[size=44]Aux Philippines, une Semaine sainte hors du commun[/size]
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Tradition de la crucifixion le Vendredi saint aux Philippines
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Colombe de Barmon | 19 avril 2019
Cette année les autorités philippines ont placé les festivités de Pâques sous haute vigilance. Les commémorations de la Semaine sainte promettaient d’y être spectaculaires, extrêmes même dans certains cas.
À Manille, les préparatifs de la Semaine sainte sont achevés. Si les habitants sont nombreux à profiter des vacances pour quitter la capitale, les pèlerins, eux, affluent. Pour cela, les autorités publiques ont pris des mesures draconiennes : 11.600 policiers seront déployés durant les jours saints. Si « aucune menace risquant de perturber la Semaine sainte » n’a été signalée, le chef de la police de Manille, Guillermo Eleazar, assure « rester vigilant ».
Pas de doute, la mort de 18 personnes le 27 janvier dernier lors de l’attentat contre la cathédrale de Jolo reste gravé dans les mémoires. Afin de protéger touristes et pèlerins, un état d’alerte maximal a été enclenché et toutes les permissions annulées, explique le chef de la police à l’agence d’information des Missions Étrangères de Paris (MEP).
Des commémorations spectaculaires
Toutefois, le risque terroriste n’est pas le seul à inquiéter les autorités chrétiennes des Philippines, pays dont 80% des habitants sont catholiques. « Nous voulons appeler les fidèles à s’unir avec nous pour célébrer les processions religieuses dans le calme », explique le père Douglas Badong, vicaire de la paroisse de Quiapo aux MEP. En effet, aux Philippines, plus particulièrement dans les campagnes, les chrétiens — catholiques ou protestants — n’hésitent pas à commémorer la Passion du Christ de façon spectaculaire.
Selon l’usage, quelques personnes sont chaque année volontaires pour reproduire la crucifixion du Christ. Elles sont donc attachées à une croix et des clous de près de 7 centimètres sont enfoncés dans leurs mains, de 15cm dans leurs pieds. La commémoration sanglante ne s’arrête pas là puisque les cortèges de flagellants sont aussi traditionnels.
À 58 ans, Ruben Eneze, jouera pour la 33e fois le rôle de Jésus pour le spectacle via Crucis à San Fernando, rapporte Asianews. « Crucifié » pour la première fois en 1986, il voulait alors rendre grâce d’avoir survécu à la chute d’un immeuble de trois étages. Il renouvellera ensuite deux fois son vœu : la première fois pour obtenir la guérison de sa fille de l’asthme et ensuite pour sa femme souffrant d’un nodule à la mâchoire. Les deux femmes sont aujourd’hui guéries et le cinquantenaire a décidé de continuer encore un temps à se « joindre au Christ dans sa douleur ».
Pour un renouveau spirituel
Le clergé catholique condamne ces pratiques. Ce n’est pas de clous mais des prières et des confessions dont le chrétien a besoin pour se rapprocher du Christ, estime Mgr Jose Serafia Palma, archevêque de Cebu où ces pratiques perdurent. Dans un communiqué, il a confié espérer « un renouveau spirituel en évitant ces pratiques pénitentielles extrêmes comme la crucifixion ou la flagellation ». Ce dernier martèle : « La Semaine sainte devrait être la période la plus austère du calendrier liturgique, qui donne lieu à la joie du dimanche de Pâques ».