En Moselle, un rassemblement de Tsiganes évangéliques suscite des remous
Gauthier Vaillant, le 27/08/2017 à 16h23 Envoyer par email
EXPLICATION La venue de 30 000 chrétiens évangéliques de la communauté des gens du voyage sur l’ancienne base militaire de Grostenquin (Moselle), pour la convention du mouvement « Vie et lumière », qui débute dimanche 27 août, rencontre l’hostilité des élus locaux et des agriculteurs.
► Quel est ce rassemblement ?
Environ 30 000 gens du voyage, et 6 000 caravanes, sont rassemblés depuis dimanche 27 août et jusqu’au dimanche 3 septembre sur l’ancienne base aérienne militaire de Grostenquin (Moselle), pour la convention estivale du mouvement pentecôtiste « Vie et lumière ». Créé dans les années 1950 à l’initiative du pasteur Clément Le Cossec, surnommé « l’apôtre des Gitans », ce mouvement compte aujourd’hui 260 églises et 1 800 pasteurs.
Prêches, cultes, louange, baptêmes par immersion… Ce rassemblement annuel voit affluer chaque été plusieurs dizaines de milliers de personnes de la communauté des gens du voyage, venus de toute la France mais aussi d’autres pays européens, notamment la Belgique et le Royaume-Uni. Le lieu de l’événement varie d’une année à l’autre. Il se déroule souvent près de Chaumont (Haute-Marne), et a déjà eu lieu à Grostenquin une fois, en 2015. Et c’est peu de dire que le retour de « Vie et Lumière » en Moselle n’enchante pas tout le monde.
► Pourquoi ce rassemblement suscite-t-il la controverse ?
Tout au long de l’été, les élus de la région ainsi que les agriculteurs ont montré leur hostilité et ont tenté, en vain, d’obtenir l’annulation du rassemblement. Selon eux, l’édition 2015 avait donné lieu à des débordements et à de nombreuses dégradations. En 2015, l’afflux de personnes et de véhicules avait par ailleurs engorgé lourdement les routes dans les communes avoisinantes, dans les jours précédant la convention. Les élus estiment en outre que les conditions de sécurité ne sont pas réunies. « L’État veut entasser 30 000 personnes, soit l’équivalent de deux fois la ville de Saint-Avold, sur une base aérienne. Une telle concentration de personnes est dangereuse », avait ainsi déclaré au journal régional Le Républicain lorrain Patrick Seichepine, maire de Grostenquin, en juillet dernier, à l’issue d’une rencontre entre les maires locaux et le préfet de Moselle. « Les conditions de sécurité ne peuvent pas être assurées. Il n’y a qu’un seul accès et qu’une seule sortie à la base. On va se retrouver avec 10 000 véhicules sur une seule route départementale, c’est impossible », poursuivait-il, émettant également des doutes sur la salubrité du lieu.
Les agriculteurs, eux, craignent pour leurs champs. « Les gens du voyage débarquent quinze jours avant le début de la convention et campent dans nos champs. Ils ravagent tout, font des ornières, laissent derrière eux des tonnes de déchets. On a beau déposer plainte, nous ne sommes jamais entendus », déclarait au début de l’été au Républicain Lorrain, Sylvain Frantz, représentant en Moselle du syndicat agricole Coordination rurale.
► Quelle réponse de l’État ?
Les revendications des élus et des agriculteurs ne s’adressent pas aux organisateurs ou aux participants de « Vie et Lumière », mais bien à l’État. Propriétaire de la base de Grostenquin, c’est lui qui détermine chaque année le lieu du rassemblement.
Pour tenter de calmer la grogne, le préfet a fait connaître, à la mi-août, des mesures préventives pour limiter les problèmes de 2015. Restriction des autorisations de stationner pour les caravanes dans les jours précédent la convention, renforts de gendarmerie, mais aussi des mesures destinées à convaincre que l’événement générerait localement des retombées économiques. « Les travaux d’aménagement du site, menés dans le cadre de marchés publics, ont retenu des entreprises locales pour assurer certaines prestations », a ainsi souligné le préfet. Un marché alimentaire présent sur la base pendant toute la durée du rassemblement devrait également accueillir des producteurs locaux.
Enfin, le premier ministre, Édouard Philippe, a d’ores et déjà assuré, dans une lettre adressée à un conseiller départemental, que l’édition 2017 de « Vie et Lumière » serait le dernier rassemblement organisé sur la base de Grostenquin.
