Comment annoncer l’évangile aux témoins de Jéhovah ? – Le message est une Personne, et non une doctrine (6)
Voici la sixième et dernière partie de la publication d’un long texte sur la façon dont on peut annoncer l’Évangile aux Témoins de Jéhovah. Cette étude, en six parties, avançant une façon de faire originale, passionnera ceux et celles qui constatent l’inutilité d’une bataille de versets.
Lisez ou relisez les parties déjà publiées de cette étude (partie 1, 2, 3, 4 et 5) le cas échéant pour bien comprendre la problématique.
Consultez ici le sommaire de cette étude.
Le troisième point pour aborder les Témoins de Jéhovah doit être assez évident, si on a bien compris la nature de la motivation de l’homme qui cherche réellement Dieu. Ils sont dans un système qui met énormément d’importance sur la bonne doctrine, presque comme une fin en soi. Si donc nous nous contentons de discuter doctrine avec eux, au mieux nous les gagnerons seulement à une doctrine.
Et ne pensons pas que c’est impossible. Il m’est arrivé dans des discussions avec des Témoins de Jéhovah de les “ coincer “, parfois sur des points très importants. Un Témoin de Jéhovah haut placé m’a avoué un jour, devant son incapacité à répondre à mes arguments, que cela n’avait pas tellement d’importance si on utilise le nom “ Jéhovah “ ou pas (alors que cela va à l’encontre d’un enseignement très fondamental chez eux). Une dame Témoin de Jéhovah a même admis une fois, devant l’évidence des textes, que Jésus-Christ devait être Dieu.
Ces “ victoires “ si inattendues (surtout si on connaît les Témoins de Jéhovah), ont-elles produit des changements significatifs chez eux ? Non. Ou, du moins, pas dans l’immédiat. (Dieu sait ce qui a pu être le résultat dans les mois et années qui ont suivis.) Pourquoi ? Parce que même en les convainquant de ces choses, j’étais encore sur “ leur terrain “, dans la notion que l’essentiel de la religion est de bien comprendre quelque chose, et puis d’obéir à Dieu pour gagner le salut. Non que ce soit ce que je pensais, mais rien dans mes arguments ne laissait paraître le contraire.
Si nous voulons faire quelque chose d’utile dans nos discussions avec les Témoins de Jéhovah, nous devons leur présenter Dieu. C’est la clé du problème, après tout. Ils sont perdus parce qu’ils n’ont pas le désir d’une relation personnelle avec Dieu. Le salut consiste à retrouver la personne de Dieu. C’est donc en leur donnant envie de connaître Dieu, en leur faisant comprendre que le but de l’évangile est de trouver Dieu, que nous avons une chance de leur annoncer quelque chose d’utile.
Dans la plupart des milieux évangéliques, nous maîtrisons assez bien le moyen de salut, à mon avis. Nous savons que le salut se trouve uniquement en Jésus-Christ, et cela par pure grâce. Nous savons que c’est en vertu de notre foi — c’est-à-dire, notre confiance en Dieu — et non de nos oeuvres, que Dieu nous met au bénéfice de cette grâce. Mais ce que nous ne savons pas toujours, c’est qu’il sert à peu de chose de discuter avec quelqu’un du moyen d’atteindre un but, tant qu’il ne désire pas ce but.
Présentons donc le but. Présentons la relation personnelle avec Dieu, en Jésus-Christ. Annonçons que le salut consiste à aller chez le Père, et non seulement à rechercher le pain du Père.
Plus nous maîtrisons cette notion nous-mêmes, plus nous serons en mesure de l’annoncer efficacement autour de nous, non seulement aux Témoins de Jéhovah mais à tous ceux qui veulent bien nous écouter. La Bible est bourrée de passages qui nous montrent que le but est une relation avec Dieu, et pas seulement le paradis qu’il veut nous donner. Certains textes le disent explicitement ; d’autres le disent implicitement. Apprenons à les reconnaître, pour les appliquer dans notre propre marche avec Dieu, et pour les communiquer à d’autres.
À titre d’exemple, un passage qui montre ce but est Philippiens chapitre trois. Les trois premiers versets constituent une introduction. Les versets quatre à six montrent ce que Paul cherchait autrefois, ce qui lui semblait important en tant que Pharisien. Les versets sept à onze montrent quel est son but à présent, et c’est là qu’on entre dans le vif de notre sujet. Notons surtout le début du verset 10 : Paul a abandonné tout ce qui lui semblait si important auparavant « afin de le connaître, lui ». Le but de Paul est très clair : il veut connaître Christ, il veut vivre cette relation intime avec lui.
