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Être juif en France

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1Être juif en France Empty Être juif en France Mar 31 Juil - 8:59

Josué

Josué
Administrateur

Le Monde des religions
MARDI 31 JUILLET 2012CONTACT | NEWSLETTER | RSS
Publié le 1 janvier 2008 - Le Monde des Religions n°27


Être juif en France


2 000 ans d'histoire
Installés à l'époque romaine dans les ports du nord de la Méditerranée, leur statut variera longtemps au gré des alliances, des crises et des guerres. En 1791, les Juifs de France obtiennent enfin la pleine citoyenneté. Ils en sont déchus en 1940.
L'histoire des Juifs en France commence avant que la Gaule soit francisée et christianisée, en suivant les mouvements de frontières tracées par les guerres : la France d'aujourd'hui ne recouvre ni la Gaule d'antan, ni le royaume du XVIe siècle. Dès l'Antiquité, des Juifs atteignent les ports méditerranéens et l'on sait que les légions romaines conduisent leurs contingents de Juifs - soldats et captifs - vers les confins de l'Europe du Nord. Venus comme esclaves vendus à l'encan ou aventuriers, les Juifs s'y installent. Leur présence est attestée par les édits des conciles qui se succèdent afin de limiter la vie sociale nouée entre Juifs et chrétiens. Ils interdisent tour à tour la commensalité et les mariages, aux chrétiens de recevoir des bénédictions de Juifs, ou d'observer le repos sabbatique ; aux Juifs de circuler dans les rues entre les lundis et jeudis de Pâques. Ils restreignent enfin l'accès des Juifs aux professions de juges et de précepteurs.
Ces mesures visant à limiter leur statut et leur influence dans l'Europe du Nord signalent la position privilégiée qu'ils occupent dans un monde non encore évangélisé. Dans les royaumes barbares, les Juifs, considérés comme des citoyens romains dont la présence est légitime, ne reçoivent pas de statut juridique particulier. La désuétude des législations romaines jointe à l'alliance entre royauté et Église fait évoluer leur statut dès l'avènement des rois mérovingiens. Avec la victoire de l'islam, leur position est renforcée. N'étant pas impliqués dans les combats opposant les chrétiens aux musulmans, les Juifs deviennent médiateurs entre Orient et Occident, introduisant en Europe des denrées rares : épices, tissus et armes. À partir du IXe siècle, des chartes édictées par les rois carolingiens, Charlemagne et Louis le Pieux, encouragent leur implantation en dépit des ordonnances conciliaires.
La division de l'empire de Charlemagne forme l'espace de l'entité juive franco-germanique qui se distribue entre Allemands d'Ashkénaz, Français de Tsarfat et Franco-Allemands de Loter. Les Juifs français connaissent un essor intellectuel remarquable en adaptant les anciennes lois aux conditions du temps présent. La personnalité de Rachi (Troyes, 1040-1105) en vient à dominer l'ensemble du judaïsme. Instigateur de l'école des Tossafistes (« ceux qui ajoutent »), ses gloses accompagnent toutes les versions imprimées de la Bible et du Talmud. Encore aujourd'hui, il n'est pas d'enseignement juif qui ne passe par l'apprentissage de la lecture de ses commentaires.
Les croisades : la fin de l'âge d'or
Dispersés dans les campagnes, les Juifs cultivent des domaines agricoles avant d'amorcer un mouvement vers les villes en formation, où s'ouvrent des écoles et se forgent les métiers urbains. S'organisent alors les structures de l'autonomie juive : synagogues, écoles primaires et supérieures, moulins et fours à pains, boucheries, hôpitaux et cimetières. Les synodes rassemblent des délégués de toutes les régions, pour discuter de points de lois ainsi que des répartitions d'impôts. Parlant plus le français que l'hébreu, les Juifs produisent des glossaires, des dictionnaires, des ouvrages rituels, qui permettent aux savants chrétiens de développer leurs connaissances de la Bible hébraïque. Et parmi les « disciples » de l'enseignement exégétique de Rachi, on découvre nombre de savants chrétiens, dont le plus populaire d'entre eux, Nicolas de Lyre (1270-1349). Cet « âge d'or » des Juifs en France, marqué par des échanges entre intellectuels chrétiens et savants juifs, cesse avec les croisades et la guerre de Cent ans.
Si la première croisade (1096) épargne les communautés françaises, celles-ci sont néanmoins précipitées dans une constante insécurité. Les relations entre Juifs et chrétiens ne cessent de se dégrader, sous le coup d'enseignements et de rumeurs qui attisent les esprits. Les accusations se succèdent - meurtre (Blois, 1171), empoisonnement des puits lors de la Peste noire (1347-1350) -, entraînant une vague de massacres sans précédent dans toute l'Europe. Après plusieurs décrets d'expulsion et de rappels simultanés, et jusqu'à leur expulsion définitive du royaume en 1395, en dépit des menaces de baptêmes, des bûchers, des hordes qui les assaillent (Pastoureaux, 1320 et 1321), des charges fiscales qui les accablent entre deux expulsions, les Juifs parviennent à maintenir la vigueur de leurs académies et de leurs structures sociales.
Illégaux jusqu'à la Révolution
