Œcuménisme, les réformés mettent fin à 500 ans de contentieux théologique
Marie Malzac, le 05/07/2017 à 7h07
La Communion mondiale d’Églises réformées s’apprête à signer mercredi 5 juillet à Wittenberg, ville allemande où est née la Réforme protestante en 1517, la Déclaration commune sur la justification par la grâce, un texte œcuménique majeur mettant fin à 500 ans de contentieux théologique. Trois questions pour comprendre.
Statue de Martin LUTHER, place de l'hôtel de ville, à Wittenberg, en Allemagne, où a lieu la signature de la déclaration commune aux réformés.
Statue de Martin LUTHER, place de l'hôtel de ville, à Wittenberg, en Allemagne, où a lieu la signature de la déclaration commune aux réformés. / Patrice THEBAULT/CIRIC/
1/De quel document s’agit-il ?
En 1999, un texte majeur était signé entre catholiques et luthériens à Augsbourg, en Allemagne. Au terme de longues années d’un dialogue amorcé à la suite du Concile Vatican II, ils s’étaient finalement accordés sur une formulation commune du cœur de leur foi, à savoir le salut accordé aux hommes par la grâce divine, et non en raison de leurs mérites. Cet accord sur « la justification par la grâce », pour reprendre la formule communément admise, mettait ainsi fin à 500 ans d’un contentieux théologique à l’origine de la Réforme protestante. En effet, au XVIe siècle, alors que l’Église catholique insistait sur l’importance des œuvres, et invitait même les fidèles à acheter des indulgences pour s’assurer le paradis, Luther et les autres réformateurs s’élevèrent contre cette vision pour affirmer la primauté de la grâce.
Dans l’accord de 1999 – fortement voulu par Jean-Paul II et auquel le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à l’époque, avait personnellement travaillé –, catholiques et luthériens reconnaissaient que les condamnations prononcées à l’époque de la Réforme n’avaient plus lieu d’être.
La Déclaration d’Augsbourg n’avait pas fait l’unanimité au sein du monde protestant, qui était resté divisé quant à ce rapprochement avec l’Église catholique. Sept ans plus tard, les méthodistes s’associèrent toutefois à ce texte.
A LIRE : Le rapprochement d'Augsbourg
2/ Quel est l’enjeu de cette avancée ?
C’est désormais au tour de la Communion mondiale d’Églises réformées de rejoindre cet accord. Dans le cadre d’une liturgie œcuménique, ses responsables y adhéreront officiellement aujourd’hui, en présence de délégués des autres Églises souscrivant à ce texte, dont Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.
En cette année de commémoration des 500 ans de la Réforme, l’intégration de la Communion mondiale d’Églises réformées marque une étape déterminante pour l’unité des chrétiens, puisque cette Communion est l’une des entités les plus importantes du monde protestant, avec environ 80 millions de fidèles.
Pour le théologien luthérien André Birmelé, figure de pointe de l’œcuménisme, cette Déclaration commune « n’est pas une conclusion de dialogue comme une autre, puisqu’elle n’engage pas seulement les théologiens signataires, comme c’est le cas normalement, mais bien les Églises concernées ».
3/ Comment ce progrès a-t-il été possible ?
Ce progrès œcuménique majeur est le fruit d’une méthodologie mise en place pour aboutir à la Déclaration d’Augsbourg, celle du « consensus différencié », qui reconnaît que l’unité de la foi peut être portée par différents langages. « Cela signifie que nous reconnaissons qu’il y a des différences, explique le Père Emmanuel Gougaud, directeur du service national pour l’unité des chrétiens de l’épiscopat français, mais qu’elles ne sont plus séparatrices ».
Désormais, ce consensus s’étend aussi aux réformés du monde entier. Dans les faits, rien ne bouge, mais de nouveaux jalons théologiques sont posés afin de poursuivre le dialogue, en levant le principal obstacle théologique qui avait suscité la Réforme.
