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Mouvements religieux : l’héritage spirituel de Sun Myung Moon

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Josué

Josué
Administrateur

Mouvements religieux : l’héritage spirituel de Sun Myung Moon et les schismes du Mouvement de l’unification
PAR JEAN-FRANÇOIS MAYER - RELIGIOSCOPE, 4 JUIN 2017

Une réunion peu commune s’est tenue à la fin du mois de mai à Anvers : des représentants des trois principaux mouvements rivaux issus de la prédication de Sun Myung Moon se sont réunis, en présence de quelques chercheurs et anciens membres, pour présenter leurs positions et débattre de leurs divergences doctrinales. Après la mort de son fondateur, le mouvement unificationniste donne ainsi naissance non seulement à plusieurs groupes, mais aussi à plusieurs théologies.
Si l'Église de l'unification est l'un des mouvements religieux contemporains d'origine coréenne les plus connus et est parvenu à s'internationaliser en intégrant des fidèles d’autres origines, il existe en Corée bien d’autres groupes nés à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Plusieurs sont numériquement plus importants. Ce n'est pas la taille de l'Église de l'unification qui retient l'attention, mais son histoire et les controverses qui l’ont fait connaître en Occident et ailleurs dans les années 1970 et 1980. Les divisions intervenues dans le mouvement depuis quelques années sont éclairantes pour l'analyse de l'évolution des nouveaux groupes religieux après la mort de leur fondateur ainsi que pour l'étude de la dynamique des schismes.

Les grandes cérémonies de bénédiction de mariages qu'il présidait avec son épouse avaient contribué à la notoriété de Sun Myung Moon (source : Wikimedia).

Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer les conséquences du décès du Rév. Moon et ces divisions dans de précédents articles (« Église de l’unification: la succession de Sun Myung Moon », 14 septembre 2012 ; « De l’Église de l’Unification à l’Église du Sanctuaire : naissance et justification d’un schisme », 22 septembre 2015). Nous ne répéterons pas ce que nous avions écrit dans ces textes. Mais la réunion qui s'est tenue les 29 et 30 mai 2017 à la Faculté pour l'étude comparée des religions et de l'humanisme (FVG) à Anvers était un événement sans précédent et particulièrement instructif : des représentants des trois principaux groupes ont, pour la première fois, participé à une rencontre académique pour présenter leurs points de vue et débattre de leurs différends devant un groupe de chercheurs. Il ne s'agit pas de proposer un résumé complet de ces deux journées au programme bien rempli, d'autant plus que certains des débats ne pourraient être compris qu'avec de bonnes connaissances préalables de la théologie unificationniste. Ce compte rendu se limitera donc à résumer quelques points cruciaux, sans pouvoir entrer dans la complexité des arguments échangés : à l’heure d’Internet, il devient heureusement assez aisé, pour les personnes souhaitant approfondir de trouver des documents détaillant les différents points de vue.
Un mouvement complexe aux activités multiformes

Comme l'a rappelé Eileen Barker (INFORM, London School of Economics), le groupe religieux fondé en 1954 en Corée par Sun Myung Moon (1920-2012) sous le nom d'Association du Saint-Esprit pour l'unification du christianisme mondial devint un mouvement international qui attira l'attention publique de façon disproportionnée par rapport au nombre de ses membres. Depuis le décès de son fondateur, ce mouvement connaît des schismes, accompagnés d’évolutions doctrinales parfois inattendues.

Sun Myung Moon et son épouse, appelés les « Vrais Parents » dans le vocabulaire unificationniste (source de l'illustration: Wikimedia).

Le mouvement unificationniste recouvre une variété de réalités, souligne Barker. C'est un mouvement religieux, avec une histoire de la chute et un retour de l'humanité à son identité originelle centrée sur Dieu. C'est un mouvement spiritualiste, dans le sens où le monde des esprits et l'influence de ceux-ci dans nos vies joue un rôle important, sur un arrière-plan marqué par le chamanisme. C'est un mouvement charismatique, tournant autour de la figure de Sun Myung Moon et des récits de sa vie proposés pour l'édification de ses disciples. C'est un mouvement messianique, puisque l'enseignement pointe le rôle messianique de Moon, qui a déclaré lui-même ouvertement être le Messie en 2004. C'est un mouvement millénariste et utopiste, qui travaille à l'avènement d'un monde pacifique et uni. C'est un mouvement politique, qui a soutenu pendant des années des initiatives fortement anticommunistes. C'est un mouvement avec des dimensions économiques, à l'origine d'entreprises, de médias et d'institutions académiques, qui contrôle un patrimoine immobilier.
Le mouvement est aujourd’hui divisé en trois principales organisations, de taille et de ressources inégales, auxquelles s'ajoutent d'autres groupes « schismatiques » de plus petite taille dans certaines régions du monde : la Fédération des familles pour la paix (FFP, en anglais : Family Federation for World Peace and Unification, FFWPU), avec les différentes initiatives associées, autour de la veuve de Sun Myung Moon ; la Family Peace Association (FPA, nom adopté en 2016) — qui patronne la Global Peace Foundation (GPF, lancée en 2009), s'adressant à un public plus large — sous la direction du fils aîné survivant de Moon, Hyun Jin Nim (appelé aussi Preston) ; la Sanctuary Church (World Peace and Unification Sanctuary), qui suit son cadet Hyung Jin Nim (appelé aussi Sean, à ne pas confondre avec le précédent, malgré la presque homonymie des noms en coréen), le plus jeune fils du fondateur défunt.
En outre, Barker relève l’existence d’une catégorie de membres « déconnectés », qui se considèrent encore comme unificationnistes, mais ne parviennent à se reconnaître dans aucun des groupes existants et déplorent les divisions survenues : ils peuvent se sentir trahis, n’ayant pas quitté un groupe, mais ayant plutôt l’impression que ce sont les groupes qui les ont quittés. Quant à la catégorie des « marginaux », elle existe depuis plus longtemps et désigne les personnes hésitantes par rapport à leur appartenance : sans rejeter le mouvement, ils hésitent à se décrire encore comme « membres », même si l’une ou l’autre branche les considère encore parfois comme tels.
Des enjeux doctrinaux, personnels, matériels — et des conséquences cosmiques

