Génération athée, l’étude choc
MARIE-LUCILE KUBACKI publié le 20/03/2018
Jean-Matthieu GAUTIER/CIRIC
La référence n’est pas anodine. L’Europe serait-elle en passe de devenir à nouveau terre de mission ? « Certains pays d’Europe pourraient effectivement un jour devenir des pays d’évangélisation au sens classique du terme, poursuit Stephen Bullivant. Certains catholiques pourraient arriver à cette situation de n’avoir jamais rencontré de personnes qui prennent la religion au sérieux ou qui aient eu un contact avec l’Église. » Mais il faut aussi regarder dans le détail les 22 pays passés à la loupe, car l’intérêt de l’étude est aussi de révéler la diversité européenne, y compris entre pays voisins et culturellement proches. Ainsi, la part de jeunes adultes (16-29 ans) qui, à la question « Considérez-vous que vous appartenez à une religion ou à une confession religieuse ? », répondent « Non, aucune » atteint 91% en République tchèque, 80% en Estonie et 75% en Suède. Mais 25% en Lituanie et 17% en Pologne. Au Royaume-Uni et en France, ils sont respectivement 70% et 64%. Un taux proche de la Belgique (65%).
France-Tchéquie, rendez-vous dans 20 ans !
Et le malaise continue quand on se penche sur les taux de pratique. Quelque 70 % des jeunes adultes tchèques – 56% des Français et environ 60% des Espagnols, Hollandais, Britanniques et Belges – « n’assistent jamais » à des services religieux. Par ailleurs, 80% des jeunes Tchèques – et environ 70% des jeunes Suédois, Danois, Estoniens, Hollandais, Français et Norvégiens – ne prient « jamais ». Pourtant, ne pas se sentir appartenir à une religion ne signifie pas nécessairement être athée. Ainsi, beaucoup de ces jeunes ont reçu le baptême et une éducation religieuse, mais le feu de la pratique s’est éteint. « Certains, assez rares, ont une spiritualité qui pourrait être qualifiée de superstitieuse ou magique : ils croient aux anges, aux chakras, à des choses new age. Mais pour la majorité, la question de l’appartenance religieuse se pose rarement », explique Stephen Bullivant.
Et si on leur demandait, tout simplement, s’ils croient en Dieu ? « Beaucoup de ces jeunes qui ne se reconnaissent dans aucune religion répondraient qu’ils croient qu’il y a “quelque chose”, non pas un Dieu qui s’incarne, comme dans le christianisme, mais une chose dans l’univers, une entité bienveillante, poursuit le chercheur.
MARIE-LUCILE KUBACKI publié le 20/03/2018
Jean-Matthieu GAUTIER/CIRIC
Alors que le pré-synode des jeunes se tient à Rome, une enquête inédite, publiée en avant-première par La Vie, révèle l’ampleur de la sécularisation des 16-29 ans.
En France, 64% des jeunes âgés de 16 à 29 ans ne s’identifient plus à aucune religion. La situation est certes plus enviable qu’en République tchèque, où ils culminent à 91%, mais si l’on ajoute que seuls 23% des jeunes Français s’identifient comme catholiques, et que parmi ceux-là 21% ajoutent ne jamais aller à la messe et 35% ne jamais prier, l’Église a de quoi blêmir… et se retrousser les manches. Cela tombe bien, puisque le rapport qui révèle ces chiffres survient au moment même où le pape François a invité des centaines de jeunes à venir s’exprimer, à Rome, tout au long de la semaine, en amont du synode des évêques prévu en octobre. « Tout le monde sait qu’il y a des problèmes et que l’Église perd les jeunes depuis les années 1940, mais les données sont importantes pour savoir de quoi l’on parle exactement, explique Stephen Bullivant, auteur de l’étude. Les premiers à avoir compris l’intérêt de ce genre d’études en termes de réflexion pastorale et d’évangélisation étaient deux Français, Yvan Daniel et Henri Godin, les auteurs de France, pays de mission ?, publié en 1943. »La référence n’est pas anodine. L’Europe serait-elle en passe de devenir à nouveau terre de mission ? « Certains pays d’Europe pourraient effectivement un jour devenir des pays d’évangélisation au sens classique du terme, poursuit Stephen Bullivant. Certains catholiques pourraient arriver à cette situation de n’avoir jamais rencontré de personnes qui prennent la religion au sérieux ou qui aient eu un contact avec l’Église. » Mais il faut aussi regarder dans le détail les 22 pays passés à la loupe, car l’intérêt de l’étude est aussi de révéler la diversité européenne, y compris entre pays voisins et culturellement proches. Ainsi, la part de jeunes adultes (16-29 ans) qui, à la question « Considérez-vous que vous appartenez à une religion ou à une confession religieuse ? », répondent « Non, aucune » atteint 91% en République tchèque, 80% en Estonie et 75% en Suède. Mais 25% en Lituanie et 17% en Pologne. Au Royaume-Uni et en France, ils sont respectivement 70% et 64%. Un taux proche de la Belgique (65%).
France-Tchéquie, rendez-vous dans 20 ans !
Et le malaise continue quand on se penche sur les taux de pratique. Quelque 70 % des jeunes adultes tchèques – 56% des Français et environ 60% des Espagnols, Hollandais, Britanniques et Belges – « n’assistent jamais » à des services religieux. Par ailleurs, 80% des jeunes Tchèques – et environ 70% des jeunes Suédois, Danois, Estoniens, Hollandais, Français et Norvégiens – ne prient « jamais ». Pourtant, ne pas se sentir appartenir à une religion ne signifie pas nécessairement être athée. Ainsi, beaucoup de ces jeunes ont reçu le baptême et une éducation religieuse, mais le feu de la pratique s’est éteint. « Certains, assez rares, ont une spiritualité qui pourrait être qualifiée de superstitieuse ou magique : ils croient aux anges, aux chakras, à des choses new age. Mais pour la majorité, la question de l’appartenance religieuse se pose rarement », explique Stephen Bullivant.
Des non-religieux « quelquechosistes »
Et si on leur demandait, tout simplement, s’ils croient en Dieu ? « Beaucoup de ces jeunes qui ne se reconnaissent dans aucune religion répondraient qu’ils croient qu’il y a “quelque chose”, non pas un Dieu qui s’incarne, comme dans le christianisme, mais une chose dans l’univers, une entité bienveillante, poursuit le chercheur.