Tour de garde 1996
1/9Questions des lecteurs
Serait-il sage pour un chrétien de consulter un psychothérapeute ?
Des rapports en provenance de plusieurs pays indiquent que les maladies d’ordres psychique et affectif se font plus nombreuses en ces “ derniers jours ”. (2 Timothée 3:1.) Les chrétiens compatissent grandement aux souffrances de leurs compagnons, tout en sachant que les questions de soins médicaux et de choix thérapeutiques relèvent de la décision personnelle. “ Chacun portera sa propre charge. ” (Galates 6:5). Certains ayant souffert auparavant de schizophrénie, de psychose maniaco-dépressive, de dépression clinique, de troubles obsessionnels compulsifs, de tendances à l’automutilation ou d’autres désordres angoissants ont pu retrouver une vie à peu près normale grâce à une assistance médicale appropriée.
Dans certains endroits, consulter son psychiatre est presque devenu une mode. La plupart du temps, ce n’est pas que le patient souffre de troubles psychiques graves. Il éprouve simplement quelques difficultés dans une situation ou une autre de la vie. Mais l’aide la plus efficace pour faire face aux difficultés de la vie, c’est la Bible qui l’offre (Psaume 119:28, 143). Dans ses pages, Jéhovah nous fournit la sagesse, la capacité de réflexion ainsi que la vraie connaissance, autant de choses qui nous soutiennent mentalement et affectivement (Proverbes 2:1-11 ; Hébreux 13:6). Il peut arriver à un fidèle serviteur de Dieu de parler à tort et à travers parce qu’il est bouleversé (Job 6:2, 3). Jacques 5:13-16 encourage un tel chrétien à rechercher l’aide et les conseils des anciens. Il se peut qu’il soit malade spirituellement, ou bien angoissé à cause d’une situation à laquelle il ne peut rien changer ou en raison de circonstances particulièrement oppressantes, à moins qu’il ne se croie victime d’une injustice (Ecclésiaste 7:7 ; Isaïe 32:2 ; 2 Corinthiens 12:7-10). Une telle personne peut trouver de l’aide auprès des anciens, qui ‘ l’enduiront d’huile ’, c’est-à-dire le réconforteront par des conseils judicieux tirés de la Bible, et qui ‘ prieront sur lui ’. Avec quel résultat ? “ La prière de la foi rétablira celui qui est souffrant, et Jéhovah le relèvera [de son abattement ou de l’impression d’être abandonné par Dieu]. ”
Mais que faire si l’angoisse ou les troubles psychiques persistent malgré l’aide appropriée des bergers spirituels ? Certains qui ont connu cette situation ont décidé de faire un bilan de santé complet (voir Proverbes 14:30 ; 16:24 ; 1 Corinthiens 12:26). Un état angoissé ou dépressif peut en effet cacher un problème purement somatique. Dans certains cas, en traitant le problème physique, on a soulagé le côté affectif. Si aucune maladie physique n’est décelée, le médecin peut, si on le lui demande, recommander un spécialiste de la santé mentale. Que faire en pareil cas ? Nous le répétons, il s’agit d’une décision personnelle que personne d’autre n’a le droit de critiquer ou de juger. — Romains 14:4.
Cela dit, il faut faire preuve de sagesse pratique et prendre garde de ne pas oublier les principes bibliques (Proverbes 3:21 ; Ecclésiaste 12:13). Quand on est malade physiquement, on a le choix entre plusieurs traitements, lesquels vont de la médecine classique à la naturothérapie, en passant par l’acupuncture et l’homéopathie. De même, il y a plusieurs sortes de psychothérapeutes. Certains, comme le psychanalyste, chercheront dans le passé de leur patient les causes du comportement anormal ou de la souffrance affective. Le comportementaliste (ou behavioriste) tentera, lui, d’apprendre au patient à modifier son comportement. D’autres pensent que la plupart des maladies d’ordre psychique doivent être traitées par médication. On en trouverait même qui prescrivent un régime alimentaire spécial et des vitamines.
Le malade ainsi que sa famille doivent se montrer prudents au moment de choisir un traitement (Proverbes 14:15). Le professeur Paul McHugh, responsable du service de psychiatrie et de sciences comportementales de la Johns Hopkins University School of Medicine, a tenu des propos éloquents. Il a qualifié la psychothérapie d’“ art médical rudimentaire qui a encore du mal à apporter la preuve de ce qu’il avance, car il aborde les désordres les plus complexes de la nature humaine : ceux du psychisme et du comportement ”. Cet état de fait laisse le champ libre à l’excentricité et au charlatanisme, ainsi qu’aux traitements les mieux intentionnés capables de faire plus de mal que de bien.