Marie Malzac
Le 28 mai 2017, lors de la cérémonie de clôture du Kirchentag à Wittemberg.
http://www.la-croix.com/Religion/Protestantisme/OEcumenisme-reformes-mettent-fin-500-ans-contentieux-theologique-2017-07-05-1200860500
Marie Malzac, le 05/07/2017 à 7h07
La Communion mondiale d’Églises réformées s’apprête à signer mercredi 5 juillet à Wittenberg, ville allemande où est née la Réforme protestante en 1517, la Déclaration commune sur la justification par la grâce, un texte œcuménique majeur mettant fin à 500 ans de contentieux théologique. Trois questions pour comprendre.
Statue de Martin LUTHER, place de l'hôtel de ville, à Wittenberg, en Allemagne, où a lieu la signature de la déclaration commune aux réformés.
Statue de Martin LUTHER, place de l'hôtel de ville, à Wittenberg, en Allemagne, où a lieu la signature de la déclaration commune aux réformés. / Patrice THEBAULT/CIRIC/
1/De quel document s’agit-il ?
En 1999, un texte majeur était signé entre catholiques et luthériens à Augsbourg, en Allemagne. Au terme de longues années d’un dialogue amorcé à la suite du Concile Vatican II, ils s’étaient finalement accordés sur une formulation commune du cœur de leur foi, à savoir le salut accordé aux hommes par la grâce divine, et non en raison de leurs mérites. Cet accord sur « la justification par la grâce », pour reprendre la formule communément admise, mettait ainsi fin à 500 ans d’un contentieux théologique à l’origine de la Réforme protestante. En effet, au XVIe siècle, alors que l’Église catholique insistait sur l’importance des œuvres, et invitait même les fidèles à acheter des indulgences pour s’assurer le paradis, Luther et les autres réformateurs s’élevèrent contre cette vision pour affirmer la primauté de la grâce.
Dans l’accord de 1999 – fortement voulu par Jean-Paul II et auquel le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à l’époque, avait personnellement travaillé –, catholiques et luthériens reconnaissaient que les condamnations prononcées à l’époque de la Réforme n’avaient plus lieu d’être.
La Déclaration d’Augsbourg n’avait pas fait l’unanimité au sein du monde protestant, qui était resté divisé quant à ce rapprochement avec l’Église catholique. Sept ans plus tard, les méthodistes s’associèrent toutefois à ce texte.
A LIRE : Le rapprochement d'Augsbourg
2/ Quel est l’enjeu de cette avancée ?
C’est désormais au tour de la Communion mondiale d’Églises réformées de rejoindre cet accord. Dans le cadre d’une liturgie œcuménique, ses responsables y adhéreront officiellement aujourd’hui, en présence de délégués des autres Églises souscrivant à ce texte, dont Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.
En cette année de commémoration des 500 ans de la Réforme, l’intégration de la Communion mondiale d’Églises réformées marque une étape déterminante pour l’unité des chrétiens, puisque cette Communion est l’une des entités les plus importantes du monde protestant, avec environ 80 millions de fidèles.
Pour le théologien luthérien André Birmelé, figure de pointe de l’œcuménisme, cette Déclaration commune « n’est pas une conclusion de dialogue comme une autre, puisqu’elle n’engage pas seulement les théologiens signataires, comme c’est le cas normalement, mais bien les Églises concernées ».
3/ Comment ce progrès a-t-il été possible ?
Ce progrès œcuménique majeur est le fruit d’une méthodologie mise en place pour aboutir à la Déclaration d’Augsbourg, celle du « consensus différencié », qui reconnaît que l’unité de la foi peut être portée par différents langages. « Cela signifie que nous reconnaissons qu’il y a des différences, explique le Père Emmanuel Gougaud, directeur du service national pour l’unité des chrétiens de l’épiscopat français, mais qu’elles ne sont plus séparatrices ».
Désormais, ce consensus s’étend aussi aux réformés du monde entier. Dans les faits, rien ne bouge, mais de nouveaux jalons théologiques sont posés afin de poursuivre le dialogue, en levant le principal obstacle théologique qui avait suscité la Réforme.
Marie Malzac
Le 28 mai 2017, lors de la cérémonie de clôture du Kirchentag à Wittemberg.
http://www.la-croix.com/Religion/Protestantisme/OEcumenisme-reformes-mettent-fin-500-ans-contentieux-theologique-2017-07-05-1200860500