Les arguments échangés ont été de nature largement doctrinale : un différend survenu au sein d'un mouvement religieux prend presque nécessairement une dimension théologique, même si ce n'est pas le seul aspect. Sans pouvoir lire les pensées des figures dirigeantes de chacun des groupes, il est difficile d'évaluer dans quelle mesure des rivalités de pouvoir et de contrôle de l'organisation ont joué un rôle. Cependant, quelle que soit la part d’autres facteurs, les oppositions se retrouvent profondément théologisées, et les divergences s’expriment à travers une grille doctrinale.
Plus s'affirment des lignes de faille théologiques, plus le fossé devient difficile à combler, arrivant à un point où l’on ne voit guère comment les trois branches pourraient trouver la voie d'une réconciliation, ainsi que le reconnaissait en privé le représentant d'un des trois groupes : en peu de temps, les divergences ont été développées et explicitées à un tel point qu'une réunion entre deux ou plusieurs de ces trois branches exigerait des révisions doctrinales. Il est vrai aussi que l'évolution de chacune d'entre elles n'est pas achevée.
Les membres de chacun des groupes ont adhéré à ce qui s'appelait — selon les périodes — Association pour l'unification du christianisme mondial (AUCM), Église de l'unification ou Fédération des familles pour la paix mondiale et l’unité (FFPMU) de façon très intense, dévouant au départ leur existence entière à l'organisation, épousant un conjoint choisi pour eux par le Rév. Moon, et convaincus du rôle joué par le mouvement non seulement pour le cheminement spirituel de ses membres, mais pour le salut de l'humanité. À l'instar de fondateurs d'autres mouvements religieux, le Rév. Moon s'était placé lui-même et avait placé la mission unificationniste au centre de l'histoire et d'un véritable drame cosmique. D’un point de vue croyant, ce qui se passe actuellement, avec les réorientations prises et les divisions, entraîne des conséquences non seulement pour le groupe, mais pour l’univers entier. Il ne s’agit pas de simples querelles théoriques. Durant les discussions animées qui ont suivi certains exposés, on a ainsi pu entendre un membre d'une des branches s'exclamer que, par la faute des choix de la veuve du Rév. Moon, le monde risquait même de subir une guerre nucléaire. « Une tragédie cosmique s’est produite », a affirmé pour sa part une théologienne de la Sanctuary Church dans sa critique de la voie suivie par Mme Moon.
Pour ceux qui ont consacré une bonne partie de leur vie à cette cause, ce qui se passe est douloureux. Une personne présente confessait, en conversation privée, sentir un ébranlement de ses convictions et commencer à douter du fond même du message. Il ne faut pas négliger cet aspect personnel important que la crise entraîne pour certains membres.
Un aspect que la réunion n'a pas abordé, mais qui n'est pas négligeable : les enjeux économiques, c'est-à-dire le contrôle des biens et entreprises liées au mouvement et permettant de financer une partie des activités. Selon les informations disponibles, principalement la FFWPU/FFP et la FPA détiendraient ces avoirs, et les actions légales à ce sujet ne sont pas terminées. Faute de données précises permettant de brosser un tableau des enjeux économiques, ce compte rendu se concentrera sur les questions abordées à Anvers, c'est-à-dire les différends doctrinaux.

Massimo Introvigne (CESNUR) examine la dynamique des schismes dans le Mouvement de l'unification. Assis à gauche sur la photographie, Chris Vonck, recteur de la FVG.

Quant aux effectifs des différents groupes, selon des estimations la branche la plus importante (FFWPU/FFPMU), qui suit la veuve du Rév. Moon, compterait aujourd'hui plus de 50.000 membres. La Sanctuary Church déclare rassembler 10.000 personnes et la FPA en regrouperait 2.000. Comme on le constate, le nombre total est inférieur à celui qui était estimé pour l'Église de l'unification au sommet de son expansion.
Quels désaccords ?

L'affirmation de son autorité ainsi que de son message par la veuve du Rév. Moon, Hak Ja Han (née en 1943, appelée True Mother dans le vocabulaire du mouvement), a surpris plus d'un observateur et plus d'un membre du mouvement. L'un des enjeux doctrinaux cruciaux est sa rupture avec une approche patriarcale. Michael Mickler (Unification Theological Seminary) n’hésite pas à affirmer que le mouvement unificationniste se trouverait aujourd’hui plongé dans une « bataille des sexes » : alors que les fils du Rév. Moon continuent d’insister sur un modèle d’autorité patriarcale, Mme Moon estime qu’il revient désormais aux femmes d’assumer le rôle dirigeant dans la conduite du développement humain. Des doctrines unificationnistes centrales se trouvent réinterprétées dans une perspective matriarcale.

Mme Moon (Hak Ja Han) durant une récente allocution, dans une vidéo de nouvelles hebdomadaires sur le site officiel du mouvement (http://familyfedihq.org/2017/06/true-parents-news-weekly-update-129/).

