Le Monde des religions
PATRIARCHE KIRILL ORTHODOXIE RUSSIE
Le patriarche Kirill tente de se redorer son image
RUSSIE
Le patriarche Kirill tente de se redorer son image
Anaïs Heluin - publié le 18/04/2012
Dimanche 15 avril, lors de la célébration de la Pâque orthodoxe, le patriarche Kirill s'est posé en défenseur de l'Église russe. Une façon pour lui de dissiper les nombreux scandales que ses mœurs ont provoqués ces derniers temps.
© Sergey Pyatakov / Ria Novosti / AFP
Pour le patriarche Kirill, le discrédit a commencé sous un air de gag. C'est début avril sur l'internet russe que commençait la longue série de quolibets qui touche aujourd'hui Kirill ou Cyrille 1er, le plus haut dignitaire de l'église orthodoxe. Cause du déchaînement de l'opinion publique, la republication par l'agence Ria Novosti d'une photo du patriarche datant de 2009. À l'époque déjà, la retouche opérée par Photoshop afin de faire disparaître une montre du poignet du patriarche avait été repérée et dénoncée par les observateurs. Car le reflet de la montre sur la table, lui, demeurait visible.
Circonstance aggravante : au moment de la photographie, Kirill tout récemment élu seizième patriarche de Moscou et de toutes les Russies rencontrait officiellement le ministre de la Justice. De plus, sa montre de marque Bréguet ne coûtait pas moins de 20 000 euros... Un luxe peu en accord avec les principes de l'Église qui, début avril, a immédiatement relancé la polémique. Des moqueries, des détournements d'image en masse ont amené la presse à s'emparer de l'affaire et à grossir la controverse. Si bien que le patriarcat de Moscou a dû avouer la retouche, mais en la mettant sur le compte d'une pauvre employée inexpérimentée du service de presse.
Sans doute était-ce la bavure de trop, celle qui a fait éclater une colère déjà ancienne à l'endroit de Kirill et des représentants de l'église russe. Bien connu, le train de vie dispendieux du patriarche est en effet loin de se limiter à la possession d'une montre de luxe. Fin mars, un conflit de voisinage avait dégénéré lorsqu'il a été découvert que dans un très prestigieux logement de Moscou appartenant au patriarche vivait une femme. Enfin, Cyrille 1er a été largement critiqué pour sa dureté à l'égard de trois jeunes membres du groupe Pussy Riot, qui encourent une peine de sept ans de détention pour avoir chanté en février une prière punk contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
Face à cette situation critique, Kirill a profité de la célébration de la Pâque orthodoxe pour tenter de se racheter, d'améliorer son image auprès de l'opinion publique. Pas question pour autant de plaider coupable, au contraire. Dans une interview accordée à la télévision d'État Rossia, le patriarche n'a pas hésité à mettre les critiques qui le visent personnellement et les profanations d'Église au compte d'une seule et même cause : la lutte contre l'Église.
Menée par qui, nous ne le saurons pas. Pas par Vladimir Poutine en tous cas, le patriarche ayant soutenu l'homme politique dès son arrivée au pouvoir en 2000, ce malgré de nombreuses critiques. Par la population peut-être, bien que 70 % de la population russe se déclare orthodoxe. Toujours est-il que ce premier essai est assez peu concluant, et qu'il faudra sans doute bien plus pour redonner à l'Église russe une certaine crédibilité.
PATRIARCHE KIRILL ORTHODOXIE RUSSIE
Le patriarche Kirill tente de se redorer son image
RUSSIE
Le patriarche Kirill tente de se redorer son image
Anaïs Heluin - publié le 18/04/2012
Dimanche 15 avril, lors de la célébration de la Pâque orthodoxe, le patriarche Kirill s'est posé en défenseur de l'Église russe. Une façon pour lui de dissiper les nombreux scandales que ses mœurs ont provoqués ces derniers temps.
© Sergey Pyatakov / Ria Novosti / AFP
Pour le patriarche Kirill, le discrédit a commencé sous un air de gag. C'est début avril sur l'internet russe que commençait la longue série de quolibets qui touche aujourd'hui Kirill ou Cyrille 1er, le plus haut dignitaire de l'église orthodoxe. Cause du déchaînement de l'opinion publique, la republication par l'agence Ria Novosti d'une photo du patriarche datant de 2009. À l'époque déjà, la retouche opérée par Photoshop afin de faire disparaître une montre du poignet du patriarche avait été repérée et dénoncée par les observateurs. Car le reflet de la montre sur la table, lui, demeurait visible.
Circonstance aggravante : au moment de la photographie, Kirill tout récemment élu seizième patriarche de Moscou et de toutes les Russies rencontrait officiellement le ministre de la Justice. De plus, sa montre de marque Bréguet ne coûtait pas moins de 20 000 euros... Un luxe peu en accord avec les principes de l'Église qui, début avril, a immédiatement relancé la polémique. Des moqueries, des détournements d'image en masse ont amené la presse à s'emparer de l'affaire et à grossir la controverse. Si bien que le patriarcat de Moscou a dû avouer la retouche, mais en la mettant sur le compte d'une pauvre employée inexpérimentée du service de presse.
Sans doute était-ce la bavure de trop, celle qui a fait éclater une colère déjà ancienne à l'endroit de Kirill et des représentants de l'église russe. Bien connu, le train de vie dispendieux du patriarche est en effet loin de se limiter à la possession d'une montre de luxe. Fin mars, un conflit de voisinage avait dégénéré lorsqu'il a été découvert que dans un très prestigieux logement de Moscou appartenant au patriarche vivait une femme. Enfin, Cyrille 1er a été largement critiqué pour sa dureté à l'égard de trois jeunes membres du groupe Pussy Riot, qui encourent une peine de sept ans de détention pour avoir chanté en février une prière punk contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
Face à cette situation critique, Kirill a profité de la célébration de la Pâque orthodoxe pour tenter de se racheter, d'améliorer son image auprès de l'opinion publique. Pas question pour autant de plaider coupable, au contraire. Dans une interview accordée à la télévision d'État Rossia, le patriarche n'a pas hésité à mettre les critiques qui le visent personnellement et les profanations d'Église au compte d'une seule et même cause : la lutte contre l'Église.
Menée par qui, nous ne le saurons pas. Pas par Vladimir Poutine en tous cas, le patriarche ayant soutenu l'homme politique dès son arrivée au pouvoir en 2000, ce malgré de nombreuses critiques. Par la population peut-être, bien que 70 % de la population russe se déclare orthodoxe. Toujours est-il que ce premier essai est assez peu concluant, et qu'il faudra sans doute bien plus pour redonner à l'Église russe une certaine crédibilité.