A notre regard humain, certains préceptes du Seigneur semblent bien utopiques. Ainsi par exemple lorsqu’Il nous demande de « prier sans jamais se lasser » (Lc 18, 1), ou encore de « prier sans cesse » (1 Thess 5, 17). N’est-ce pas là tout ignorer de la nature humaine, si encline à la distraction, fatigable à l’envi et de toute façon bien obligée de s’occuper des choses de ce monde ? Notre Créateur aurait-il oublié de quelle pâte fragile nous sommes constitués ? Poussières appelées à redevenir poussière (Ge 3, 19), nous ne sommes point de ces séraphins qui constamment contemplent la face de Dieu. Comment d’ailleurs passer sa vie en oraisons, quand dans le même temps Dieu nous demande de soumettre la terre et de la faire fructifier (Ge 1, 28), qui plus est à la sueur de notre front (Ge 3, 17-19) ?
Notre perplexité ne fait qu’augmenter à l’audition d’une autre parole du Christ. Tandis qu’Il réclame de nous une prière continuelle, Notre-Seigneur nous demande encore de prier en peu de mots, comme brièvement : « Quand vous priez, ne multipliez pas les paroles, comme font les païens, qui s’imaginent être exaucés à force de paroles » (Mt 6, 7). Serait-ce donc qu’il faille abréger sa prière, à l’heure même où il nous est demandé de ne point la cesser ? Quelque peu décontenancés par de tels propos, redisons humblement à la suite des premiers disciples : « Seigneur, apprenez-nous à prier » (Le 11, 1), qu’est-ce donc que la prière continuelle ?
La prière continuelle a son secret. Elle se passe de mots, elle n’est point faite de contention. Nul besoin d’y fléchir le genou ou d’y mettre mantille. De tout lieu se contente, à chaque occupation elle s’adapte. Multiforme, elle est foncièrement simple. Elle envahit tout, elle transfigure tout, elle sanctifie tout. Sa définition est simple. Selon le mot de saint Augustin, elle s’appelle désir : « Le désir est une prière continuelle. Alors même que la langue garde le silence. Si vous ne cessez de désirer, vous ne cessez de prier. » De même que le désir de l’être aimé habite le cœur de la future épouse en toutes ses occupations, ainsi la prière continuelle habite le cœur de l’Église et voudrait envahir chacun de ses membres. Le désir, c’est l’inclination de l’amour. La prière continuelle, c’est donc l’inclination foncière qui oriente l’âme vers Dieu. Elle est cette présence d’amour qui toujours demeure, quoi qu’il en soit de l’absence apparente. Elle est le plus sûr gage du salut : c’est pour avoir été « un homme de désirs » (Dn 9, 23) que Daniel fut exaucé par Dieu.
De cette prière continuelle, le grand apôtre voudrait nous voir vivre. Ce souhait le plus cher, il nous l’exprimera en la sainte nuit de Pâques, et plus que jamais je le fais mien à l’endroit de chacun d’entre vous : « Pour vous qui êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu. Ayez goût pour ce qui est en haut, non pour ce qui est sur terre. » (Col 3, 1, épître de la nuit de Pâques).
Notre perplexité ne fait qu’augmenter à l’audition d’une autre parole du Christ. Tandis qu’Il réclame de nous une prière continuelle, Notre-Seigneur nous demande encore de prier en peu de mots, comme brièvement : « Quand vous priez, ne multipliez pas les paroles, comme font les païens, qui s’imaginent être exaucés à force de paroles » (Mt 6, 7). Serait-ce donc qu’il faille abréger sa prière, à l’heure même où il nous est demandé de ne point la cesser ? Quelque peu décontenancés par de tels propos, redisons humblement à la suite des premiers disciples : « Seigneur, apprenez-nous à prier » (Le 11, 1), qu’est-ce donc que la prière continuelle ?
La prière continuelle a son secret. Elle se passe de mots, elle n’est point faite de contention. Nul besoin d’y fléchir le genou ou d’y mettre mantille. De tout lieu se contente, à chaque occupation elle s’adapte. Multiforme, elle est foncièrement simple. Elle envahit tout, elle transfigure tout, elle sanctifie tout. Sa définition est simple. Selon le mot de saint Augustin, elle s’appelle désir : « Le désir est une prière continuelle. Alors même que la langue garde le silence. Si vous ne cessez de désirer, vous ne cessez de prier. » De même que le désir de l’être aimé habite le cœur de la future épouse en toutes ses occupations, ainsi la prière continuelle habite le cœur de l’Église et voudrait envahir chacun de ses membres. Le désir, c’est l’inclination de l’amour. La prière continuelle, c’est donc l’inclination foncière qui oriente l’âme vers Dieu. Elle est cette présence d’amour qui toujours demeure, quoi qu’il en soit de l’absence apparente. Elle est le plus sûr gage du salut : c’est pour avoir été « un homme de désirs » (Dn 9, 23) que Daniel fut exaucé par Dieu.
De cette prière continuelle, le grand apôtre voudrait nous voir vivre. Ce souhait le plus cher, il nous l’exprimera en la sainte nuit de Pâques, et plus que jamais je le fais mien à l’endroit de chacun d’entre vous : « Pour vous qui êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu. Ayez goût pour ce qui est en haut, non pour ce qui est sur terre. » (Col 3, 1, épître de la nuit de Pâques).