Andrew Wilson (Unification Theological Seminary) salue la démarche de Mme Moon, tournant le dos à l’ère patriarcale pour inaugurer celle des femmes. Ce discours s’appuierait notamment sur des références parsemant des discours du Rév. Moon dès les années 1990.
Hak Ja Han a décidé qu’il faudrait désormais s’adresser à Dieu non plus comme Heavenly Father (Père céleste), ainsi que le faisaient jusqu’à maintenant les fidèles, mais comme Heavenly Parent (Parent céleste) — même si cette pratique est loin d’avoir été unanimement adoptée au quotidien, en raison de la longue habitude de prier différemment. En outre, il reste à réviser différents textes, par exemple certains chants. Même si la piété du mouvement n’a pas encore complètement intégré les dernières évolutions, admet Wilson, un certain nombre de femmes, notamment, les auraient adoptées avec enthousiasme. Dieu est également approché comme Mère.
Andrew Wilson refuse de considérer la two-gender theology comme une innovation déviante : dans le texte original coréen de 1951 dans lequel Moon avait exposé sa doctrine (Wolli Wonbon), texte en cours de traduction en anglais, Wilson affirme que le fondateur parlait de Dieu à la fois comme Heavenly Father et Heavenly Mother.
Mickler déclare que la bonne issue à la controverse serait de se mettre d’accord sur une compréhension sexuellement neutre de la nature divine (gender neutral model), pour dépasser les limitations tant du modèle patriarcal que du modèle matriarcal, mettant par la même de côté les revendications fondées sur le genre. Les autres groupes réfutent cependant cette idée. Ainsi, commente Youngjun Kim :
« Le Principe est très clair [sur le fait] que Dieu a créé l’homme et la femme à Son image avec des caractéristiques différentes. Les attentes de Dieu envers Adam étaient différentes de celles envers Ève. Dieu ne les a pas créés de genre neutre, mais il les a créés pour se compléter mutuellement sans qu’il soit nécessaire que l’un soit supérieur à l’autre. »
La critique de la Sanctuary Church va plus loin que le refus d’une inflexion féminine. Kerry Williams soutient même que l’insistance sur les Parents célestes aboutira inéluctablement au dithéisme, à la croyance en deux dieux séparés, avec des volontés et désirs différents. En choisissant ce chemin, Hak Ja Han et ses fidèles dévieraient de l’héritage judéo-chrétien, tandis que la Sanctuary Church tient la Bible pour Parole inspirée de Dieu et texte fondamental étudié par Sun Myung Moon pour aboutir à son exposition du Principe divin. Andrew Wilson rétorque que la compréhension de Dieu ayant des caractéristiques duales de masculinité et de féminité n’a rien à voir avec le dithéisme.
Ce n’est pas la seule ligne de faille. Un autre point de friction est le statut revendiqué par la veuve du Rév. Moon. Pour ses partisans, remarque Mickler, Mme Moon n’est pas le successeur du Rév. Moon, mais elle poursuit seule une tâche jusqu’alors partagée avec son mari. Cela s’accompagne d’une critique de la place dévolue aux femmes dans la culture unificationniste et de certains aspects du style de direction de son défunt mari.
Ses critiques estiment qu'elle en est arrivée à se placer au-dessus du Rév. Moon. Ce point de vue est contesté par les théologiens de la FFWPU, comme Andrew Wilson, qui explique que beaucoup de membres n'avaient pas totalement intégré le principe des « Vrais Parents » (c'est-à-dire Sun Myung Moon et son épouse) : concentrés sur la figure du Rév. Moon, ils s'attendaient à voir sa veuve rester à l'arrière-plan et l'autorité passer à un héritier mâle.
Mais il y a plus en jeu que le choix du successeur. Hak Ja Han déclare qu’elle est née exempte du péché originel, ce qui n’aurait en revanche pas été le cas du Rév. Moon ; elle aurait été l’égale de son mari, et non formée par ses soins, comprenant le Principe Divin (les fondements de la doctrine unificationniste) de façon innée. « Une nouvelle théologie ! », s’indignent les partisans de la Sanctuary Church, qui l’accusent de mettre son mari à l’écart et de se placer au-dessus de lui, finissant — selon leur interprétation — par se considérer comme celle qui aurait sauvé le Rév. Moon. Si elle est née sans péché, c’est alors elle qui devient le Messie ! Certes, Sun Myung Moon a souvent fait l’éloge de son épouse — mais il l’a souvent critiquée aussi, remarquent-ils, citant différents discours à l’appui de leur position. Une épreuve ultime se présentait à Mother, et elle aurait échoué.
De la part des deux autres groupes, l’affirmation de Mme Moon selon laquelle elle serait la « Seule Fille Engendrée » de Dieu (Only Begotten Daughter) lui attire de vives critiques, que Mark Bramwell (FPA), également présent à la réunion d’Anvers, résume en ces termes dans un document accessible en ligne :
« En adoptant une nouvelle identité en tant que “la seule fille engendrée”, dans le sens d’être indépendante de son mari quant au lignage, elle s’est mise en contradiction par rapport à ce que Père a enseigné à propos du lignage. Il a clairement enseigné que Dieu envoie un être mâle, le vrai Adam, qui rétablit Ève à partir du monde déchu. Le premier vrai père est porteur du lignage de Dieu de Dieu et le transmet à son épouse, à ses enfants et à toute l’humanité. Mère prétend même être d’un lignage supérieur à celui de Père, annonçant que, tandis que Père est issu d’un lignage déchu — recevant le lignage divin de Jésus lui-même à l’âge de 15 ans, [tandis qu’]elle serait elle-même née dans le lignage de Dieu. » (« End of the Cosmic Conflict: Today’s Movement in Light of the Immutable Providence of God », 2016, pp. 8-9, téléchargeable au format PDF)
Ce n’est bien entendu pas en ces termes que les représentants de la FFWPU comprennent la situation : ils expliquent que Mme Moon affirme ainsi son autorité, sans devoir la dériver de celle de son défunt époux.

Comme le note Mickler, les stratégies de légitimation des fils du Rév. Moon passent nécessairement par la délégitimation de leur mère, accusée de déviation doctrinale, voire démonisée (Hak Ja Han est présentée comme la « prostituée de Babylone » du livre biblique de l’Apocalypse dans la Sanctuary Church, tandis que la FPA, tout en partageant nombre de critiques contre Mme Moon, prend ses distances par rapport à ces propos).
Un autre point épineux est le statut des textes sacrés du mouvement. Moon avait institué un ensemble assez disparate de huit textes comme base scripturaire pour définir les croyances unificationnistes. Dans l'optique de Hak Ja Han, ces textes représentaient en fait un projet non achevé. Elle a donc lancé une entreprise de sélection et de révision, retirant les éditions originales et incluant également certains de ses propres discours auxquels elle confère ainsi une valeur canonique. Les deux autres groupes, à l’inverse, estiment que l’ensemble des textes choisis par le Rév. Moon ont un statut intangible et accusent sa veuve de modifier la doctrine sous prétexte de les réviser.

