TERTULLIEN SUR LE SABBAT ET LES DIVERSES LÉGISLATIONS BIBLIQUESaoût 8, 2017 · par Jonathan · dans Citations, Théologie de la Nouvelle Alliance · Poster un commentaire[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chose particulièrement intéressante chez Tertullien (et comme chez Justin), en réponse à l’objection des juifs relative à l’abandon de la loi mosaïque, jamais il ne fait appel à une quelconque division dans la loi alors que l’occasion eût été idéale. Il ne défend pas l’idée d’une soumission des chrétiens à une hypothétique section ‘loi morale’ contenue dans la loi mosaïque. Si la loi de moïse contient des prescriptions morales communes aux autres administrations, c’est précisément parce que ces injonctions morales sont universelles, elles précèdent et supplantent la codification particulière de la loi sinaïtique.
Voici donc quelques longues citations sur le sabbat et sur la relation entre les diverses législations bibliques :
Le Sabbat Enfin, à celui qui prétend qu’il faut encore observer le sabbat comme un moyen de salut, et la circoncision du huitième jour, à cause de la menace de mort qui y est attachée, je dirai :
Montrez-nous qu’autrefois les justes ont fêté le sabbat, qu’ils ont circoncis leur chair,
et qu’ils sont devenus amis de Dieu par ces pratiques. S’il est vrai que la circoncision purifie l’homme, pourquoi Dieu, qui crée Adam incirconcis, ne se hâte-t-il pas de le circoncire, même après qu’il a péché, puisque la circoncision purifie? Il est certain qu’en le plaçant dans le paradis, tout incirconcis qu’il était, il lui donna le gouvernement du paradis.
Ce même Dieu qui plaça notre premier père dans le paradis, sans l’assujettir à la circoncision et à la célébration du sabbat, loua aussi par la même conséquence son fils Abel, qui lui offrait des sacrifices sans être circoncis,
sans observer le jour du sabbat, et il ratifia ce qu’il lui offrait dans la simplicité du cœur, tandis qu’il repoussa le sacrifice de Caïn, son frère, « parce qu’il ne partageait pas également ce qu’il offrait. »
Noé n’était pas circoncis; il ne célébrait pas le sabbat. Dieu ne le sauva pas moins du déluge. Que dis-je ? Il transporta hors de ce monde le juste Enoch,
qui ne connaissait ni la circoncision ni le sabbat, et qui n’a pas encore goûté de la mort, afin que ce candidat de l’éternité nous attestât que nous pouvons plaire également au Dieu de Moïse, sans le fardeau de la loi mosaïque. « Melchisédech, prêtre du Très-Haut, » fut appelé au sacerdoce de Dieu,
sans observer la circoncision ni le sabbat. Enfin Loth, frère d’Abraham, nous prouve encore cette vérité, puisque c’est aux mérites de sa justice, et non à la pratique de la loi, qu’il dut d’être épargné dans l’incendie de Sodome. Abraham, dites-vous, a été circoncis. —- D’accord; mais il fut agréable à Dieu avant d’être circoncis;
toutefois il ne célébra point le sabbat. Il avait reçu en effet la circoncision, mais la circoncision qui était le signe de ce temps, et non une prérogative de salut.
(…)
Puisque nous avons démontré que l’abrogation de la circoncision charnelle et de la loi ancienne a eu lieu dans son temps,
il nous reste encore à prouver que l’observance du sabbat n’a été aussi que temporaire. Les Juifs nous disent que, « dès l’origine, Dieu sanctifia le septième jour, en se reposant ce jour-là des œuvres de la création. » De là vient, ajoutent-ils, que Moïse dit au peuple : « Souvenez-vous du jour du sabbat pour le sanctifier. Tu ne feras ce jour-là aucune œuvre servile, » excepté ce qui concerne le salut de l’âme.
Nous en concluons que nous devons célébrer le sabbat, en nous interdisant toute œuvre servile, non pas seulement le septième jour, mais dans tous les temps. Il s’agit maintenant de chercher quelle espèce de sabbat Dieu nous ordonnait de garder. Les Ecritures, en effet, nous parlent d’un sabbat éternel et d’un sabbat temporaire. Le prophète Isaïe dit : « Mon âme hait vos sabbats. » Et ailleurs : « Vous avez profané mes sabbats. »
Nous reconnaissons par là que le sabbat temporaire appartient à l’homme, tandis que le sabbat éternel remonte à Dieu. C’est de ce dernier sabbat qu’il a dit d’avance par la bouche d’Isaïe : « De mois en mois, de sabbat en sabbat, toute chair viendra et m’adorera dans Jérusalem, dit le Seigneur. » Cette merveille s’est accomplie à l’avènement de Jésus-Christ, lorsque toute chair, c’est-à-dire toute nation, est venue adorer dans Jérusalem Dieu le Père par Jésus-Christ son Fils, comme il avait été annoncé par le prophète : « Voilà que les étrangers iront à toi par moi. »
Ainsi avant ce sabbat temporaire, un sabbat éternel avait été annoncé et signalé d’avance, de même qu’avant la circoncision de la chair avait été prédite la circoncision de l’esprit.
Que l’on nous montre donc, ainsi que nous l’avons déjà demandé, qu’Adam observa le sabbat; ou qu’Abel, qui offrait à Dieu une hostie sainte, lui a plu par son respect pour le sabbat; ou qu’Enoch, qui a été miraculeusement enlevé à la terre, a honoré le sabbat; ou que Noë, auquel échut l’honneur de construire l’arche pour sauver le genre humain du déluge, sanctifia le sabbat; ou qu’Abraham offrit à Dieu Isaac son fils dans la célébration du sabbat; ou bien enfin que Melchisédech admit dans son sacerdoce la loi du sabbat.—- Mais, vont nous dire les Juifs, il faut observer le sabbat depuis, que le précepte en a été donné par Moïse. —-
Il est donc manifeste par là, qu’un précepte qui devait cesser, n’était ni éternel ni spirituel, mais seulement temporaire.