs sexuels œuvrent dans les structures d’Église sur des âmes innocentes assoiffées de Dieu. Ils n’agissent pas en-dehors, dans les marges des sexualités impossibles, mais, au contraire, au cœur de leurs missions religieuses.
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web3-jean-vanier-kotukaran-cc-by-sa-3-0 
Lire aussi :
Le côté sombre de Jean Vanier

Plutôt que d’aller au bois de Boulogne, ils confessent, dirigent les consciences pour mieux les contorsionner jusqu’à leurs perversités. Ils profitent de leurs ascendants religieux, de leurs positions de surplomb de fondateur et/ou de prêtre et de « père spirituel » pour non seulement pratiquer leurs viols de conscience, d’innocence, de fraîcheur d’âme et de corps et d’esprit, mais aussi pour les justifier au nom de la religion. Sophie Ducrey (auteur d’un récit personnel, Étouffée, éd. Tallandier), dit bien que l’abuseur (pour elle, de la communauté Saint Jean) devait tout justifier (à savoir des demandes sexuelles) en termes mystiques et religieux. Et même, ajoute-t-elle, le même pouvait, juste après avoir demandé une masturbation, célébrer la messe pour mieux « effacer » son péché. 

User de Dieu pour s’exonérer

Il nous faut considérer d’une part ce système de poupée russe de la perversité et d’autre part les « justifications » mises en avant par les prédateurs. Non seulement cette corruption d’âme est partie prenante de la corruption des corps, mais, de plus, il leur faut s’exonérer, à leurs propres yeux, de toute « faute » — pour ne pas dire « péché ». Double perversion du discours religieux : il justifie l’injustifiable et l’innocente même. On comprend mieux alors pourquoi la perversion sexuelle vient tout au long du processus pervertir le discours religieux. Il faut l’emprise spirituelle sur une âme innocente pour la corrompre ; il faut la puissance du secret religieux et l’initiation aux mystères de Dieu pour conduire à cette sidération muette des victimes ; il faut le pouvoir de la grâce de Dieu pour tout effacer. Cet usage de Dieu à des fins d’humanité diabolique tient le pervers dans l’illusion d’une justification divine, d’une « relation spéciale » qui est au-delà des règles morales. 

Une perversion d’abord spirituelle

Ainsi, pour Thomas Philippe, il était indiqué, par la lettre de L’Arche de mars 2015, que celui-ci avait eu des « agissements sexuels […] par lesquels il disait rechercher et communiquer une expérience mystique ». Et déjà, en 1956, quand il fut condamné à la déposition par le Vatican, il était déjà question de ces déviances sexuelles et de justifications spirituelles indéfendables. Une victime du dominicain Thomas Philippe raconte en 1952 dans un Rapport de synthèse (RdeS), qu’il « a commencé des théories, pour essayer de me convaincre […] : la femme perdue d’Osée… la transcendance de la mission prophétique (de sa mission) par rapport aux normes de la morale ». Et lui d’ajouter : « Les organes sexuels [sont] le symbole du plus grand amour beaucoup plus que le Sacré-Cœur ». La jeune innocente, dans un cri du cœur, rétorquait qu’il y avait là un blasphème. Et le dominicain de riposter, avec l’autorité du théologien : « Quand on arrive à l’amour parfait, tout est licite, car il n’y plus de péché ».
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Vanier-screencapture-e1498286819517 
Lire aussi :
Révélations sur Jean Vanier : « Jamais nous n’avons porté une telle croix »

La perversion est d’abord spirituelle. La victime doit consentir. Le viol devient « relation spéciale ». La morale s’efface au profit de la « mission ». Ce gloubi-boulga mystico-délirant mérite tout à la fois les rigueurs de la loi pour viol, et un procès inquisitorial (comme au temps de l’inquisiteur Bernard Gui) pour usage frauduleux à son seul profit sexuel du discours religieux, pour théologie déviante et corruption des âmes. Le procès canonique, terminé en 1956 (cf. RdeS, p. 9), condamnait Thomas Philippe, lui interdisait de célébrer et d’avoir une quelconque direction spirituelle. Mais il est resté caché. Or, l’étrange (pour ne pas dire coupable) goût du secret des procès canoniques a permis à la plupart des gens de tout ignorer de ce procès et de ses raisons. Ainsi, dans un certain flou, Jean Vanier a été complice d’une direction en sous-main de l’Eau-Vive par Thomas Philippe — ce qui était interdit par Rome qui avait prévenu Jean Vanier de cette interdiction. Ainsi, pendant trente ans, le dominicain a pu reprendre ses pratiques perverses jusqu’à la fin de sa vie, en toute impunité. 