Andrew Wilson (Unification Theological Seminary) commente l'approche des textes sacrés du mouvement.

C’est ainsi que — comme la FPA — la Sanctuary Church affirme son attachement aux Eight Textbooks tandis que la FFWPU/FFP définit depuis 2014 trois volumes (Cheon Seong Gyeong, Pyeong Hwa Gyeong et Cham Bumo Gyeong) comme ses Écritures saintes. Si l’Exposition du Principe Divin, qui a introduit nombre de convertis à l’unificationnisme, continue d’être diffusée, ce volume ne fait en revanche pas partie du corps scripturaire proprement dit — ce que reprochent les groupes qui ne suivent pas Mme Moon.

Richard Panzer (Sanctuary Church) explique pourquoi son groupe est attaché aux textes fondamentaux tels qu'ils avaient été établis par Sun Myung Moon.

La question du principe de succession constitue un autre sujet débattu. Il s’agit non seulement de savoir qui est aujourd’hui le véritable successeur du Rév. Moon, mais aussi comment la succession à la tête du mouvement doit être réglée de façon générale. Hak Ja Han a constitué en 2014 un Conseil suprême pour l’assister, dans lequel figurent tant des membres de la famille Moon que d’autres unificationnistes, qui pourrait assumer la direction du mouvement si elle n’en était plus capable un jour. Cela semble annoncer pour l’avenir une succession sur un modèle administratif plutôt qu’autour du charisme d’un dirigeant. Mme Moon chercherait à substituer au lignage direct de Father « la hiérarchie ecclésiastique d’une organisation religieuse », accusent ses opposants (Bramwell, art. cité, p. 12). En revanche, les deux autres groupes tiennent à un modèle de succession masculin dans la lignée du Rév. Moon.
La question de la succession n’est pas un point secondaire, insiste Richard Panzer au nom de la Sanctuary Church, dont il préside la branche américaine. En juin 1983, Father (le Rév. Moon) affirma qu’il aurait toujours un représentant physique sur terre, insistant sur la nécessité de l’accepter unanimement. Hyung Jin (Sean) fut établi comme successeur le 16 avril 2008 (à la place de Hyun Jin [Preston], jusqu'alors successeur désigné), et l’autorité lui fut transmise — ainsi qu’à son épouse — le 31 janvier 2009. Mais dans les semaines suivant le décès du fondateur, Mother (Mme Moon) le destitua de ses fonctions. Il ne s’est pas séparé de sa mère : celle-ci l’a écarté parce qu’il représentait un obstacle à ses projets, affirme Panzer.

Hyung Jin Moon (Sean) et son épouse président une cérémonie en 2015 (source : vidéo diffusée par la Sanctuary Church).

Dans les actuelles rivalités transparaît aussi l’attachement à différentes représentations de l’identité du mouvement. Avec la fondation de la FFWPU/FFP en 1996, certains membres avaient eu le sentiment que le modèle de l’Église laissait place à une autre réalité : c’est cette approche qu’avait embrassée Preston Moon, qui a eu le sentiment que la « bureaucratie cléricale » de la FFWPU/FFP restait trop attachée à un modèle Église, note Dan Fefferman (Board of Trustees of the Unification Theological Seminary). Tout en conservant les pratiques de l’Église de l’unification, la FPA ne se présente pas comme une religion, puisque le Rév. Moon aurait proclamé la fin de celles-ci en 1996, relève Massimo Introvigne (CESNUR). Notons que la FPA n’utilise pas l’adjectif unificationniste, « parce que nous ne sommes pas une religion, mais une association d’individus et de familles bénies », précise son vice-président international Youngjun Kim ; cela n’empêche pas ce groupe de maintenir les différentes pratiques instituées par le Rév. Moon, ce qui donne l’impression que le refus d’être une « religion » relève plutôt d’une question de vocabulaire, outre l'attachement à la déclaration du Rév. Moon sur la fin de l'âge des religions. Du côté de Sean Moon, c’est au contraire clairement un modèle d’Église qui est privilégié.

En 2015, Hyun Jin Moon (Preston) - au centre avec son épouse — lors d'une réunion en Corée (source de l'illustration : site officiel de Hyun Jin Moon).

Fefferman relativise pour sa part les conséquences des nouvelles orientations introduites par la création de la FFWPU/FFP : dans la vie de ses membres, le mouvement est toujours resté une Église, estime-t-il.
Des durcissements et des perspectives encore fluides

