PRÉFACE
En 1846, paraissait le premier volume (Évangile et Actes) d'un livre intitulé : Le Nouveau Testament avec notes explicatives et introductions à chaque livre, d'après O. de Gerlach, par Louis Bonnet et Ch. Baup. Les introductions étaient originales, les notes, une reproduction plus ou moins libre de celles de Gerlach. Quand, plus tard, il s'agit d'entreprendre le second volume (Epîtres et Apocalypse), le cher et regretté Ch. Baup, empêché par d'autres travaux et bientôt après rappelé par le Maître dans son repos, me laissa en héritage la part de son travail à faire. Mais, convaincu de l'insuffisance des notes de Gerlach pour le but que je me proposais, je résolus de ne plus utiliser son livre que comme l'un des nombreux commentaires à consulter pour une étude approfondie des épîtres apostoliques, et de me livrer à un travail tout à fait indépendant.
Ainsi parut en 1855, après neuf années d'un labeur soutenu, un volume de 900 pages. renfermant l'exposition de toutes les épîtres et de l'Apocalypse. Je disais dans la préface : « Tous les lecteurs éclairés qui voudront bien s'aider de cet ouvrage pour étudier les parties de l'Ecriture qu'il renferme ne tarderont pas à se convaincre qu'il a été écrit avec une entière indépendance des nombreux interprètes que nous avons consultés pour nous aider de leurs lumières. Nous n'exceptons point Gerlach lui-même, dont le nom a été conservé sur le titre de ce livre, parce que nous avons adopté son plan et toutes celles de ses vues qui étaient d'accord avec nos convictions individuelles, mais auxquelles nous ne sommes point lié. Souvent nous différons absolument avec cet auteur, quelquefois même nous avons combattu et réfuté ses interprétations. Nous avons cru devoir insister, par déférence pour la vérité, sur ce caractère de notre travail, qui ne peut être envisagé comme une traduction de Gerlach que par un abus de langage dont nous ne sommes plus responsable. En toutes choses, il est bon d'éviter les positions équivoques. » (Préface de 1855.) - Pour être tout à fait exact je supprimai le nom de Gerlach dans les dernières livraisons de l'ouvrage, ne voulant pas le rendre responsable de ce qui ne lui appartenait pas.
Ce volume étant épuisé, je fus sollicité de divers côtés d'en préparer une seconde édition. Plusieurs années me furent nécessaires pour refondre l'ouvrage, pour en compléter les introductions et pour y ajouter un élément nouveau, les analyses des sections. Cette seconde édition a été publiée en deux volumes (1875 et 1876), formant les tomes III et IV de l'ouvrage actuel.
Mais la première partie du Nouveau Testament (Evangiles et Actes) était aussi depuis longtemps épuisée et ne pouvait pas, être rééditée, ne répondant point à mes vues et aux besoins du public religieux.
J'avais pourtant à cœur de faire, pour les livres historiques, ce qui avait été fait pour les Epîtres et l'Apocalypse. Pour la troisième fois, malgré le poids des années, je me remis courageusement à l'œuvre, profitant de toutes les ressources exégétiques qui ont paru dans l'intervalle; le premier résultat de ce nouveau travail est le volume que nous offrons maintenant à nos lecteurs. Il renferme l'exposition des trois premiers Evangiles; saint Jean et les Actes sont en préparation. Ces explications, dont je regrette la longueur, diront au lecteur pourquoi ce volume et celui qui suivra ne portent pas sur le titre, comme les tomes III et IV, ces mots : seconde édition. C'est en effet un ouvrage entièrement nouveau.
Pour ce qui concerne la nature et le but de cette publication, aussi bien que les moyens mis en œuvre, nous pouvons nous en référer à la préface du troisième volume. (Epîtres de Paul.)
Il est cependant un point sur lequel il peut être utile d'ajouter quelques mots on trouvera fort souvent dans les notes ce terme de texte reçu, mis en opposition avec les variantes qui se trouvent en d'autres documents. Pour les lecteurs étrangers aux questions de la critique du texte, nous dirons ce qu'il faut entendre par là.