Signalons également que si les psychiatres et les psychologues sont diplômés de l’enseignement supérieur, de nombreux autres ‘ psychothérapeutes ’ sans qualifications professionnelles exercent librement. Certaines personnes ont englouti des sommes astronomiques en consultations auprès d’individus non qualifiés.
Mais s’assurer le concours d’un professionnel capable et expérimenté n’est pas tout. Quand nous choisissons un médecin ou un chirurgien, nous nous inquiétons de savoir s’il respectera notre position fondée sur la Bible. De même, il serait dangereux de consulter un professionnel de la santé mentale qui ne respecterait pas nos positions religieuse et morale. Bien qu’ils souffrent de troubles psychiques ou affectifs, de nombreux chrétiens luttent pour avoir “ la même attitude mentale qu’avait Christ Jésus ”. (Romains 15:5.) Ils se méfient à bon droit de quiconque risquerait de les amener à adopter des pensées ou un comportement contraires au christianisme. Certains psychothérapeutes considèrent tout interdit biblique comme superflu et potentiellement nuisible à la santé mentale. Il se peut qu’ils approuvent et même recommandent des pratiques que la Bible condamne, telles que l’homosexualité ou l’adultère.
De telles façons de penser font partie de ce que Paul qualifie de “ contradictions de ce que l’on appelle faussement ‘ la connaissance ’ ”. (1 Timothée 6:20.) Elles contredisent la vérité au sujet de Christ ; elles relèvent de “ la philosophie et [de la] vaine tromperie ” propres au monde (Colossiens 2:
. La Bible nous donne un critère infaillible : “ Il n’y a ni sagesse, ni discernement, ni conseil en opposition avec Jéhovah. ” (Proverbes 21:30). Les psychothérapeutes qui prétendent “ que le bien est mal et que le mal est bien ” sont de “ mauvaises compagnies ”. Loin d’apporter un soutien psychologique, ils “ ruinent les habitudes utiles ”. — Isaïe 5:20 ; 1 Corinthiens 15:33.
Si donc un chrétien juge nécessaire de consulter un spécialiste de la santé mentale, il serait bon qu’il examine en détail les compétences, l’attitude et la réputation du praticien en question, ainsi que les effets possibles de tout traitement éventuel. Si un chrétien est trop abattu pour faire cela lui-même, quelqu’un de mûr, par exemple un ami intime ou un proche parent, pourrait apporter son concours. En cas de doute quant à la sagesse d’un traitement, un chrétien trouvera peut-être utile d’en discuter avec les anciens de la congrégation, même si ce sera à lui, en dernier ressort, de prendre la décision (ou à ses parents s’il est mineur ; en accord avec son conjoint s’il est marié).
Même si la science est mieux armée que par le passé pour soulager la souffrance, de nombreuses maladies, physiques et mentales, demeurent pour l’instant incurables. Il faut donc les endurer dans ce système de choses (Jacques 5:11). Parallèlement, “ l’esclave fidèle et avisé ”, les anciens et la congrégation dans son ensemble offrent une aide compatissante à ceux qui souffrent. Et Jéhovah lui-même les aide à endurer en attendant l’époque glorieuse où la maladie ne sera plus. — Matthieu 24:45 ; Psaume 41:1-3 ; Isaïe 33:24.
[Notes]
Il arrive que l’on demande à certaines personnes de subir des tests psychologiques, notamment pour recruter les cadres supérieurs. Il revient à chacun de décider s’il acceptera ou non de s’y soumettre. Précisons toutefois que les tests psychologiques n’ont rien à voir avec un traitement psychiatrique.
Voir l’article “ Comment vaincre la dépression ” dans La Tour de Garde du 1er mars 1990.
Parfois, le bon médicament semble avoir de l’effet sur certains troubles psychiques. Mais ces traitements doivent être abordés avec prudence et sur le conseil avisé d’un généraliste ou d’un psychiatre expérimenté, car un mauvais dosage peut avoir de graves effets secondaires.
Voir l’article “ Le chrétien face aux troubles du psychisme ” dans La Tour de Garde du 15 octobre 1988.