Le même système de justification

Jean Vanier, qui avait été choisi par Thomas Philippe (devenu son père spirituel et le référent religieux de la communauté de L’Arche), a repris le même système de justification. Ainsi, L’Arche porte à la connaissance de tous les témoignages des femmes abusées par lui. Elles rendent compte de cette « justification » quand « l’accompagnement spirituel s’est transformé en toucher sexuel » et que ce dernier, disait Jean Vanier, « faisait partie de l’accompagnement ». Une autre ajoute cette phrase de Jean Vanier : « Ce n’est pas nous, c’est Marie et Jésus. Tu es choisie, tu es spéciale. C’est un secret ». Une autre de redire les mots que Jean Vanier lui disait : « c’est Jésus qui t’aime à travers moi » (RdeS, p. 6). Nous retrouvons là le même système d’auto-justification religieux.  

Des chantiers à reprendre

Il y là des chantiers à reprendre, des discours à déconstruire, des « justifications » considérées comme des folies psychiatriques et des crimes théologiques — avec cet entêtant parfum d’hérésie, de gnose et d’hypocrite casuistique. Ainsi, sur ce tout dernier point, toutes les femmes disent qu’il n’y avait pas de pénétration — et donc de « relations sexuelles » (en réalité, il y avait souvent fellation, donc pénétration sexuelle). Pour tourner la page, encore faut-il oser aborder la question de l’emprise spirituelle dans l’Église, à travers ses outils et ses discours. En-dehors des cas de perversion, les outils sont toujours à manier avec prudence, et les discours avec le plus grand respect des personnes et la plus grande considération pour l’intégrité des corps.


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1. Indiqué dans Rapport de Synthèse, l’Arche internationale, 22 février 2020, p. 8 (désormais « RdeS »).
2. J’ai tenté de prendre au sérieux ce « parfum de gnose » dans les « justifications » des prédateurs religieux dans un récent article repris par la Documentation catholique :  Damien Le Guay, « Les affaires sexuelles dans l’Église, une mauvaise affaire de gnose », in revue Prêtres diocésains, déc. 2019.[/size]

Josué

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[size=44]Jean Vanier ou les ravages de la fausse mystique dans l’accompagnement spirituel[/size]
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web3-jean-vanier-kotukaran-cc-by-sa-3-0
Vanier Kotukaran | CC BY SA 3.0

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Damien Le Guay | 03 mars 2020

Parmi les abus sexuels commis dans l’Église et dernièrement mis à jour, figurent d’abord des perversions spirituelles.

Dans les révélations faites par l’Arche sur les agissements de Jean Vanier, un aspect mérite toute notre attention : la « fausse mystique » qui était la sienne, selon le terme employé par Stephan Posner, responsable de l’Arche. Celle-ci justifiait à ses yeux ses agissements déviants. Cette fausse mystique était aussi celle de son mentor religieux, Thomas Philippe, et du frère de ce dernier, Marie-Dominique Philippe, qui ont, chacun de leur côté et ensemble, perverti l’habit de prêtre qu’ils portaient et abusé du rôle de « père spirituel » qui était le leur pour imposer des relations sexuelles sous emprise et sous contrainte. 

