.
Abû Hâmid Al-Ghazâlî, un océan de science
Il serait trop long de retracer les détails de son évolution depuis sa jeunesse, nous tenterons de faire cela dans la prochaine mise à jour de sa biographie in shâ’Allâh. Il convient de savoir que l’Imâm Al-Ghazâli a commencé ses études de jurisprudence dans sa ville natale Tûs, puis il partit vers d’autres villes de sa région, comme Naysabûr. Il excella en jurisprudence, dépassa ses contemporains et devint très tôt une étoile brillante faisant la fierté de ses professeurs. Il rédigea de nombreux ouvrages et épîtres de jurisprudence dont la qualité fit dire à l’un de ses professeurs : « Tu nous as enterré de notre vivant, n’eus-tu pas attendu notre mort pour le faire ? ». Il devint une référence en Fiqh, si bien qu’en rentrant à l’Ecole Nizâmiyyah, il était l’Imam du khorasân, une référence sunnite des plus grandes, le maître incontestable des juristes de l’école shafe`ites, le spécialiste de la controverse négalé, un théologien au savoir abondant et à l’esprit limpide, le philosophe encyclopédique, qui bientôt réfuta les théories philosophiques pour s’ériger non seulement comme l’Imâm du Khorasân, puis le plus brillant professeur de l’Ecole Nizâmiyyah, mais aussi comme un Argument de l’Islam et l’Imâm de Bagdad.
Si l’on veut citer des opinions contemporaines parmi les plus posées sur Al-Ghazâli on peut rapporter cette parole de l’Imâm Mohammad Mustafa Al-Marâghi, grand Imâm d’Al-Azhar entre 1935-1945 : « Si l’on cite des noms de savants l’esprit va tout droit aux branches de la science et aux sections du savoir ou ils se sont distingués ; si l’on cite Avicenne et Al-Farâbi, on pense tout de suite à deux grands philosophes. Si l’on cite Ibn `Arabi, on pense à un soufi mystique ayant fait dy mysticisme des opinions de poids. Si l’on cite Al-Bukhâri, Muslim et Ahmad, on pense à des hommes jouissant d’une grande valeur dans le domaine de la mémorisation, de la sincérité, de la délité, de la précision et de la connaissance des hommes.
Mais si l’on cite Al-Ghazâli, l’idée de la ramification s’impose, si bien que l’on ne pense plus à un seul homme, mais à plusieurs, ayant chacun son propre poids et sa propre valeur. On pense à Al-Ghazâli, l’adroit fondamentaliste, à Al-Ghazâli, le libre Faqih, à Al-Ghazâli l’orateur, Imam de la Sounnah et son protecteur, à Al-Ghazâli, le sociologue avisé, expert dans les états du monde, et en pensées et aspirations secrètes, à Al-Ghazâli, le philosophe ou l’Anti-philosophe qui a dévoilé ce que la philosophie avait caché de faux sous de belles apparences, à Al-Ghazâli l’educateur et le pédagogue. Si vous voulez, dites que l’on pense à un homme qui est une encyclopédie pour son époque, un homme qui à la soif de tout connaître, avide de toutes les branches du savoir. »
Le professeur `Abbâs Mahmud Al-`Aqqâd souligna cette dimension encyclopédique remarquable de l’imâm Al-Ghazâli dans son livre intitule « Ana » (Moi) : « J’ai écrit sur Avicenne et Averroès, les plus grands philosophes de la langue arabe, de l’Orient a l’Occident ; reste un livre sur Al-Ghazâli, le philosophe qui lutte contre les philosophes, le Faqîh (jurisconsulte) qui donne des leçons aux Faqihs, le gnostique qui traite du monde de l’invisible. [...] Ni en Orient ni en occident personne n’est doué d’un esprit plus raisonnable, d’une raison plus claire, d’un cerveau plus puissant que ce vénérable Imam. Sans le vaste horizon vers lequel nous pousse le fait d’écrire sur lui, j’aurais commencer à rédiger sa biographie à en faire la critique avant Avicenne, Averroès et d’autres sages de l’Orient et de l’Occident. »
Mais la reconnaissance de l’Argument de l’islam Al-Ghazâli ne date pas d’hier.