Les versets douze à quatorze montrent comment il vit sa vie chrétienne, en fonction de ce but. Le terme “ vocation céleste “ dans le verset 14 signifie “ le fait d’être appelé en haut “, auprès de Dieu donc. Ce qui est logique : puisque son but est de connaître cette relation personnelle avec Dieu, en Christ, il fait tout en vue de cela.
Les Témoins de Jéhovah accepteront cela sans trop de difficulté. Après tout, selon leur doctrine l’apôtre Paul fait très certainement partie des 144.000 qui ont “ l’espérance céleste “. Il est normal que son but soit celui de connaître Dieu personnellement, et qu’il fait tout en fonction de cela.
Mais les versets quinze à dix-sept montrent clairement que ce but est pour tous les croyants, et non seulement pour un groupe restreint qui aurait un salut d’une autre nature que la masse : “ Nous tous donc, qui sommes des hommes faits, ayons cette pensée… “ (verset 15). “ Soyez mes imitateurs, frères… “ (verset 17). Le but de tout croyant doit être le même que celui de Paul : connaître Dieu personnellement, en Jésus Christ.
Ne pensons pas qu’un seul passage suffit pour leur montrer la vérité, par contre. Je le donne comme exemple du message que nous devons leur annoncer, et non comme argument unique et suffisant pour appuyer ce message. Si nous ne nous appuyons que sur ce seul passage, ils finiront par savoir que c’est notre stratégie. Leurs hauts responsables trouveront une explication détournée de ce passage, pour lui faire dire autre chose que ce qu’il dit si clairement, comme ils ont fait avec tant de passages bibliques. (C’est ce qui est arrivé avec le premier verset de l’évangile de Jean, en ce qui concerne la divinité de Jésus-Christ, alors que le verset — en grec comme en français — est absolument clair.) Les passages ne manquent pas pour nous montrer que le but est Dieu lui-même. Un Témoin de Jéhovah qui arrive à comprendre que la Bible annonce la relation avec Dieu comme but pour l’humanité, et la suffisance de la grâce comme moyen de salut, a de très fortes chances de pouvoir accepter ce message.
(avec mes remerciements à Jean Herrgott, pour ses commentaires et ses encouragements)
http://new.unpoissondansle.net/2008/10/comment-annoncer-levangile-aux-temoins-de-jehovah-le-message-est-une-personne-et-non-une-doctrine-6/
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Voici la sixième et dernière partie de la publication d’un long texte sur la façon dont on peut annoncer l’Évangile aux Témoins de Jéhovah. Cette étude, en six parties, avançant une façon de faire originale, passionnera ceux et celles qui constatent l’inutilité d’une bataille de versets.
Lisez ou relisez les parties déjà publiées de cette étude (partie 1, 2, 3, 4 et 5) le cas échéant pour bien comprendre la problématique.
Consultez ici le sommaire de cette étude.
Le message est une Personne, et non une doctrine
Le troisième point pour aborder les Témoins de Jéhovah doit être assez évident, si on a bien compris la nature de la motivation de l’homme qui cherche réellement Dieu. Ils sont dans un système qui met énormément d’importance sur la bonne doctrine, presque comme une fin en soi. Si donc nous nous contentons de discuter doctrine avec eux, au mieux nous les gagnerons seulement à une doctrine.
Et ne pensons pas que c’est impossible. Il m’est arrivé dans des discussions avec des Témoins de Jéhovah de les “ coincer “, parfois sur des points très importants. Un Témoin de Jéhovah haut placé m’a avoué un jour, devant son incapacité à répondre à mes arguments, que cela n’avait pas tellement d’importance si on utilise le nom “ Jéhovah “ ou pas (alors que cela va à l’encontre d’un enseignement très fondamental chez eux). Une dame Témoin de Jéhovah a même admis une fois, devant l’évidence des textes, que Jésus-Christ devait être Dieu.
Ces “ victoires “ si inattendues (surtout si on connaît les Témoins de Jéhovah), ont-elles produit des changements significatifs chez eux ? Non. Ou, du moins, pas dans l’immédiat. (Dieu sait ce qui a pu être le résultat dans les mois et années qui ont suivis.) Pourquoi ? Parce que même en les convainquant de ces choses, j’étais encore sur “ leur terrain “, dans la notion que l’essentiel de la religion est de bien comprendre quelque chose, et puis d’obéir à Dieu pour gagner le salut. Non que ce soit ce que je pensais, mais rien dans mes arguments ne laissait paraître le contraire.
