[size=45]Qui sont les orthodoxes aujourd’hui ?[/size]
Arnaud Bevilacqua , le 10/11/2017 à 15h08
[size=20]L’institut américain Pew Research Center a publié mercredi 8 octobre une vaste étude sur les chrétiens orthodoxes, estimés à 260 millions dans le monde.
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L’institut américain Pew Research Center a publié mercredi 8 octobre une vaste étude sur les chrétiens orthodoxes d’aujourd’hui, estimés à 260 millions dans le monde. / Nabil Boutros/Ciric
La Russie est de loin le plus grand pays orthodoxe du monde avec plus de 100 millions de membres ? mais à peine 6 % d’entre eux participent à un service religieux au moins une fois par semaine. C’est l’un des nombreux enseignements de la vaste étude sur les orthodoxes d’aujourd’hui réalisée par l’institut américain Pew Research Center.
Entre 1910 et 2010, le nombre d’orthodoxes dans le monde a plus que doublé, passant de 124 à 260 millions. Mais cette hausse a été moins importante que celle des catholiques et des protestants. Ainsi, en 1910, 20 % des chrétiens dans le monde étaient de confession orthodoxe contre 12 % en 2010.
Autre singularité, l’orthodoxie demeure à forte domination européenne. Plus de trois orthodoxes sur quatre (77 %) vivent en Europe – contre seulement 24 % des catholiques –, dont près de 40 % en Russie. Parmi les 15 % qui résident en Afrique subsaharienne, la très grande majorité se concentre en Éthiopie au sein de l’Église orthodoxe Tewahedo (1). Ce pays de plus de 100 millions d’habitants compte plus de 35 millions de chrétiens orthodoxes, la deuxième plus grande communauté juste devant l’Ukraine.
À LIRE : Comprendre les Églises orthodoxes
Marqué par une grande diversité entre les différentes Églises, le monde orthodoxe présente également de forte disparité quant à la pratique religieuse. En Russie, 15 % des orthodoxes adultes disent que la religion est « très importante » dans leur vie et 18 % qu’ils prient tous les jours. En Roumanie, ils sont 42 % à déclarer prier tous les jours.
Les chrétiens orthodoxes éthiopiens se montrent beaucoup plus observants : pour 98 % d’entre eux la religion est très importante, 78 % assurent aller à l’église au moins une fois par semaine et 65 % disent prier quotidiennement. De même, si 89 % des orthodoxes éthiopiens et 79 % des Arméniens affirment croire fermement en Dieu, ils ne sont que 26 % en Bulgarie ou 22 % en Biélorussie.
À LIRE : Ce qui sépare encore catholiques et orthodoxes
En fonction de leur pays d’origine, les chrétiens orthodoxes diffèrent aussi quant à leurs positions sur l’Église catholique. En Russie, 46 % des orthodoxes considèrent qu’il y a de nombreux points communs entre leur foi et celle des catholiques (59 % en moyenne). Mais ils ne sont que 17 % à souhaiter que l’orthodoxie soit de nouveau en communion avec l’Église catholique ; le plus faible soutien parmi les populations orthodoxes interrogées.
Ils sont en revanche 62 % en Roumanie à souhaiter ce rapprochement, 42 % en Bulgarie et en Bosnie ainsi que 35 % en Grèce. Mais dans la plupart des pays sondés, une proportion importante ne souhaite pas se prononcer.
Les orthodoxes soutiennent majoritairement les positions de leurs Églises en ce qui concerne le divorce (92 % en Grèce, 77 % en Bulgarie ou 56 % en Russie) ou la possibilité pour des hommes mariés d’accéder au sacerdoce (91 % en Grèce, 83 % en Roumanie, 78 % en Éthiopie ou 68 % en Russie).
De même, ils partagent un large refus de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels avec des pointes au sein des pays de l’ex-bloc soviétique. La question de l’avortement, en revanche, ne fait pas consensus. Les orthodoxes de Géorgie ou de Moldavie sont très majoritairement opposés à sa légalisation, contrairement à ceux de Bulgarie, d’Estonie, d’Arménie ou encore de Roumanie.
Enfin, les chrétiens orthodoxes témoignent d’un même souci environnemental, selon l’étude du Pew Research Center. Une large majorité d’entre eux – 83 % en Serbie, 77 % en Russie ou 73 % en Grèce – est d’accord pour affirmer que la préservation de l’environnement doit primer sur la croissance économique.
Arnaud Bevilacqua
(1) Entrée dès le IVe siècle dans l’influence de l’Église copte d’Égypte, celle-ci lui a accordé finalement l’autocéphalie en 1948 ; l’Église orthodoxe éthiopienne a obtenu son premier patriarche en 1959.