Comme tout mouvement de naissance récente, l’unificationnisme avait connu des évolutions sous la direction de son fondateur. Cela continue après sa disparition physique, mais avec des embranchements. À l’instar de la FPA, qui déclare « rester fidèle à l’inspiration et à la vision originelles » du Rév. Moon, chaque groupe affirme s’inscrire dans la ligne du fondateur. En fait, chacune des branches privilégie certaines dimensions déjà présentes dans le message hérité du Rév. Moon, avec des trajectoires qui peuvent entraîner de notables innovations. Ainsi que l’ont noté certains orateurs, chacun peut trouver dans les propos du Rév. Moon des arguments à l’appui de son point de vue. À partir de ces accents différents, les groupes connaissent ensuite des évolutions discordantes.
En peu d’années, les changements sont importants, même si le fonds commun reste considérable, sans parler d’une histoire partagée jusqu’aux années 2000. Non seulement les groupes ne considèrent-ils plus exactement les mêmes textes comme Écritures saintes, mais ils articulent un discours qui met l’accent sur leurs différences dans la compréhension de Dieu et du rôle messianique des « Vrais Parents ». Sur une racine commune, ils construisent des récits divergents, allant jusqu’à considérer les groupes rivaux comme hérétiques. Si les deux groupes « dissidents » de l’organisation principale se rejoignent dans la critique de la veuve du Rév. Moon, ils cultivent des utilisations différentes de l’héritage spirituel du fondateur et se critiquent mutuellement : la FPA considère ainsi que Hyung Jin (Sean) aurait lui aussi mené un jeu politique contre son frère aîné avant d’être écarté par sa mère. Il semble difficilement imaginable de les voir se retrouver sur un front commun, d’autant plus qu’ils n’ont pour l’instant aucun véritable intérêt matériel à le faire. Quant à une réconciliation entre la FFWPU et les deux autres groupes, il faudrait un retournement spectaculaire pour que celle-ci puisse se produire avec la Sanctuary Church, après les violentes critiques émises à l’encontre de Hak Ja Han ; quand à la FPA, Mme Moon affirme qu’elle acceptera Hyun Jin (Preston)… s’il se repent et retourne les biens dont il a conservé le contrôle (Weekly Chosun, 25 mai 2015).
Comme le note Donald Westbrook (FVG et Université de Californie à Los Angeles), l’un des chercheurs non unificationnistes présents, le contrôle des branches du mouvement reste de fait largement au sein de la famille Moon et est indissociable de divisions au sein de celles-ci. Quant à l’avenir, Westbrook n’exclut pas une crise de succession au sein de la FFWPU quand Mme Moon (née en 1943, et donc nettement plus jeune que son défunt mari) ne sera plus de ce monde : malgré l’existence du Conseil suprême, il n’est pas impossible que de nouvelles divisions surgissent alors.
Ce qui se passe relève à la fois de disputes de famille, de rivalités de pouvoir, de divergences sur les orientations du mouvement et d’évolutions doctrinales antagonistes. Même s’il est possible d’en faire une lecture sous l’angle d’une lutte pour le contrôle du mouvement, les questions théologiques n’en sont pas moins l’étendard des débats et divisent les fidèles du Mouvement de l’unification. Il est vrai qu’ils avaient adhéré, parfois depuis des décennies, à un mouvement encore fluide, autour d’une figure charismatique qui était la seule source d’autorité et donnait régulièrement de nouvelles impulsions. Sa veuve a montré sa détermination, avec une touche différente, à agir sur le même mode : elle est en train à la fois d’infléchir la doctrine du mouvement et de jeter les bases de son institutionnalisation. Quant aux deux fils rivaux, tout en affirmant défendre l’héritage de leur père, ils sont conduits eux aussi à créer de nouvelles réalités marquées par leur vision de l’unificationnisme et leurs propres inclinations.
Jean-François Mayer
http://www.religion.info/2017/06/04/mouvements-religieux-lheritage-spirituel-de-sun-myung-moon-et-les-schismes-du-mouvement-de-lunification/

samuel

samuel
Administrateur

Il y longtemps que les médias ne parlent plus de ce mouvement et de ses mariages en masse.

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Des milliers de mariages simultanés  en Corée du Sud.
Cet événement  marque  le huitième anniversaire  du fondateur  Sun Moon.

chico.

chico.

Tien je pensait que ce mouvement n'existait plus, en tout cas en France.

Josué

Josué
Administrateur

JusticeJapon : la secte Moon au centre de l’enquête sur le meurtre de Shinzo AbeLa mère de Tetsuya Yamagami, l'assassin présumé de l’ancien Premier ministre japonais, a rejoint l’Église de l’unification en 1998.

La secte Moon a révélé aux enquêteurs l'identité d'une de leurs partisanes, la mère de l'assassin présumé de Shinzo Abe (photo d'illustration).© SAM YEH / AFP
[size=55]Le profil du suspect se dessine jour après jour et les enquêteurs élargissent leurs investigations à son entourage. La mère de l'homme accusé d'avoir assassiné Shinzo Abe est membre de l'Église de l'unification, a confirmé lundi cette organisation, également connue sous le nom de secte Moon, et dont le suspect avait dit vouloir se venger en visant l'ancien Premier ministre japonais. Tetsuya Yamagami, 41 ans, « en voulait à une certaine organisation » et avait décidé de tuer Shinzo Abe parce qu'il pensait que l'ancien chef du gouvernement avait un lien avec celle-ci, avait déclaré vendredi la police japonaise.[/size]
Des médias nippons avaient rapidement évoqué une organisation religieuse sans la nommer, et affirmé que Tetsuya Yamagami en voulait à celle-ci parce qu'elle aurait obtenu des dons importants de sa mère, mettant leur propre famille en grande difficulté financière. « La mère du suspect Tetsuya Yamagami est membre de notre organisation et participe aux événements de l'Église environ une fois par mois », a déclaré lundi Tomihiro Tanaka, le président de la branche japonaise de l'Église de l'unification, lors d'une conférence de presse organisée à la hâte à Tokyo.



Il n'a pas donné de détails sur les dons de la mère du suspect, invoquant l'enquête policière en cours, à laquelle l'organisation veut « coopérer




L'organisation se dit horrifiée par l'assassinat

Cette femme a rejoint ce culte en 1998 et l'organisation a appris qu'elle s'était retrouvée en grande difficulté financière vers 2002, selon Tomihiro Tanaka. « Nous ignorons les circonstances qui ont conduit cette famille à la banqueroute. » Il a aussi assuré que les dons pour l'Église se faisaient de manière volontaire, et que les montants étaient libres. Ce responsable a aussi souligné que son organisation était horrifiée par l'assassinat de Shinzo Abe, lequel n'avait « jamais » été l'un de ses membres ou conseillers.
Shinzo Abe est décédé de ses blessures après avoir été attaqué par balle vendredi alors qu'il prenait la parole lors d'un meeting politique à Nara (ouest du Japon) pour les élections sénatoriales de dimanche. La police locale a reconnu de graves défaillances dans la sécurité de l'événement.
L'Église de l'unification a été fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon (1920-2012). Elle est principalement présente dans ce pays, ainsi qu'aux États-Unis et au Japon. Les enseignements de ce culte célèbre pour ses mariages collectifs de masse sont fondés sur la Bible, avec des interprétations nouvelles. Personnage très controversé devenu milliardaire grâce au vaste empire économique bâti par son Église, Moon assurait avoir eu à l'âge de 15 ans une vision de Jésus-Christ lui enjoignant de poursuivre sa mission afin que l'humanité parvienne à un stade de pureté « sans péchés ».

chico.

chico.