Durant quinze siècles, les livres saints avaient été copiés et recopiés pour l'usage de l'Eglise. Ces nombreux manuscrits, dont quelques-uns remontent jusqu'au IVe siècle, étaient pour la plupart inconnus à l'époque de la renaissance des lettres et de l'invention de l'imprimerie. On ne s'était point encore occupé des inévitables différences de certains mots qui se trouvent entre eux (variantes), lorsqu'en 1516 le célèbre humaniste Erasme publia à Bâle le premier Nouveau Testament grec qui eût paru imprimé. Il se contenta de reproduire quelques manuscrits très récents, manquant encore des moyens nécessaires pour les comparer avec d'autres, plus anciens. Mais tel était alors le besoin universel de posséder le Nouveau Testament dans la langue originale, qu'en peu d'années cinq autres éditions se succédèrent rapidement et que l'œuvre d'Erasme fut reproduite dans toute l'Europe en d'innombrables contrefaçons plus ou moins correctes. Les savants éditeurs Robert et Henri Estienne en publièrent des révisions, en s'aidant de divers manuscrits de la bibliothèque royale de Paris, (1546 et années suivantes.) Théodore de Bèze poursuivit leur œuvre au moyen de copies anciennes qu'il possédait. (1565 et années suivantes.) Plus tard, des éditions nombreuses, élégantes, en un format portatif, sortirent des presses célèbres des Elzévir, en Hollande. Ce sont ces éditeurs qui, dans une préface, nommèrent leur Nouveau Testament « le texte reçu de tous, partout corrigé, etc. » (Leyde, 1624 et années suivantes.) Il y avait là une double exagération; car, d'une part, jamais encore ce texte n'avait subi l'épuration d'une critique scientifique; et, d'autre part, de nombreuses éditions du Nouveau Testament se produisirent ailleurs. qui provenaient, non de l'œuvre d'Erasme, mais de la célèbre polyglotte éditée en Espagne sous les auspices du cardinal Ximenès. Le texte du Nouveau Testament, partout reproduit en d'innombrables éditions. durant les XVIe et XVIIe siècles, est resté dans cet état jusqu'à la seconde moitié du siècle dernier. Dès lors, d'immenses travaux de critique ont été entrepris et poursuivis sans relâche par des savants, dont les plus connus sont Bengel, Griesbach, Scholz, Lachmann, Tischendorf (pour ne parler que des Allemands). Ils ont étudié, classé, collationné les nombreux manuscrits existants; ils en ont découvert d'inconnus; ils ont formé des collections complètes de toutes les variantes, en explorant pour cela les manuscrits, les citations des Pères de l'Eglise, les versions anciennes; en un mot, ils se sont efforcés d'arriver, par la comparaison de tous ces documents et à la lumière de l'exégèse, à la possession du texte le plus correct possible. Honneur et reconnaissance à ces hommes qui ont ainsi consacré leurs veilles à nous rendre la Parole divine aussi pure dans son texte que nous pouvons la posséder ! Hâtons-nous toutefois d'ajouter que, de toutes ces variantes si patiemment examinées, il n'en est aucune qui concerne rien d'essentiel dans les grands faits ou dans les grandes doctrines de l'Evangile. A cet égard, tous les documents étudiés sont en parfait accord. Quant aux corrections que nous avons admises dans notre version, nous n'avons suivi exclusivement aucun des maîtres de la critique et nous ne nous sommes écarté du texte reçu que là où l'autorité des documents nous a paru décisive.
Les trois premiers évangiles que nous publions dans ce volume suscitent des questions bien autrement importantes que ces recherches de mots. Nous avons donné à ces questions, dans les introductions et dans les notes, toute l'attention que comporte la nature de ce travail. Désireux de mettre à la portée de tous les meilleurs résultats de l'exégèse scientifique, nous n'avons point cherché à éluder les difficultés. Mais ce qui, ici, plane au-dessus de toutes les discussions humaines, autant que les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ce sont les trésors de vérité divine répandus dans ces pages saintes par Celui dont elles racontent la vie. Pour les recueillir, peu importe d'être théologien ou de ne l'être pas : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
Louis Bonnet,
Docteur en théologie.