Le lien entre abus spirituel et abus sexuel

Si nous nous limitons à l’indignation (et elle est nécessaire devant une telle accumulation de scandales internes), si nous nous contentons d’explications psychologiques ou psychiatriques (et elles sont une partie du problème), nous passerons à côté de l’essentiel : le lien direct entre l’abus spirituel et l’abus sexuel. Les prédateurs sexuels œuvrent dans les structures d’Église sur des âmes innocentes assoiffées de Dieu. Ils n’agissent pas en-dehors, dans les marges des sexualités impossibles, mais, au contraire, au cœur de leurs missions religieuses.
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Web3-jean-vanier-kotukaran-cc-by-sa-3-0 
Lire aussi :
Le côté sombre de Jean Vanier

Plutôt que d’aller au bois de Boulogne, ils confessent, dirigent les consciences pour mieux les contorsionner jusqu’à leurs perversités. Ils profitent de leurs ascendants religieux, de leurs positions de surplomb de fondateur et/ou de prêtre et de « père spirituel » pour non seulement pratiquer leurs viols de conscience, d’innocence, de fraîcheur d’âme et de corps et d’esprit, mais aussi pour les justifier au nom de la religion. Sophie Ducrey (auteur d’un récit personnel, Étouffée, éd. Tallandier), dit bien que l’abuseur (pour elle, de la communauté Saint Jean) devait tout justifier (à savoir des demandes sexuelles) en termes mystiques et religieux. Et même, ajoute-t-elle, le même pouvait, juste après avoir demandé une masturbation, célébrer la messe pour mieux « effacer » son péché. 

User de Dieu pour s’exonérer

Il nous faut considérer d’une part ce système de poupée russe de la perversité et d’autre part les « justifications » mises en avant par les prédateurs. Non seulement cette corruption d’âme est partie prenante de la corruption des corps, mais, de plus, il leur faut s’exonérer, à leurs propres yeux, de toute « faute » — pour ne pas dire « péché ». Double perversion du discours religieux : il justifie l’injustifiable et l’innocente même. On comprend mieux alors pourquoi la perversion sexuelle vient tout au long du processus pervertir le discours religieux. Il faut l’emprise spirituelle sur une âme innocente pour la corrompre ; il faut la puissance du secret religieux et l’initiation aux mystères de Dieu pour conduire à cette sidération muette des victimes ; il faut le pouvoir de la grâce de Dieu pour tout effacer. Cet usage de Dieu à des fins d’humanité diabolique tient le pervers dans l’illusion d’une justification divine, d’une « relation spéciale » qui est au-delà des règles morales. 

Une perversion d’abord spirituelle

Ainsi, pour Thomas Philippe, il était indiqué, par la lettre de L’Arche de mars 2015, que celui-ci avait eu des « agissements sexuels […] par lesquels il disait rechercher et communiquer une expérience mystique ». Et déjà, en 1956, quand il fut condamné à la déposition par le Vatican, il était déjà question de ces déviances sexuelles et de justifications spirituelles indéfendables. Une victime du dominicain Thomas Philippe raconte en 1952 dans un Rapport de synthèse (RdeS), qu’il « a commencé des théories, pour essayer de me convaincre […] : la femme perdue d’Osée… la transcendance de la mission prophétique (de sa mission) par rapport aux normes de la morale ». Et lui d’ajouter : « Les organes sexuels [sont] le symbole du plus grand amour beaucoup plus que le Sacré-Cœur ». La jeune innocente, dans un cri du cœur, rétorquait qu’il y avait là un blasphème. Et le dominicain de riposter, avec l’autorité du théologien : « Quand on arrive à l’amour parfait, tout est licite, car il n’y plus de péché ».
Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Vanier-screencapture-e1498286819517 
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La perversion est d’abord spirituelle. La victime doit consentir. Le viol devient « relation spéciale ». La morale s’efface au profit de la « mission ». Ce gloubi-boulga mystico-délirant mérite tout à la fois les rigueurs de la loi pour viol, et un procès inquisitorial (comme au temps de l’inquisiteur Bernard Gui) pour usage frauduleux à son seul profit sexuel du discours religieux, pour théologie déviante et corruption des âmes. Le procès canonique, terminé en 1956 (cf. RdeS, p. 9), condamnait Thomas Philippe, lui interdisait de célébrer et d’avoir une quelconque direction spirituelle. Mais il est resté caché. Or, l’étrange (pour ne pas dire coupable) goût du secret des procès canoniques a permis à la plupart des gens de tout ignorer de ce procès et de ses raisons. Ainsi, dans un certain flou, Jean Vanier a été complice d’une direction en sous-main de l’Eau-Vive par Thomas Philippe — ce qui était interdit par Rome qui avait prévenu Jean Vanier de cette interdiction. Ainsi, pendant trente ans, le dominicain a pu reprendre ses pratiques perverses jusqu’à la fin de sa vie, en toute impunité. 

