"Les aumôniers musulmans n'ont pas les mêmes moyens que leurs collègues chrétiens"
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-YANN MAZARI
CRÉÉ LE 16/04/2015 / MODIFIÉ LE 16/04/2015
© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Aumônier aux Centres pénitentiaires de Rennes depuis quinze ans, Mohamed Loueslati, évoque dans L'Islam en prison la situation des détenus musulmans dans les centres pénitentiaires en France et sa lutte contre la radicalisation.
Qu'est-ce qui vous a poussé à raconter votre combat ?
Le déclic a été lorsque Edwy Plenel dans son livre Pour les musulmans, a incité la communauté musulmane française à s'exprimer. J'ai réalisé à ce moment-là que les musulmans étaient toujours des indigènes au sens où ils ne parlaient pas. Une poignée d'intellectuels prenaient jusqu'alors la défense de l'islam mais n'évoquaient jamais la situation des musulmans de France.
Quel regard portez-vous sur la situation des musulmans dans les prisons ?
Je constate depuis plusieurs années une montée de la radicalisation dans les centres pénitentiaires. Mais c'est un processus qui s'amorce bien avant. Le profil des détenus est souvent le même : de jeunes hommes qui ont grandi sans figure paternelle, sortis très tôt du système scolaire. Ils n'ont pas la moindre formation, et sans aucune qualification, ils n'arrivent pas à trouver de travail. La plupart tombent dans la délinquance et se retrouvent en centre de détention. Ces gens souffrent de la non-réinsertion professionnelle car la prison ne joue pas son rôle en ne proposant pas une intégration. Lorsque je parle avec les détenus, certains me disent : « Il n'y a rien pour nous à la sortie. On a le choix entre vendre de la drogue, ou partir faire le djihad ». Leur motivation à partir en Syrie est grande car là-bas, on leur propose un salaire !
Comment analysez-vous la situation des aumôniers de prison en France ?
Notre travail n'est pas considéré. Nous n'avons pas le même statut que les aumôniers d'hôpitaux par exemple : nous sommes moins bien payés et nos moyens pour nous occuper des personnes sont limités...
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-YANN MAZARI
CRÉÉ LE 16/04/2015 / MODIFIÉ LE 16/04/2015
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Aumônier aux Centres pénitentiaires de Rennes depuis quinze ans, Mohamed Loueslati, évoque dans L'Islam en prison la situation des détenus musulmans dans les centres pénitentiaires en France et sa lutte contre la radicalisation.
Qu'est-ce qui vous a poussé à raconter votre combat ?
Le déclic a été lorsque Edwy Plenel dans son livre Pour les musulmans, a incité la communauté musulmane française à s'exprimer. J'ai réalisé à ce moment-là que les musulmans étaient toujours des indigènes au sens où ils ne parlaient pas. Une poignée d'intellectuels prenaient jusqu'alors la défense de l'islam mais n'évoquaient jamais la situation des musulmans de France.
Quel regard portez-vous sur la situation des musulmans dans les prisons ?
Je constate depuis plusieurs années une montée de la radicalisation dans les centres pénitentiaires. Mais c'est un processus qui s'amorce bien avant. Le profil des détenus est souvent le même : de jeunes hommes qui ont grandi sans figure paternelle, sortis très tôt du système scolaire. Ils n'ont pas la moindre formation, et sans aucune qualification, ils n'arrivent pas à trouver de travail. La plupart tombent dans la délinquance et se retrouvent en centre de détention. Ces gens souffrent de la non-réinsertion professionnelle car la prison ne joue pas son rôle en ne proposant pas une intégration. Lorsque je parle avec les détenus, certains me disent : « Il n'y a rien pour nous à la sortie. On a le choix entre vendre de la drogue, ou partir faire le djihad ». Leur motivation à partir en Syrie est grande car là-bas, on leur propose un salaire !
Comment analysez-vous la situation des aumôniers de prison en France ?
Notre travail n'est pas considéré. Nous n'avons pas le même statut que les aumôniers d'hôpitaux par exemple : nous sommes moins bien payés et nos moyens pour nous occuper des personnes sont limités...
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