En 1846, paraissait le premier volume (Évangile et Actes) d'un livre intitulé : Le Nouveau Testament avec notes explicatives et introductions à chaque livre, d'après O. de Gerlach, par Louis Bonnet et Ch. Baup. Les introductions étaient originales, les notes, une reproduction plus ou moins libre de celles de Gerlach. Quand, plus tard, il s'agit d'entreprendre le second volume (Epîtres et Apocalypse), le cher et regretté Ch. Baup, empêché par d'autres travaux et bientôt après rappelé par le Maître dans son repos, me laissa en héritage la part de son travail à faire. Mais, convaincu de l'insuffisance des notes de Gerlach pour le but que je me proposais, je résolus de ne plus utiliser son livre que comme l'un des nombreux commentaires à consulter pour une étude approfondie des épîtres apostoliques, et de me livrer à un travail tout à fait indépendant.
Ainsi parut en 1855, après neuf années d'un labeur soutenu, un volume de 900 pages. renfermant l'exposition de toutes les épîtres et de l'Apocalypse. Je disais dans la préface : « Tous les lecteurs éclairés qui voudront bien s'aider de cet ouvrage pour étudier les parties de l'Ecriture qu'il renferme ne tarderont pas à se convaincre qu'il a été écrit avec une entière indépendance des nombreux interprètes que nous avons consultés pour nous aider de leurs lumières. Nous n'exceptons point Gerlach lui-même, dont le nom a été conservé sur le titre de ce livre, parce que nous avons adopté son plan et toutes celles de ses vues qui étaient d'accord avec nos convictions individuelles, mais auxquelles nous ne sommes point lié. Souvent nous différons absolument avec cet auteur, quelquefois même nous avons combattu et réfuté ses interprétations. Nous avons cru devoir insister, par déférence pour la vérité, sur ce caractère de notre travail, qui ne peut être envisagé comme une traduction de Gerlach que par un abus de langage dont nous ne sommes plus responsable. En toutes choses, il est bon d'éviter les positions équivoques. » (Préface de 1855.) - Pour être tout à fait exact je supprimai le nom de Gerlach dans les dernières livraisons de l'ouvrage, ne voulant pas le rendre responsable de ce qui ne lui appartenait pas.
Ce volume étant épuisé, je fus sollicité de divers côtés d'en préparer une seconde édition. Plusieurs années me furent nécessaires pour refondre l'ouvrage, pour en compléter les introductions et pour y ajouter un élément nouveau, les analyses des sections. Cette seconde édition a été publiée en deux volumes (1875 et 1876), formant les tomes III et IV de l'ouvrage actuel.
Mais la première partie du Nouveau Testament (Evangiles et Actes) était aussi depuis longtemps épuisée et ne pouvait pas, être rééditée, ne répondant point à mes vues et aux besoins du public religieux.
J'avais pourtant à cœur de faire, pour les livres historiques, ce qui avait été fait pour les Epîtres et l'Apocalypse. Pour la troisième fois, malgré le poids des années, je me remis courageusement à l'œuvre, profitant de toutes les ressources exégétiques qui ont paru dans l'intervalle; le premier résultat de ce nouveau travail est le volume que nous offrons maintenant à nos lecteurs. Il renferme l'exposition des trois premiers Evangiles; saint Jean et les Actes sont en préparation. Ces explications, dont je regrette la longueur, diront au lecteur pourquoi ce volume et celui qui suivra ne portent pas sur le titre, comme les tomes III et IV, ces mots : seconde édition. C'est en effet un ouvrage entièrement nouveau.
Pour ce qui concerne la nature et le but de cette publication, aussi bien que les moyens mis en œuvre, nous pouvons nous en référer à la préface du troisième volume. (Epîtres de Paul.)
Il est cependant un point sur lequel il peut être utile d'ajouter quelques mots on trouvera fort souvent dans les notes ce terme de texte reçu, mis en opposition avec les variantes qui se trouvent en d'autres documents. Pour les lecteurs étrangers aux questions de la critique du texte, nous dirons ce qu'il faut entendre par là.