Le même système de justification

Jean Vanier, qui avait été choisi par Thomas Philippe (devenu son père spirituel et le référent religieux de la communauté de L’Arche), a repris le même système de justification. Ainsi, L’Arche porte à la connaissance de tous les témoignages des femmes abusées par lui. Elles rendent compte de cette « justification » quand « l’accompagnement spirituel s’est transformé en toucher sexuel » et que ce dernier, disait Jean Vanier, « faisait partie de l’accompagnement ». Une autre ajoute cette phrase de Jean Vanier : « Ce n’est pas nous, c’est Marie et Jésus. Tu es choisie, tu es spéciale. C’est un secret ». Une autre de redire les mots que Jean Vanier lui disait : « c’est Jésus qui t’aime à travers moi » (RdeS, p. 6). Nous retrouvons là le même système d’auto-justification religieux.  

Des chantiers à reprendre

Il y là des chantiers à reprendre, des discours à déconstruire, des « justifications » considérées comme des folies psychiatriques et des crimes théologiques — avec cet entêtant parfum d’hérésie, de gnose et d’hypocrite casuistique. Ainsi, sur ce tout dernier point, toutes les femmes disent qu’il n’y avait pas de pénétration — et donc de « relations sexuelles » (en réalité, il y avait souvent fellation, donc pénétration sexuelle). Pour tourner la page, encore faut-il oser aborder la question de l’emprise spirituelle dans l’Église, à travers ses outils et ses discours. En-dehors des cas de perversion, les outils sont toujours à manier avec prudence, et les discours avec le plus grand respect des personnes et la plus grande considération pour l’intégrité des corps.


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1. Indiqué dans Rapport de Synthèse, l’Arche internationale, 22 février 2020, p. 8 (désormais « RdeS »).
2. J’ai tenté de prendre au sérieux ce « parfum de gnose » dans les « justifications » des prédateurs religieux dans un récent article repris par la Documentation catholique :  Damien Le Guay, « Les affaires sexuelles dans l’Église, une mauvaise affaire de gnose », in revue Prêtres diocésains, déc. 2019.[/size]

Lechercheur




[size=36]Les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre demandent pardon pour les abus commis


Après un travail engagé dans la discrétion ces dernières années, les bénédictines du Sacré-cœur de Montmartre reconnaissent publiquement un « système d’emprise aux conséquences graves » qui a rongé leur institut et causé le départ de plusieurs sœurs. Elles demandent officiellement pardon.

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Onde de choc après les révélations sur Jean Vanier Benedictines_montmartre
Les difficultés au sein de l'Institut ont « pris une tournure très complexe entre les années 1998 et 2012 », précise sœur Marie-Jérémie.
 - Jean-Marie HEIDINGER/CIRIC
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Publié le 2/05/2023 à 14:07







Église

C’est le fruit d’un long travail de prise de conscience. Brisant définitivement l’omerta dans un communiqué diffusé à la presse le 27 avril, les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre reviennent publiquement sur les affaires qui ont secoué leur Institut ces dernières décennies. « Après de nombreuses années de liens rompus avec l’Institut des Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre (BSCM), plusieurs sœurs sorties ont repris contact avec la prieure générale actuelle [sœur Marie-Elie, ndlr] », introduisent cette dernière et son Conseil.
C’est ainsi qu’une rencontre a pu être organisée les 11 et 12 février derniers pour entamer dans un « dialogue retrouvé » une « relecture du passé ». « Ce moment très important nous a permis de mettre des mots communs sur notre histoire et de reconnaître la souffrance des victimes, résume à Famille Chrétienne Sœur Marie-Jérémie Rorthais, conseillère générale. C’est un facteur essentiel de réconciliation et de chemin nouveau. »
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Abus de pouvoir, violences morales et physiques…

