Concernant Luc 23.43 :
Il est important, avant toutes choses, de se rappeler que la virgule n'était pas utilisée dans les manuscrits grecs en onciale. Cela signifie que dans le texte original, le mot 'aujourd'hui' n'était précédé ni suivi d'un quelconque signe de ponctuation. Ce sont les traducteurs des Écritures grecques chrétiennes qui, par la suite, ont rajouté une virgule, selon la compréhension qu'ils avaient de ce passage, soit avant 'aujourd'hui', soit après.
Dans son Dictionnaire Interprétatif des mots du Nouveau Testament, William Vine soutient qu'il n'y a "aucune raison grammaticale" d'associer le mot 'aujourd'hui' avec la déclaration "En vérité je te le dis", penchant ainsi pour la traduction: « Je te le dis, aujourd'hui tu seras .... ». Cela est exact en ce que l'original ne contenait aucun signe de ponctuation. Toutefois, l'affirmation inverse est tout aussi exacte: associer 'aujourd'hui' à la déclaration « tu seras avec moi » n'est pas davantage fondée!
La manière inhabituelle de ponctuer ce texte n'est pas une particularité de la Traduction du monde nouveau. D'autres versions ont rendu Luc 23:43 de façon similaire:
"Amen, je te dis aujourd'hui qu'avec moi tu seras dans le Jardin d'Eden" – Version Syriaque Cureton (V° siècle de notre ère; voir le commentaire de Frédéric Godet, 1889)
"Vraiment, je te le dis aujourd'hui : avec moi tu seras dans le Paradis." – The Emphasised Bible - Rotheram (1902)
"Vraiment, à toi je dis aujourd'hui, avec moi tu seras dans le paradis." – The Concordant Literal New Testament
"Vraiment je te le dis aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis." – The modern New Testament from aramaic , G. M. Lamsa (1940)
"Vraiment aujourd'hui je te le dis, tu seras avec moi dans le Paradis" – The New Testament of Our Lord and Savior Jesus annointed ; J. L. Tomanek (1958)
"En vérité je te le dis aujourd'hui - Avec moi, tu seras , dans le Paradis" – The Gospel of History Charles A.L. Totten (1990)
Pareillement, les versions allemandes de L. Reinhardt et de W. Michaelis traduisent Luc 23:43 de façon analogue.
Dans une note sur ce passage, George Lamsa fait remarquer que "selon la manière araméenne de parler, l'accent est mis sur le mot 'aujourd'hui' dans ce texte qui devrait se lire: "En vérité je te le dis aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis" (...) C'est une caractéristique de la langue orientale impliquant que la promesse était faite un certain jour et serait assurément tenue" - Gospel Light from Aramaic on the teachings of Jesus.
Dans son livre How to Enjoy the Bible (1916), sous l'intertitre 'Changements de ponctuation qui sont maintenant proposés comme étant préférables', le bibliste E.W. Bullinger précise, à propos de Luc 23:43, que pour rendre correctement ce passage, "nous sommes seulement et entièrement dépendants du contexte". Puis il poursuit: "Le mot 'En vérité' souligne le caractère solennel de l'instant, et l'importance de ce qui est dit. La circonstance solennelle dans laquelle les paroles étaient prononcées marqua la foi merveilleuse du malfaiteur agonisant, et le Seigneur se référa à cela en associant le mot 'aujourd'hui' à 'je dis'.(...) Ce jour où tout semble perdu, et où il n'y a aucune espérance, ce jour quand, au lieu de régner, je suis sur le point de mourir, ce jour je te dis, "tu seras avec moi dans le Paradis" .
Bullinger ajoute: ""Je te le dis aujourd'hui" était l'idiome hébraïque habituel pour souligner l'occasion de faire une déclaration solennelle" (voir Deut 4:26,39,40, 5:1, 6:6, 7:11, 8:1,11,19, 9:3, 10:13, 11:2,8,13,26,27,28,32, 13:18, 15:5, 19:9, 26:3,16,18, 27:1,4,10, 28:1,13,14,15, 29:12, 30:2,8,11,15,16,18,19, 32:46) .
A propos de l'utilisation de la conjonction 'hoti' dans les Ecritures grecques chrétiennes, et de son absence en Luc 23:43, ce même bibliste explique: « Le verbe "dit" quand il est employé avec [le terme] "aujourd'hui", est parfois séparé de ce dernier par le mot oti hoti (que); et parfois il est associé avec lui [le terme "aujourd'ui"] en l'absence de hoti. Le Saint Esprit utilise ces mots avec une parfaite exactitude, et il nous incombe d'apprendre ce qu'Il voudrait, de cette façon, nous enseigner.