Jusqu'en 1789 et la réadmission officielle des Juifs dans une France désormais administrativement unifiée, ceux qui s'y trouvent demeurent hors la loi, comme ceux qui bénéficient de privilèges particuliers à Metz ou en Lorraine. Certaines communautés séculaires ont perduré, comme celles de Nice, possession du duc de Savoie jusqu'au XVIe siècle, ou celle du comtat venaissin, d'où les Juifs, protégés par les papes, ne sont jamais expulsés, bien que réduits à des conditions de vie misérables. Marie de Médicis ne se prive pas de choisir un médecin juif tout en réaffirmant leur interdiction de résidence. Celle-ci est levée par son fils, Louis XIII, qui confirme les privilèges des Juifs de Metz, tandis que Louis XIV visite sa synagogue en grande pompe en 1567. Bien qu'expulsés de nombreuses villes, les Juifs d'Alsace conservent leur statut de kammerknecht (serviteurs de la Cour) des Habsbourgs, jusqu'à ce que le traité de Munster (1648) cède l'Alsace à la France, et ses Juifs avec.
Dès la fin du XVe siècle, avant l'expulsion des Juifs d'Espagne, certains parviennent à Bordeaux et Toulouse, puis des vagues entières de migrants s'installent dans le sud-ouest, à Lyon, Nantes et Rouen, comportant nombre de « nouveaux chrétiens ». Les Lettres patentes de 1550 fournissent une base légale aux immigrés « marchands et autres Portugais appelés nouveaux chrétiens ». Des communautés se forment (Labastide-Clairance, 1600 ; Bidache, 1652) et renoncent peu à peu au christianisme de façade. L'aube du XVIIIe siècle marque le terme du marranisme : plus de célébration nuptiale à l'église, les nouveau-nés sont inscrits dans les registres des circonciseurs, les obsèques sont délivrées sur simple permis d'inhumation.
Les Juifs se divisent en deux groupes distincts. Jaloux de leurs prérogatives et spécificités, les « Portugais » auxquels veulent s'intégrer les « Avignonnais », sont déjà quasiment citoyens. Ils entretiennent des liens étroits avec les centres d'Amsterdam, de Livourne et de Londres, qui leur envoient rabbins et ouvrages rituels. En 1788, ils rendent à Malesherbes un mémoire au nom de la « Nation juive portugaise », dans lequel ils affirment leurs différences et leur refus de toute analogie avec leurs coreligionnaires ashkénazes.
Paris, capitale du royaume, interdit depuis 1394 la présence de Juifs. Pourtant, dès le XVIe siècle, des « nouveaux chrétiens » s'y sont installés, accédant parfois à la Cour. S'ils sont une dizaine de familles en 1633, on en compte environ 500 à la veille de la Révolution, répartis entre Alsaciens, Lorrains, Portugais, Avignonnais et étrangers venus d'Allemagne ou de Pologne. Illégaux mais tolérés, ils relèvent de leurs syndics en matière d'autorisations de séjours et d'organisation rituelle. Soumis à leurs propres législations, ils semblent suffisamment installés pour acheter deux cimetières indépendants, ashkénaze et séfarade. La Révolution légalise la présence des Juifs en France, en leur accordant à la veille de la clôture des débats de l'Assemblée législative (27 septembre 1791) ce qui paraissait impensable à d'aucuns, et indispensable à d'autres : la pleine citoyenneté. Mais au prix de la dissolution des anciennes structures communautaires et d'une intégration dans un cadre politique duquel toute singularité est exclue.
Des Français de confession juive
Dès lors, l'histoire n'est plus celle des Juifs « en » France. Elle devient celle des Français de confession juive. Précédant les législations en vigueur à l'égard des Juifs dans les autres pays européens, le droit révolutionnaire devance également les évolutions sociales et les mentalités. Infiniment reconnaissants à la République, les Juifs font de fervents patriotes. Mais leur statut de citoyen, malmené lors du Premier Empire, est à la fois soumis à des mesures discriminatoires et régularisé par la création des Consistoires, après convocation de la sorte d'états généraux du judaïsme que représente le Grand Sanhédrin de Napoléon (1806). L'histoire des Juifs, tout en se confondant alors avec celle de la France, a ses propres variations rythmées par les cahots des périodes de crise sociale ou économique, des guerres - notamment celle de 1870 -, de l'émergence de l'antisémitisme moderne, avec l'affaire Dreyfus, et enfin de la colonisation, qui accorde aux Juifs des colonies la nationalité française (décret Crémieux, 1870).
Alors que dans l'Europe orientale, l'éveil des nationalismes rend les Juifs vulnérables dans un climat de violence exacerbée (1880, 1905), des vagues de réfugiés miséreux venus « de l'Est » se pressent aux portes du havre de la liberté et de l'égalité. La Première Guerre mondiale marque le premier grand tournant de la composition juive de la France. Souvent mal accueillis par les Israélites français, ces nouveaux migrants renforcent dans les années 1930 la démographie juive, tout en marquant leur singularité linguistique, politique et sociale.
La promulgation du « statut des Juifs » en 1940 et 1941 les relègue hors de la citoyenneté. Les déportations et exterminations massives de la Seconde Guerre mondiale laissent une population décimée et exsangue. La création de l'État d'Israël en 1948, puis la décolonisation et le rapatriement des réfugiés des pays arabes et d'Afrique du Nord en 1962, modifient encore la composition de la population juive et la revitalisent. La guerre de juin 1967 marque cependant une transformation considérable des attitudes à l'égard des Juifs. Soupçonnés de double allégeance, d'inconditionnalité en faveur d'Israël, les Juifs, perçus en tant que groupe, sont renvoyés à l'image médiévale de l'étranger autochtone au gré des soubresauts du conflit israélo-palestinien. S.-A.G.

Sylvie-Anne Goldberg
Historienne, directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, elle est l'auteure de la Clepsydre (2 tomes, Albin Michel, 2000 et 2004).

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