Le christianisme évangélique est la religion qui augmente le plus dans le monde, mais aussi en France.
Fin janvier, la convention évangélique à Paris a mis en lumière ce dynamisme, avec comme objectif de construire d’ici dix ans un temple pour 10.000 habitants.
On a tout dit sur le succès de ces cultes chaleureux, basés sur l’expérience individuelle, et aussi sur ses limites, sectarisme de certains pasteurs, ou danger d’un « évangélisme de la prospérité » (la conversion vue comme un moyen de devenir riche).
Quant aux conséquences, elles sont multiples, et encore mal connues. Cette montée en puissance questionne d’abord le protestantisme français, d’origine réformée -ou luthérienne-, très intellectuel, socialement marqué, cultivant une mise en distance critique avec la foi totalement inconnue chez ces nouvelles communautés. Déjà minoritaires dans une France catholique, les protestants classiques voient aujourd’hui leur identité profondément menacée par ces nouveaux arrivants.
Modèle communautariste
Ce dynamisme interroge aussi la société française dans son ensemble, par son mode d’expansion, fortement communautariste. On le voit bien dans les grandes agglomérations : ici, un temple sri-lankais, là, des églises du Congo, ailleurs des évangéliques chinois, peut-être les plus dynamiques, ou encore martiniquais, guadeloupéens, etc.…Dans ce protestantisme-là, les nationalités ne se mélangent pas. Un tel communautarisme peut choquer, face à la vision « universaliste » française, mais aussi chrétienne : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme…. » disait saint Paul. Reste que ces églises sont pour un nouvel arrivant en France le moyen le plus sûr de trouver un accueil, une aide pour les papiers, voir un premier travail. Et que dans leurs sermons, les pasteurs s’occupent très concrètement de cette communauté, enjoignant les hommes à trouver un travail, les femmes à veiller à la scolarité des enfants, les jeunes à ne pas boire… tout cela dans l’objectif de réussir dans la société française.
Expérience de l’exode
Dans cinquante ans, des historiens souligneront peut-être le formidable rôle joué par ces nouvelles églises évangéliques pour l’intégration d’une partie de la population d’origine étrangère. Cela n’a rien à voir avec la foi ? Pas si sûr : théologiquement, on sait, avec la Bible, combien l’exode, sous toutes ses formes, constitue une expérience forte de retour vers Dieu. Ces « chrétiens de l’exil » sont peut-être en train de nous rappeler ce qui fait l’un des fondements de notre foi…
source La croix.