Gauthier Vaillant
http://www.la-croix.com/Religion/Protestantisme/En-Moselle-rassemblement-Tsiganes-evangeliques-suscite-remous-2017-08-27-1200872294?from_univers=lacroix
Gauthier Vaillant, le 27/08/2017 à 16h23 Envoyer par email
EXPLICATION La venue de 30 000 chrétiens évangéliques de la communauté des gens du voyage sur l’ancienne base militaire de Grostenquin (Moselle), pour la convention du mouvement « Vie et lumière », qui débute dimanche 27 août, rencontre l’hostilité des élus locaux et des agriculteurs.
► Quel est ce rassemblement ?
Environ 30 000 gens du voyage, et 6 000 caravanes, sont rassemblés depuis dimanche 27 août et jusqu’au dimanche 3 septembre sur l’ancienne base aérienne militaire de Grostenquin (Moselle), pour la convention estivale du mouvement pentecôtiste « Vie et lumière ». Créé dans les années 1950 à l’initiative du pasteur Clément Le Cossec, surnommé « l’apôtre des Gitans », ce mouvement compte aujourd’hui 260 églises et 1 800 pasteurs.
Prêches, cultes, louange, baptêmes par immersion… Ce rassemblement annuel voit affluer chaque été plusieurs dizaines de milliers de personnes de la communauté des gens du voyage, venus de toute la France mais aussi d’autres pays européens, notamment la Belgique et le Royaume-Uni. Le lieu de l’événement varie d’une année à l’autre. Il se déroule souvent près de Chaumont (Haute-Marne), et a déjà eu lieu à Grostenquin une fois, en 2015. Et c’est peu de dire que le retour de « Vie et Lumière » en Moselle n’enchante pas tout le monde.
► Pourquoi ce rassemblement suscite-t-il la controverse ?
Tout au long de l’été, les élus de la région ainsi que les agriculteurs ont montré leur hostilité et ont tenté, en vain, d’obtenir l’annulation du rassemblement. Selon eux, l’édition 2015 avait donné lieu à des débordements et à de nombreuses dégradations. En 2015, l’afflux de personnes et de véhicules avait par ailleurs engorgé lourdement les routes dans les communes avoisinantes, dans les jours précédant la convention. Les élus estiment en outre que les conditions de sécurité ne sont pas réunies. « L’État veut entasser 30 000 personnes, soit l’équivalent de deux fois la ville de Saint-Avold, sur une base aérienne. Une telle concentration de personnes est dangereuse », avait ainsi déclaré au journal régional Le Républicain lorrain Patrick Seichepine, maire de Grostenquin, en juillet dernier, à l’issue d’une rencontre entre les maires locaux et le préfet de Moselle. « Les conditions de sécurité ne peuvent pas être assurées. Il n’y a qu’un seul accès et qu’une seule sortie à la base. On va se retrouver avec 10 000 véhicules sur une seule route départementale, c’est impossible », poursuivait-il, émettant également des doutes sur la salubrité du lieu.
Les agriculteurs, eux, craignent pour leurs champs. « Les gens du voyage débarquent quinze jours avant le début de la convention et campent dans nos champs. Ils ravagent tout, font des ornières, laissent derrière eux des tonnes de déchets. On a beau déposer plainte, nous ne sommes jamais entendus », déclarait au début de l’été au Républicain Lorrain, Sylvain Frantz, représentant en Moselle du syndicat agricole Coordination rurale.
► Quelle réponse de l’État ?
Les revendications des élus et des agriculteurs ne s’adressent pas aux organisateurs ou aux participants de « Vie et Lumière », mais bien à l’État. Propriétaire de la base de Grostenquin, c’est lui qui détermine chaque année le lieu du rassemblement.
Pour tenter de calmer la grogne, le préfet a fait connaître, à la mi-août, des mesures préventives pour limiter les problèmes de 2015. Restriction des autorisations de stationner pour les caravanes dans les jours précédent la convention, renforts de gendarmerie, mais aussi des mesures destinées à convaincre que l’événement générerait localement des retombées économiques. « Les travaux d’aménagement du site, menés dans le cadre de marchés publics, ont retenu des entreprises locales pour assurer certaines prestations », a ainsi souligné le préfet. Un marché alimentaire présent sur la base pendant toute la durée du rassemblement devrait également accueillir des producteurs locaux.
Enfin, le premier ministre, Édouard Philippe, a d’ores et déjà assuré, dans une lettre adressée à un conseiller départemental, que l’édition 2017 de « Vie et Lumière » serait le dernier rassemblement organisé sur la base de Grostenquin.
Gauthier Vaillant
http://www.la-croix.com/Religion/Protestantisme/En-Moselle-rassemblement-Tsiganes-evangeliques-suscite-remous-2017-08-27-1200872294?from_univers=lacroix