[size=48]Qu'est-ce que la secte Moon, dont fait partie la mère de l’assassin présumé de Shinzo Abe ?


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Religion

Mouvements religieux : l’héritage spirituel de Sun Myung Moon Quest-ce-que-la-secte-moon-dont-fait-partie-la-mere-de-lassassin-presume-de-shinzo-abe

Shinzo Abe, ancien Premier ministre du Japon © Bloomberg / Contributeur
Le profil du suspect du meurtre de l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe se précise. Sa mère fait depuis 1998 partie de l'Église de l'Unification ou "secte Moon", une organisation religieuse cultivant des liens politiques.
GEO AVEC AFP Publié le 11/07/2022 à 15h29
La mère de l'homme accusé d'avoir assassiné vendredi Shinzo Abe est membre de l'Église de l'Unification, a confirmé lundi 11 juillet 2022 cette organisation également connue sous le nom de "secte Moon", et dont le suspect souhaitait se venger en visant l'ancien Premier ministre japonais. Voici quelques éléments sur ce mouvement religieux né en Corée du Sud qui a toujours cultivé des liens avec des responsables politiques, tout en se taillant un empire économique mondial.
⋙ Mort de Shinzo Abe : qui était l'ancien Premier ministre qui a profondément marqué le Japon ?

Qui était le fondateur de la secte Moon ?


Le très controversé Sun Myung Moon (1920-2012) est né dans une famille d'agriculteurs dans ce qui est aujourd'hui la Corée du Nord. Il assurait avoir eu à l'âge de 15 ans une vision de Jésus-Christ lui enjoignant de poursuivre sa mission afin que l'humanité parvienne à un stade de pureté "sans péché". Réfugié de Corée du Nord, rejeté par les Églises protestantes sud-coréennes le considérant comme un hérétique, Moon fonde en 1954 à Séoul sa propre Église, laquelle va très rapidement se mêler de politique en adoptant initialement une ligne farouchement anticommuniste, s'attirant ainsi la sympathie du régime militaire de Corée du Sud à l'époque.

Moon a aussi côtoyé des chefs d'État étrangers, comme Richard Nixon aux États-Unis qu'il avait soutenu lors du scandale du Watergate. Par ailleurs en France, dans les années 1980, son Église avait brièvement entretenu des liens avec le Front national. L'organisation devient progressivement un empire économique présent dans de nombreux secteurs (construction, alimentaire, automobile, tourisme, éducation, médias...) qui fera de son fondateur un milliardaire.
Sun Myung Moon a effectué sa première tournée mondiale en 1965 et s'est installé aux États-Unis au début des années 1970. Condamné pour évasion fiscale par la justice américaine, il passera plus d'une année en prison dans le pays au début des années 1980.

Quelle est l'importance de la secte Moon ?


Connue pour célébrer des mariages collectifs de masse, l'Église de l'Unification est aujourd'hui contrôlée par la veuve de son fondateur, Hak Ja Han, sa seconde épouse avec laquelle il a eu une dizaine d'enfants.
L'organisation avait affirmé en 2012 qu'elle comptait trois millions de fidèles dans le monde. Ce nombre serait toutefois largement exagéré, selon des experts. Son influence aurait nettement reculé depuis les années 1980, en raison des changements sociaux et politiques en Corée du Sud, de divers scandales et de scissions internes, avant et après la mort de son fondateur.
Au-delà de son pays d'origine, l'Église est principalement présente aux États-Unis — où elle se fait appeler dorénavant "Fédération des familles pour la paix et l'unification mondiales" — et au Japon, pays où elle compterait plusieurs dizaines de milliers de fidèles.

Quels liens avec Shinzo Abe ?


L'assassin présumé de M. Abe, Tetsuya Yamagami, 41 ans, "en voulait à une certaine organisation" et avait décidé de tuer M. Abe parce qu'il pensait que l'ancien chef du gouvernement avait un lien avec celle-ci, avait déclaré vendredi la police japonaise. Des médias locaux avaient rapidement évoqué une organisation religieuse, sans la nommer, et affirmé que M. Yamagami en voulait à celle-ci parce qu'elle aurait obtenu des dons importants de sa mère, mettant leur propre famille en grande difficulté financière.

Tomihiro Tanaka, le président de la branche japonaise de l'Église de l'Unification, a confirmé ce lundi que la mère du suspect était membre de l'organisation depuis 1998 et qu'elle s'était retrouvée en difficulté financière vers 2002. "Nous ignorons les circonstances qui ont conduit cette famille à la banqueroute", a-t-il toutefois assuré, affirmant que les dons pour son Église se faisaient de manière volontaire et que les montants étaient libres.
M. Tanaka a aussi souligné que Shinzo Abe n'avait "jamais" été l'un de ses membres ou conseillers. Cependant, des organisations proches de l'Église de l'Unification invitent régulièrement des personnalités politiques de premier plan pour des conférences sur le thème de la paix dans le monde.
L'ancien président américain Donald Trump s'est ainsi exprimé en ligne pour l'un de ces colloques en 2021, et M. Abe avait aussi été critiqué par un groupe d'avocats japonais pour avoir envoyé un message vidéo lors d'un événement similaire. Ces avocats, qui défendent des gens au Japon accusant la secte de les avoir ruinés, avaient aussi protesté quand M. Abe avait envoyé un message de félicitations lors d'une grande cérémonie de mariages collectifs organisés par l'Église en 2006.