« Le livre de grande valeur appelé Ihyâ `Ulum Ad-Dîn, célèbre par son effet bénéfique et par son utilité parmi tous les savants actifs, tous ceux qui suivent, sans la moindre difficulté ou le moindre obstacle, la voie de Dieu, les sheikhs connaisseurs ; livre attribué à l’Imâm Al-Ghazâli que Dieu le bénisse, le savant des savants, héritier des prophètes, Hujjat Al-Islâm (l’Argument de l’Islam), Bienfait des époques et des siècles, celui qui suit la trace des appliqués, la Lanterne des dévots et des pieux, idéal des Imams, a montré le licite et l’illicite, a orné les gens et la religion dont s’est vanté le seigneur des Envoyés que Dieu le salue et le bénisse, lui et tous les prophètes, et qu’il bénisse Al-Ghazâli et tous les autres savants appliques, pour tout ce qui a été d’un grand effet et d’une grande utilité, de valeur vénérable, sans égal dans son genre, jamais imité, qu’aucune intelligence n’a jamais dit, comprenant la législation religieuse, la méthode et le motif, révélant les mystères
cachés, détaillant les secrets délicats ».
Cette œuvre est parmi la plus noble et la plus importante, à tel point qu’il fût dit à son propos : Si tous les livres de l’Islam venaient à être perdus sauf l’Ihya’, il aurait été suffisant pour les remplacer... Ils l’accusaient d’y avoir inclu des hadiths qui n’étaient pas reconnus comme authentiques, mais une telle inclusion est permise dans les travaux d’encouragement du bien et l’interdiction du mal (at-targhib wa at-tarhib). Le livre reste toujours extrêmement important. L’Imam Fakhr Ad-Dîn Ar-Razi avait l’habitude de dire : « Ce fût comme si Allah avait rassemblé toutes les sciences sous un dôme, et les montra à Al-Ghazali, » ou quelque chose de ce genre. Il rendit l’âme... à Tabaran... la citadelle de Tûs, où il fut enterré.
"A Damas, il a vécu en retraite pendant environ dix années, engagé dans la lutte spirituelle et le souvenir d’Allah, à la fin de cette retraite, il émergea pour produire sa pièce maîtresse Ihyâ’ cUlûm ad-Dîn [La revivification des Sciences de la Religion], un classique parmi les livres des Musulmans au sujet de la constante crainte révérencielle que l’on doit avoir dans ses relations avec Allah (taqwâ), l’illumination de l’âme à travers Son obéissance y compris les niveaux de l’acquisition des croyants.
L’œuvre montre comment personnellement Al-Ghazâli a perçu profondément ce qu’il a écrit, et sa magistrale réponse à plusieurs centaines de questions au sujet de la vie interne dont nul avant lui avait parlé ou résolu, ceci est une performance d’excellence soutenue qui montre l’intellect bien discipliné de son auteur et une profonde appréciation de la psychologie humaine. Il a écrit aussi presque deux cent autres oeuvres sur la théorie du gouvernement, la Loi sacrée, les réfutations des philosophes, les principes de la foi, le Soufisme, l’exégèse Coranique, la théologie scolastique et les bases de la jurisprudence Islamique."
Sheikh Abû Muhammad Al-Kâzrouni dit : « Si toutes les sciences
disparaissaient, elles seraient de nouveau recomposées à partir
d’Al-Ihyâ ».
Ibn Najjâr dit à son tour : « Abû Hamid est l’Imâm des Faqihs sans aucune exception, le seigneurial de la Communauté à l’unanimité, l’appliqué de son époque et le notable de son temps ».
Source : http://www.islamophile.org/spip/L-Imam-Abu-Hamid-Al-Ghazali,151.html
.