Si nous voulons faire quelque chose d’utile dans nos discussions avec les Témoins de Jéhovah, nous devons leur présenter Dieu. C’est la clé du problème, après tout. Ils sont perdus parce qu’ils n’ont pas le désir d’une relation personnelle avec Dieu. Le salut consiste à retrouver la personne de Dieu. C’est donc en leur donnant envie de connaître Dieu, en leur faisant comprendre que le but de l’évangile est de trouver Dieu, que nous avons une chance de leur annoncer quelque chose d’utile.
Dans la plupart des milieux évangéliques, nous maîtrisons assez bien le moyen de salut, à mon avis. Nous savons que le salut se trouve uniquement en Jésus-Christ, et cela par pure grâce. Nous savons que c’est en vertu de notre foi — c’est-à-dire, notre confiance en Dieu — et non de nos oeuvres, que Dieu nous met au bénéfice de cette grâce. Mais ce que nous ne savons pas toujours, c’est qu’il sert à peu de chose de discuter avec quelqu’un du moyen d’atteindre un but, tant qu’il ne désire pas ce but.
Présentons donc le but. Présentons la relation personnelle avec Dieu, en Jésus-Christ. Annonçons que le salut consiste à aller chez le Père, et non seulement à rechercher le pain du Père.
Plus nous maîtrisons cette notion nous-mêmes, plus nous serons en mesure de l’annoncer efficacement autour de nous, non seulement aux Témoins de Jéhovah mais à tous ceux qui veulent bien nous écouter. La Bible est bourrée de passages qui nous montrent que le but est une relation avec Dieu, et pas seulement le paradis qu’il veut nous donner. Certains textes le disent explicitement ; d’autres le disent implicitement. Apprenons à les reconnaître, pour les appliquer dans notre propre marche avec Dieu, et pour les communiquer à d’autres.
À titre d’exemple, un passage qui montre ce but est Philippiens chapitre trois. Les trois premiers versets constituent une introduction. Les versets quatre à six montrent ce que Paul cherchait autrefois, ce qui lui semblait important en tant que Pharisien. Les versets sept à onze montrent quel est son but à présent, et c’est là qu’on entre dans le vif de notre sujet. Notons surtout le début du verset 10 : Paul a abandonné tout ce qui lui semblait si important auparavant « afin de le connaître, lui ». Le but de Paul est très clair : il veut connaître Christ, il veut vivre cette relation intime avec lui.
Les versets douze à quatorze montrent comment il vit sa vie chrétienne, en fonction de ce but. Le terme “ vocation céleste “ dans le verset 14 signifie “ le fait d’être appelé en haut “, auprès de Dieu donc. Ce qui est logique : puisque son but est de connaître cette relation personnelle avec Dieu, en Christ, il fait tout en vue de cela.
Les Témoins de Jéhovah accepteront cela sans trop de difficulté. Après tout, selon leur doctrine l’apôtre Paul fait très certainement partie des 144.000 qui ont “ l’espérance céleste “. Il est normal que son but soit celui de connaître Dieu personnellement, et qu’il fait tout en fonction de cela.
Mais les versets quinze à dix-sept montrent clairement que ce but est pour tous les croyants, et non seulement pour un groupe restreint qui aurait un salut d’une autre nature que la masse : “ Nous tous donc, qui sommes des hommes faits, ayons cette pensée… “ (verset 15). “ Soyez mes imitateurs, frères… “ (verset 17). Le but de tout croyant doit être le même que celui de Paul : connaître Dieu personnellement, en Jésus Christ.
Ne pensons pas qu’un seul passage suffit pour leur montrer la vérité, par contre. Je le donne comme exemple du message que nous devons leur annoncer, et non comme argument unique et suffisant pour appuyer ce message. Si nous ne nous appuyons que sur ce seul passage, ils finiront par savoir que c’est notre stratégie. Leurs hauts responsables trouveront une explication détournée de ce passage, pour lui faire dire autre chose que ce qu’il dit si clairement, comme ils ont fait avec tant de passages bibliques. (C’est ce qui est arrivé avec le premier verset de l’évangile de Jean, en ce qui concerne la divinité de Jésus-Christ, alors que le verset — en grec comme en français — est absolument clair.) Les passages ne manquent pas pour nous montrer que le but est Dieu lui-même. Un Témoin de Jéhovah qui arrive à comprendre que la Bible annonce la relation avec Dieu comme but pour l’humanité, et la suffisance de la grâce comme moyen de salut, a de très fortes chances de pouvoir accepter ce message.
(avec mes remerciements à Jean Herrgott, pour ses commentaires et ses encouragements)
http://new.unpoissondansle.net/2008/10/comment-annoncer-levangile-aux-temoins-de-jehovah-le-message-est-une-personne-et-non-une-doctrine-6/
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