Josué

Josué
Administrateur

[size=48]Mort de Shinzo Abe : trois questions sur la secte Moon, au coeur de l'enquête au Japon
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La mère de l'homme accusé d'avoir assassiné l'ancien Premier ministre japonais est membre de l'Eglise de l'Unification, comme l'a confirmé ce lundi ce mouvement religieux né en Corée du Sud.




Mouvements religieux : l’héritage spirituel de Sun Myung Moon Des-milliers-de-couples-lors-d-une-ceremonie-de-mariages-collectifs-organisee-par-l-eglise-de-l-unification-connue-sous-le-nom-de-secte-moon-a-gapyeong-en-coree-du-sud-le-12-fevrier-2014_4741783
[size=10][size=10]Mouvement religieux né en Corée du Sud, la secte Moon a toujours cultivé des liens avec des responsables politiques.

afp.com/Ed Jones


[size=13]J.C. avec AFP
Publié le 11/07/2022 à 14:50, mis à jour à 14:54
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La mère de l'homme accusé d'avoir assassiné Shinzo Abe est membre de l'Eglise de l'Unification. C'est ce qu'a confirmé ce lundi 11 juillet cette organisation également connue sous le nom de "secte Moon". Le suspect, Tetsuya Yamagami, 41 ans, "en voulait à une certaine organisation" et avait décidé de tuer l'ancien Premier ministre japonais parce qu'il pensait qu'il avait un lien avec celle-ci, avait déclaré vendredi dernier la police japonaise, le jour de sa mort. 
Des médias nippons avaient rapidement évoqué une organisation religieuse sans la nommer, et affirmé que Tetsuya Yamagami en voulait à celle-ci parce qu'elle aurait obtenu des dons importants de sa mère, mettant leur propre famille en grande difficulté financière. 

L'Eglise de l'Unification a été fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon (1920-2012). Les enseignements de ce culte sont fondés sur la Bible, avec des interprétations nouvelles. Voici quelques éléments sur ce mouvement religieux qui a toujours cultivé des liens avec des responsables politiques, tout en se taillant un empire économique mondial. 



  • Qui était son fondateur, Sun Myung Moon ?



Le très controversé Sun Myung Moon est né dans une famille d'agriculteurs dans ce qui est aujourd'hui la Corée du Nord. Il assurait avoir eu à l'âge de 15 ans une vision de Jésus-Christ lui enjoignant de poursuivre sa mission afin que l'humanité parvienne à un stade de pureté "sans péché". 
Réfugié de Corée du Nord, rejeté par les Eglises protestantes sud-coréennes le considérant comme un hérétique, Sun MyungMoon fonde en 1954 à Séoul sa propre Eglise, laquelle va très rapidement se mêler de politique en adoptant initialement une ligne farouchement anticommuniste, s'attirant ainsi la sympathie du régime militaire de Corée du Sud à l'époque.  
LIRE AUSSI >> Shinzo Abe, un nationalisme assassiné
Sun MyungMoon a aussi côtoyé des chefs d'Etat étrangers, comme Richard Nixon aux Etats-Unis qu'il avait soutenu lors du scandale du Watergate. Par ailleurs en France, dans les années 1980, son Eglise avait brièvement entretenu des liens avec le Front national. Pierre Ceyrac avait joué le rôle de trait d'union. Ce membre de la secte en France fut notamment député FN en 1986 avant de quitter le parti en 1994. 

L'organisation devient progressivement un empire économique présent dans de nombreux secteurs (construction, alimentaire, automobile, tourisme, éducation, médias...) qui fera de son fondateur un milliardaire. Sun Myung Moon a effectué sa première tournée mondiale en 1965 et s'est installé aux Etats-Unis au début des années 1970. Condamné pour évasion fiscale par la justice américaine, il passera plus d'une année en prison dans le pays au début des années 1980. 

  • Quelle est son importance ?



Connue pour célébrer des mariages collectifs de masse, l'Eglise de l'Unification est aujourd'hui contrôlée par la veuve de son fondateur, Hak Ja Han, sa seconde épouse avec laquelle il a eu une dizaine d'enfants. 
L'organisation avait affirmé en 2012 qu'elle comptait trois millions de fidèles dans le monde. Ce nombre serait toutefois largement exagéré, selon des experts. Son influence aurait nettement reculé depuis les années 1980, en raison des changements sociaux et politiques en Corée du Sud, de divers scandales et de scissions internes, avant et après la mort de son fondateur. 
Au-delà de son pays d'origine, l'Eglise est principalement présente aux Etats-Unis - où elle se fait appeler dorénavant "Fédération des familles pour la paix et l'unification mondiales" - et au Japon, pays où elle compterait plusieurs dizaines de milliers de fidèles. 

  • Quels sont les liens avec Shinzo Abe ?



Tomihiro Tanaka, le président de la branche japonaise de l'Eglise de l'Unification, a confirmé ce lundi que la mère du suspect était membre de l'organisation depuis 1998 et qu'elle s'était retrouvée en difficulté financière vers 2002. "Nous ignorons les circonstances qui ont conduit cette famille à la banqueroute", a-t-il toutefois assuré, affirmant que les dons pour son Eglise se faisaient de manière volontaire et que les montants étaient libres. 
Tomihiro Tanaka a aussi souligné que Shinzo Abe n'avait "jamais" été l'un de ses membres ou conseillers. Cependant, des organisations proches de l'Eglise de l'Unification invitent régulièrement des personnalités politiques de premier plan pour des conférences sur le thème de la paix dans le monde. 
L'ancien président américain Donald Trump s'est ainsi exprimé en ligne pour l'un de ces colloques en 2021, et Shinzo Abe avait aussi été critiqué par un groupe d'avocats japonais pour avoir envoyé un message vidéo lors d'un événement similaire. Ces avocats, qui défendent des gens au Japon accusant la secte de les avoir ruinés, avaient aussi protesté quand Shinzo Abe avait envoyé un message de félicitations lors d'une grande cérémonie de mariages collectifs organisés par l'Eglise en 2006. 
LIRE AUSSI >> Japon : fin de partie pour l'éphémère Premier ministre Suga, plombé par sa gestion du Covid-19
Dans un communiqué publié samedi, l'Eglise de l'Unification a exprimé son "choc et son chagrin" face à la mort de Shinzo Abe, le décrivant comme un "homme d'Etat japonais mondialement respecté et actif dans la construction de la paix en Asie". 