Durant quinze siècles, les livres saints avaient été copiés et recopiés pour l'usage de l'Eglise. Ces nombreux manuscrits, dont quelques-uns remontent jusqu'au IVe siècle, étaient pour la plupart inconnus à l'époque de la renaissance des lettres et de l'invention de l'imprimerie. On ne s'était point encore occupé des inévitables différences de certains mots qui se trouvent entre eux (variantes), lorsqu'en 1516 le célèbre humaniste Erasme publia à Bâle le premier Nouveau Testament grec qui eût paru imprimé. Il se contenta de reproduire quelques manuscrits très récents, manquant encore des moyens nécessaires pour les comparer avec d'autres, plus anciens. Mais tel était alors le besoin universel de posséder le Nouveau Testament dans la langue originale, qu'en peu d'années cinq autres éditions se succédèrent rapidement et que l'œuvre d'Erasme fut reproduite dans toute l'Europe en d'innombrables contrefaçons plus ou moins correctes. Les savants éditeurs Robert et Henri Estienne en publièrent des révisions, en s'aidant de divers manuscrits de la bibliothèque royale de Paris, (1546 et années suivantes.) Théodore de Bèze poursuivit leur œuvre au moyen de copies anciennes qu'il possédait. (1565 et années suivantes.) Plus tard, des éditions nombreuses, élégantes, en un format portatif, sortirent des presses célèbres des Elzévir, en Hollande. Ce sont ces éditeurs qui, dans une préface, nommèrent leur Nouveau Testament « le texte reçu de tous, partout corrigé, etc. » (Leyde, 1624 et années suivantes.) Il y avait là une double exagération; car, d'une part, jamais encore ce texte n'avait subi l'épuration d'une critique scientifique; et, d'autre part, de nombreuses éditions du Nouveau Testament se produisirent ailleurs. qui provenaient, non de l'œuvre d'Erasme, mais de la célèbre polyglotte éditée en Espagne sous les auspices du cardinal Ximenès. Le texte du Nouveau Testament, partout reproduit en d'innombrables éditions. durant les XVIe et XVIIe siècles, est resté dans cet état jusqu'à la seconde moitié du siècle dernier. Dès lors, d'immenses travaux de critique ont été entrepris et poursuivis sans relâche par des savants, dont les plus connus sont Bengel, Griesbach, Scholz, Lachmann, Tischendorf (pour ne parler que des Allemands). Ils ont étudié, classé, collationné les nombreux manuscrits existants; ils en ont découvert d'inconnus; ils ont formé des collections complètes de toutes les variantes, en explorant pour cela les manuscrits, les citations des Pères de l'Eglise, les versions anciennes; en un mot, ils se sont efforcés d'arriver, par la comparaison de tous ces documents et à la lumière de l'exégèse, à la possession du texte le plus correct possible. Honneur et reconnaissance à ces hommes qui ont ainsi consacré leurs veilles à nous rendre la Parole divine aussi pure dans son texte que nous pouvons la posséder ! Hâtons-nous toutefois d'ajouter que, de toutes ces variantes si patiemment examinées, il n'en est aucune qui concerne rien d'essentiel dans les grands faits ou dans les grandes doctrines de l'Evangile. A cet égard, tous les documents étudiés sont en parfait accord. Quant aux corrections que nous avons admises dans notre version, nous n'avons suivi exclusivement aucun des maîtres de la critique et nous ne nous sommes écarté du texte reçu que là où l'autorité des documents nous a paru décisive.
Les trois premiers évangiles que nous publions dans ce volume suscitent des questions bien autrement importantes que ces recherches de mots. Nous avons donné à ces questions, dans les introductions et dans les notes, toute l'attention que comporte la nature de ce travail. Désireux de mettre à la portée de tous les meilleurs résultats de l'exégèse scientifique, nous n'avons point cherché à éluder les difficultés. Mais ce qui, ici, plane au-dessus de toutes les discussions humaines, autant que les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ce sont les trésors de vérité divine répandus dans ces pages saintes par Celui dont elles racontent la vie. Pour les recueillir, peu importe d'être théologien ou de ne l'être pas : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
Louis Bonnet,
Docteur en théologie.