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Lors de cette étape, des « témoignages oraux et écrits » ont mis en lumière « tout un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies par l’autorité de l’époque », indique le texte officiel des bénédictines rédigé en commun avec plusieurs soeurs ayant quitté l'Institut. Même si elles avaient déjà communiqué succintement sur l’existence d’abus en leur sein après de la nomination de leur prieure générale en octobre 2021, cette nouvelle déclaration va plus loin.
Concrètement, les religieuses énumèrent des « abus spirituels et de conscience, abus de pouvoir et d’autorité, séparation des sœurs d’avec leur famille et leur référent spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de discernement vocationnel… ». Et d’ajouter : « Toutes celles qui s’associent à cette déclaration sont broyées par l’ampleur des souffrances qu’elles ont subies durant tant d’années. […] Ces mises en lumière publiques, attendues depuis trop longtemps, suscitent indignation, colère, et douleur. »
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Demande de pardon inédite

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Cette déclaration intervient en effet plus de 20 ans après la première visite apostolique de 2004 suivie de nouvelles visites en 2012, soulignent les religieuses. « Les dysfonctionnements ont commencé il y a bien longtemps mais ont pris une tournure très complexe entre les années 1998 et 2012 », précise à FC sœur Marie-Jérémie. « Les responsables actuelles de l’Institut déplorent avec force cette perversion de la vie religieuse durant ces années d’emprise, ainsi que toutes les violences subies et endurées par toutes, qui ont engendré de graves traumatismes, dont les effets perdurent encore chez certaines aujourd'hui », reconnaît encore l’Institut. Ces dérives ont causé « de nombreux départs de sœurs », poursuit-il, sans qu’une estimation plus précise ne puisse pour l’instant être donnée par la Conseillère générale.
De façon inédite, les responsables de la congrégation « demandent pardon [pour la première fois publiquement]  à toutes celles qui ont été victimes de ces abus, à leurs familles et proches parfois profondément blessés et désemparés ; et en particulier à Roseline de Romanet (Mère Marie Vianney), empêchée, malgré elle, d’exercer sa charge de prieure générale de 1998 à 2004, humiliée, gravement et durablement calomniée (ainsi que sa famille) auprès des sœurs et de l’Eglise. » L’empêchement d’exercer sa mission était causé par « l’emprise du précédent gouvernement qui pesait sur elle, précise sœur Marie-Jérémie. Les conséquences ont été lourdes pour elle et sa famille, elle a quitté la congrégation ».
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 « Points d’attention et de vigilance »

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Des changements en profondeur ont été initiés ces dernières années, malgré la discrétion médiatique des sœurs. Lancés dès la visite apostolique de 2012, ils se sont intensifiés lors du chapitre général de 2020. Les sœurs ont notamment pu relire ensemble leur histoire en 2021, avec l’aide de « quatre personnes extérieurss spécialisées », détaille Sœur Marie-Jérémie. Ces étapes ont fait « émerger plusieurs points d’attention et de vigilance », résume le communiqué. Ils concernent notamment « la mise en place d’un juste exercice de l’autorité », la formation continue des sœurs « dans le domaine des sciences humaines et du droit canonique » mais aussi « la mise en place d’un accompagnement humain et spirituel dispensé par des personnes qualifiées ». « Il nous tient à cœur que chaque sœur ait un accompagnement non seulement spirituel mais aussi psychologique, insiste Sœur Marie-Jérémie. Nous sommes toutes victimes, de manière plus ou moins directe, de ces difficultés qui ont marqué notre histoire ».
Le travail n’est pas fini. Les signataires du communiqué réclament la mise en place d’une commission indépendante et pluridisciplinaire, pour « mieux identifier, comprendre et analyser l’ensemble des dérives qui ont eu lieu ainsi que d’envisager les contours d’une juste réparation. »
Mais au milieu de l’épreuve, « Dieu continue d’appeler dans son Eglise », murmure sœur Marie-Jérémie invitant à l’espérance. L’une de ses sœurs a prononcé ses vœux perpétuels le 15 avril dernier, et l’Institut compte également une postulante et trois jeunes professes en plus de la centaine de religieuses encore présentes aujourd’hui.
Retrouvez la déclaration intégrale des soeurs ici. 
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Abus sexuels dans l’Eglise : plus de 1000 victimes réclament une indemnisation, en majorité des hommes
 
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Camille Lecuit




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