papy

papy

[size=62]Assassinat de Shinzo Abe : les liens troubles avec la secte Moon[/size]

[size=30]ENQUÊTE. La proximité de l’ex-Premier ministre japonais avec la secte a contribué à nourrir le ressentiment du meurtrier.[/size]



Par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo
Publié le 27/07/2022 à 07h00 - Modifié le 27/07/2022 à 14h25






]Je m'abonne à 1€ le 1er mois

[size=40]C'est un bâtiment banal, dans le quartier animé de Shibuya à Tokyo, qui abrite le quartier général japonais de la secte Moon. L'organisation officie avec pignon sur rue sous l'appellation bien plus honorable de Fédération des familles pour la paix mondiale et l'unification (FFPMU). Un policier de quartier à vélo confie patrouiller souvent à proximité. Les menaces se multiplient depuis que l'assassin de l'ex-Premier ministre Shinzo Abe a justifié son crime auprès des enquêteurs par un ressentiment envers cette organisation religieuse.[/size]

Josué

Josué
Administrateur

[size=49]La droite japonaise sous l’influence de groupes religieux
Selon une enquête, 98 députés du Parti libéral-démocrate, dont Shinzo Abe, entretenaient des relations avec la secte Moon.
Par Philippe Mesmer(Tokyo, correspondance)
Publié le 25 juillet 2022 à 10h51 
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Mouvements religieux : l’héritage spirituel de Sun Myung Moon A03b774_1658673288708-458547Le premier ministre canadien Justin Trudeau serre la main de l’ambassadeur du Japon au Canada, Kanji Yamamouchi, lors de sa visite de condoléances pour le décès de Shinzo Abe, à l’ambassade du Japon, à Ottawa, le 12 juillet. ADRIAN WYLD / AP
Plus le temps passe et plus les accointances entre l’ancien premier ministre Shinzo Abe et l’Eglise de l’unification, la secte Moon, se confirment. Les révélations depuis l’assassinat, le 8 juillet, de M. Abe par Tetsuya Yamagami, qui lui reprochait ses liens avec l’Eglise de l’unification, ont poussé le Parti communiste japonais (PCJ) à ouvrir, samedi 23 juillet, une enquête sur les liens entre ce mouvement religieux et les parlementaires nippons.

Des liens que confirmerait l’intervention à la gare de Yamato-Saidaiji. « Il est possible que Shinzo Abe ait voulu s’adresser aux moonies », observe un bon connaisseur de la politique japonaise, en référence aux adeptes de la secte créée, en 1954, par le Sud-Coréen Sun Myung Moon (1920-2012). De fait, à Nara, le siège du mouvement religieux, rebaptisé, en 2005, Fédération des familles pour la paix mondiale et l’unification, se trouve à deux pas de la gare.
Lire aussi l’archive (2012) : Moon Sun-myung, messie autoproclamé

« Outil de propagande anticommuniste »


Validée, une telle hypothèse confirmerait la forte imprégnation de la politique nippone par des mouvements religieux aux motivations diverses. Rejet du communisme, défense des valeurs conservatrices et nationalistes, mais aussi quête de respectabilité ont poussé et poussent toujours nombre d’entités religieuses de toute obédience à se mêler de politique. Idéologiquement, les liens se nouent principalement avec le Parti libéral-démocrate (PLD), qui est au pouvoir quasiment sans interruption depuis 1955. Et ces relations sont généralement tues par les grands médias.

Pour ce qui est de la secte Moon, les relations se dévoilent par bribes dans les tabloïds depuis la mort de M. Abe. Ainsi, dans le Shukan Gendai du 16 juillet, le journaliste Aito Suzuki explique avoir, au fil de plusieurs années de travail, établi que 112 parlementaires, dont 98 du PLD, entretenaient des relations avec la secte Moon. Parmi eux, Shinzo Abe, mais aussi les anciens premiers ministres Yoshihide Suga (2020-2021) et Taro Aso (2008-2009). « Il doit y en avoir d’autres, mais il est difficile d’avoir des preuves », précisait M. Suzuki.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Shinzo Abe, l’ancien premier ministre japonais, assassiné pour ses liens avec la secte Moon
Les liens entre la secte Moon et le PLD remontent au grand-père de M. Abe, Nobusuke Kishi, premier ministre de 1957 à 1960. Inquiet de la propagation du communisme au Japon, M. Kishi a soutenu la création, en 1968, par le révérend Moon – connu pour son anticommunisme virulent – de la Fédération internationale pour la victoire contre le communisme, une structure appuyée par la KCIA, les services de renseignement sud-coréens.

En 1984, a révélé, le 21 juillet, le Shukan Shincho, alors que Sun Myung Moon croupissait en prison aux Etats-Unis pour évasion fiscale, Nobusuke Kishi a écrit au président américain, Ronald Reagan, plaidant pour la libération du gourou, un « homme intègre », dont la présence « rare et précieuse » est « essentielle à la préservation de la liberté et de la démocratie »« Les dirigeants japonais de l’époque considéraient l’Eglise comme un outil de propagande anticommuniste », explique Masaki Kito, avocat et expert des organisations religieuses. Pour le groupe, afficher des liens étroits avec des politiciens de premier plan était un gage d’honorabilité.

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