Quand il place le mot hoti (que) entre "dit' et "aujourd'hui", cela renvoie [le terme] "aujourd'hui" à ce qui est dit, et l'isole du verbe "dit", comme en Luc 19:9, "Jésus dit ...qu' (Gr. hoti) aujourd'hui le salut est venu dans cette maison". Ici, "aujourd'hui" est associé avec le verbe "venir", et il est séparé du verbe "dire". Il en est de même en Luc 4:21 "Et il commença à leur dire qu' (hoti) aujourd'hui, est accomplie l'Ecriture à vos oreilles". Ici encore, la présence de hoti sépare [le mot] "aujourd'hui" du verbe "dire", et l'associe avec [le terme] "accomplie".
Cependant, ce n'est pas le cas en Luc 23:43. Ici le Saint Esprit a soigneusement exclu le mot hoti (que). Comment donc ose-t-on lire le verset comme s'Il ne l'avait pas exclu, et lire ainsi "Je te dis qu'aujourd'hui ", etc. C'est sûrement ajouter à la Parole de Dieu que d'insérer ou suggérer l'insertion du mot "que" quand le Saint Esprit ne l'a pas employé, comme c'est le cas dans les deux autres endroits du même Évangile (Luc 4:21; 19:9)" – The Rich Man and Lazarus, E. W. Bullinger; Voir aussi l' appendice 173 à la Companion Bible .
Que le malfaiteur n'allât pas au Paradis le jour même de la promesse que lui fit Jésus, cela ressort de ce qu'enseignent les Écritures à ce sujet. Dans leur encyclopédie biblique Etude perspicace p. 486, Vol. 2, les Témoins de Jéhovah expliquent:
"Quelques heures plus tôt ce même jour, Jésus avait offert à ses disciples fidèles la perspective d’entrer dans son Royaume céleste, mais cela parce qu’ils ‘ étaient demeurés constamment avec lui dans ses épreuves ’, chose que le malfaiteur n’avait pas faite puisqu’il mourait sur un poteau aux côtés de Jésus uniquement à cause de ses crimes (Lc 22:28-30 ; 23:40, 41). De toute évidence, le malfaiteur n’était pas ‘ né de nouveau ’, d’eau et d’esprit, ce qui, comme Jésus l’avait montré, était une condition à remplir pour entrer dans le Royaume des cieux (Jn 3:3-6). Le malfaiteur ne faisait pas non plus partie des ‘ vainqueurs ’ dont Christ Jésus glorifié dit qu’ils seraient avec lui sur son trône céleste, ayant part à “ la première résurrection ”. — Ré 3:11, 12, 21 ; 12:10, 11 ; 14:1-4 ; 20:4-6."
"D’après certains ouvrages de référence, Jésus parlait d’un lieu paradisiaque dans l’hadès (ou shéol), un lieu censé être un compartiment (ou une section) de l’hadès réservé à ceux qui sont approuvés par Dieu. Ces ouvrages affirment que les rabbins juifs de cette époque enseignaient l’existence d’un tel paradis pour les morts qui attendaient la résurrection. Au sujet de l’enseignement des rabbins, A Dictionary of the Bible , par James Hastings, déclare : “ La théologie rabbinique, telle qu’elle nous est parvenue, présente un extraordinaire amalgame d’idées sur ces questions. Dans de nombreux cas, il est difficile de leur attribuer une date. [...] Si on considère ces écrits tels quels, il semble que, selon certains rabbins, le Paradis se trouvait sur la terre elle-même, selon d’autres il faisait partie du shéol, selon d’autres enfin il n’était ni sur la terre, ni sous la terre, mais au ciel. [...] Cependant, au moins certains de ces enseignements suscitent des doutes. On retrouve bien sûr ces différents concepts dans le judaïsme postérieur. Ils apparaissent de façon plus précise et plus détaillée dans le judaïsme kabbaliste du Moyen Âge. [...] Mais on ne peut définir avec certitude à quand remontent ces concepts. La théologie juive ancienne tout au moins [...] semble laisser peu ou pas de place à la notion d’un paradis intermédiaire. Elle parle d’un Géhinnom pour les méchants et d’un Gan Éden , ou jardin d’Éden, pour les justes. On peut douter qu’elle aille au-delà de ces concepts et affirme l’existence d’un paradis dans le shéol. ” — 1905, vol. III, p. 669, 670. Même si les théologiens juifs enseignaient vraiment pareille chose, il serait tout à fait déraisonnable de croire que Jésus ait propagé un tel concept, puisqu’il condamnait les traditions religieuses non bibliques des chefs religieux juifs (Mt 15:3-9). Le paradis bien connu du malfaiteur juif à qui Jésus parlait était probablement le Paradis terrestre évoqué dans le premier livre des Écritures hébraïques, le Paradis d’Éden".
L'hadès, dans lequel Jésus est allé le jour de sa mort (Actes 2:31), est un lieu d'inactivité, où il n'y a "ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse" (Ecclésiaste 9:5,10; Traduction Œcuménique de la Bible). Il ne représente donc pas le "domaine spirituel ou céleste". Pour une étude détaillée sur ce sujet, consulter l'analyse du Dr. Samuele Bacchiocchi dans son ouvrage Immortality or Resurrection - The state of the Dead.