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[size=38]En Inde, des nationalistes contre une statue du Christ[/size]
Analyse
Manifestations d’activistes hindous contre la statue du Christ, le 13 janvier à Ramanagar.[size=12]STR/[/size]
Dans l’Inde du premier ministre nationaliste Narendra Modi, les minorités religieuses sont tolérés, à condition de rester discrète. C’est le message envoyé par les manifestants du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), un mouvement hindou radical affilié au pouvoir, lors d’un rassemblement dans l’État du Karnataka, lundi 13 janvier.
Objet de leur courroux : la construction d’un Christ de granit blanc de près de 35 mètres de haut au sommet d’une colline de la petite ville d’Harobele, à une centaine de kilomètres de Bangalore.
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En Inde, « le pouvoir est en passe d’établir de facto un État hindou »
La première pierre a été déposée le 25 novembre 2019, en présence du député du parti du Congrès D.K. Shivakumar. Cet opposant au pouvoir du BJP (parti du peuple indien) avait cédé gracieusement le terrain aux catholiques de la région, après l’avoir auparavant acheté à l’État avec ses propres deniers.
Accusé de clientélisme par ses rivaux politiques, l’intéressé dit avoir répondu aux sollicitations des fidèles chrétiens qui ont pris l’habitude, chaque Vendredi Saint, de se recueillir au pied de la colline destinée à accueillir le monument.
Le chantier, pour l’heure à l’arrêt, a très vite déclenché les foudres des nationalistes hindous. Des centaines de militants du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) ont défilé lundi 13 janvier dans les rues d’Harobele, en criant : « Nous ne voulons pas de statue du Christ ».
Certains ont déclaré que la montagne en question était la demeure d’une divinité hindoue dont la présence n’avait pourtant jamais été attestée auparavant. Un responsable de l’organisation a surtout dénoncé un projet « qui va à l’encontre de l’esprit d’harmonie et encourage les conversions religieuses qui sont réalisées dans l’ombre par des missionnaires chrétiens. »
Les idéologues du RSS défendent l’idée que la majorité hindoue serait menacée par les missionnaires et leur travail d’évangélisation, malgré la très faible proportion des chrétiens parmi la population (environ 2 %). Selon le RSS, l’identité indienne se résume à la culture hindoue et les minorités doivent reconnaître la suprématie de l’hindouisme dans la sphère publique. Sous son influence, le BJP a aussi voté une série de lois spécifiquement tournées vers la défense de l’hindouisme, comme celles criminalisant la consommation de viande de bœuf.
Lancé en 1925, le RSS tisse patiemment sa toile dans des dizaines de milliers de villes et de villages depuis près d’un siècle. Il comprend aujourd’hui un parti politique, l’actuel BJP au pouvoir, un syndicat ouvrier, un parti étudiant, une police culturelle à travers des groupes vigilantistes locaux… Les militants du RSS sont accusés d’être les auteurs de violences contre les lieux de culte et les fidèles musulmans ou chrétiens, qui font rarement l’objet de poursuites.
Dans leur dernier rapport sur la liberté religieuse dans le monde, les États-Unis, pourtant alliés de l’Inde, s’inquiétaient « d’une campagne de violences, d’intimidation et de harcèlement à l’égard des non-hindous et des hindous de castes inférieures. » Des conclusions rejetées par le gouvernement de Narendra Modi.
Analyse
L’organisation hindoue radicale du RSS organise la résistance contre la construction d’une statue géante du Christ dans une petite ville du sud de l’Inde. Le mouvement affilié au pouvoir se démène depuis un siècle pour affirmer la suprématie de l’hindouisme dans ce pays aux identités multiples
- Olivier Tallès,
- le 15/01/2020 à 06:21
Manifestations d’activistes hindous contre la statue du Christ, le 13 janvier à Ramanagar.[size=12]STR/[/size]
Dans l’Inde du premier ministre nationaliste Narendra Modi, les minorités religieuses sont tolérés, à condition de rester discrète. C’est le message envoyé par les manifestants du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), un mouvement hindou radical affilié au pouvoir, lors d’un rassemblement dans l’État du Karnataka, lundi 13 janvier.
Objet de leur courroux : la construction d’un Christ de granit blanc de près de 35 mètres de haut au sommet d’une colline de la petite ville d’Harobele, à une centaine de kilomètres de Bangalore.
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En Inde, « le pouvoir est en passe d’établir de facto un État hindou »
La première pierre a été déposée le 25 novembre 2019, en présence du député du parti du Congrès D.K. Shivakumar. Cet opposant au pouvoir du BJP (parti du peuple indien) avait cédé gracieusement le terrain aux catholiques de la région, après l’avoir auparavant acheté à l’État avec ses propres deniers.
Accusé de clientélisme par ses rivaux politiques, l’intéressé dit avoir répondu aux sollicitations des fidèles chrétiens qui ont pris l’habitude, chaque Vendredi Saint, de se recueillir au pied de la colline destinée à accueillir le monument.
Le chantier, pour l’heure à l’arrêt, a très vite déclenché les foudres des nationalistes hindous. Des centaines de militants du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) ont défilé lundi 13 janvier dans les rues d’Harobele, en criant : « Nous ne voulons pas de statue du Christ ».
Certains ont déclaré que la montagne en question était la demeure d’une divinité hindoue dont la présence n’avait pourtant jamais été attestée auparavant. Un responsable de l’organisation a surtout dénoncé un projet « qui va à l’encontre de l’esprit d’harmonie et encourage les conversions religieuses qui sont réalisées dans l’ombre par des missionnaires chrétiens. »
L’influence croissante de l’idéologie du RSS
Les idéologues du RSS défendent l’idée que la majorité hindoue serait menacée par les missionnaires et leur travail d’évangélisation, malgré la très faible proportion des chrétiens parmi la population (environ 2 %). Selon le RSS, l’identité indienne se résume à la culture hindoue et les minorités doivent reconnaître la suprématie de l’hindouisme dans la sphère publique. Sous son influence, le BJP a aussi voté une série de lois spécifiquement tournées vers la défense de l’hindouisme, comme celles criminalisant la consommation de viande de bœuf.
Lancé en 1925, le RSS tisse patiemment sa toile dans des dizaines de milliers de villes et de villages depuis près d’un siècle. Il comprend aujourd’hui un parti politique, l’actuel BJP au pouvoir, un syndicat ouvrier, un parti étudiant, une police culturelle à travers des groupes vigilantistes locaux… Les militants du RSS sont accusés d’être les auteurs de violences contre les lieux de culte et les fidèles musulmans ou chrétiens, qui font rarement l’objet de poursuites.
Dans leur dernier rapport sur la liberté religieuse dans le monde, les États-Unis, pourtant alliés de l’Inde, s’inquiétaient « d’une campagne de violences, d’intimidation et de harcèlement à l’égard des non-hindous et des hindous de castes inférieures. » Des conclusions rejetées par le gouvernement de Narendra Modi.