Arnaud Bevilacqua , le 10/11/2017 à 15h08
[size=20]L’institut américain Pew Research Center a publié mercredi 8 octobre une vaste étude sur les chrétiens orthodoxes, estimés à 260 millions dans le monde.
L’enquête illustre la grande diversité du monde orthodoxe quant à la pratique religieuse et aux questions de société.[/size]
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L’institut américain Pew Research Center a publié mercredi 8 octobre une vaste étude sur les chrétiens orthodoxes d’aujourd’hui, estimés à 260 millions dans le monde. / Nabil Boutros/Ciric
La Russie est de loin le plus grand pays orthodoxe du monde avec plus de 100 millions de membres ? mais à peine 6 % d’entre eux participent à un service religieux au moins une fois par semaine. C’est l’un des nombreux enseignements de la vaste étude sur les orthodoxes d’aujourd’hui réalisée par l’institut américain Pew Research Center.
Une croissance moins forte que les catholiques et les protestants
Entre 1910 et 2010, le nombre d’orthodoxes dans le monde a plus que doublé, passant de 124 à 260 millions. Mais cette hausse a été moins importante que celle des catholiques et des protestants. Ainsi, en 1910, 20 % des chrétiens dans le monde étaient de confession orthodoxe contre 12 % en 2010.
Autre singularité, l’orthodoxie demeure à forte domination européenne. Plus de trois orthodoxes sur quatre (77 %) vivent en Europe – contre seulement 24 % des catholiques –, dont près de 40 % en Russie. Parmi les 15 % qui résident en Afrique subsaharienne, la très grande majorité se concentre en Éthiopie au sein de l’Église orthodoxe Tewahedo (1). Ce pays de plus de 100 millions d’habitants compte plus de 35 millions de chrétiens orthodoxes, la deuxième plus grande communauté juste devant l’Ukraine.
À LIRE : Comprendre les Églises orthodoxes
De fortes disparités sur la pratique religieuse
Marqué par une grande diversité entre les différentes Églises, le monde orthodoxe présente également de forte disparité quant à la pratique religieuse. En Russie, 15 % des orthodoxes adultes disent que la religion est « très importante » dans leur vie et 18 % qu’ils prient tous les jours. En Roumanie, ils sont 42 % à déclarer prier tous les jours.
Les chrétiens orthodoxes éthiopiens se montrent beaucoup plus observants : pour 98 % d’entre eux la religion est très importante, 78 % assurent aller à l’église au moins une fois par semaine et 65 % disent prier quotidiennement. De même, si 89 % des orthodoxes éthiopiens et 79 % des Arméniens affirment croire fermement en Dieu, ils ne sont que 26 % en Bulgarie ou 22 % en Biélorussie.
À LIRE : Ce qui sépare encore catholiques et orthodoxes
En fonction de leur pays d’origine, les chrétiens orthodoxes diffèrent aussi quant à leurs positions sur l’Église catholique. En Russie, 46 % des orthodoxes considèrent qu’il y a de nombreux points communs entre leur foi et celle des catholiques (59 % en moyenne). Mais ils ne sont que 17 % à souhaiter que l’orthodoxie soit de nouveau en communion avec l’Église catholique ; le plus faible soutien parmi les populations orthodoxes interrogées.
Ils sont en revanche 62 % en Roumanie à souhaiter ce rapprochement, 42 % en Bulgarie et en Bosnie ainsi que 35 % en Grèce. Mais dans la plupart des pays sondés, une proportion importante ne souhaite pas se prononcer.
Large refus du mariage homosexuel, division sur la question de l’avortement
Les orthodoxes soutiennent majoritairement les positions de leurs Églises en ce qui concerne le divorce (92 % en Grèce, 77 % en Bulgarie ou 56 % en Russie) ou la possibilité pour des hommes mariés d’accéder au sacerdoce (91 % en Grèce, 83 % en Roumanie, 78 % en Éthiopie ou 68 % en Russie).
De même, ils partagent un large refus de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels avec des pointes au sein des pays de l’ex-bloc soviétique. La question de l’avortement, en revanche, ne fait pas consensus. Les orthodoxes de Géorgie ou de Moldavie sont très majoritairement opposés à sa légalisation, contrairement à ceux de Bulgarie, d’Estonie, d’Arménie ou encore de Roumanie.
Enfin, les chrétiens orthodoxes témoignent d’un même souci environnemental, selon l’étude du Pew Research Center. Une large majorité d’entre eux – 83 % en Serbie, 77 % en Russie ou 73 % en Grèce – est d’accord pour affirmer que la préservation de l’environnement doit primer sur la croissance économique.
Arnaud Bevilacqua
(1) Entrée dès le IVe siècle dans l’influence de l’Église copte d’Égypte, celle-ci lui a accordé finalement l’autocéphalie en 1948 ; l’Église orthodoxe éthiopienne a obtenu son premier patriarche en 1959.