Le Vatican s'éloigne de l'Italie
BOSCO D'OTREPPE
CRÉÉ LE 05/06/2014 / MODIFIÉ LE 06/06/2014
© GABRIEL BOUYS / AFP © GABRIEL BOUYS / AFP
François n'a pas peur des siens, il change ses pions et bouleverse l'empire italien auprès de la Basilique Saint Pierre. Il vient encore de le prouver ce jeudi.
Professionnaliser, internationaliser, coordonner. Voici les trois maitres de mots de François en matière de réformes institutionnelles au Vatican.
Il vient encore de le prouver aujourd'hui après avoir « remercié » l'entièreté du conseil de direction de l’Autorité d’information financière (AIF). Pour rappel, fondée en 2010 par Benoit XVI, et chargée de la prévention et de la lutte contre le blanchiment et la fraude, l'AIF est un des pions essentiels du Saint-Siège dans le cadre d'une politique de transparence et d'assainissement de ses finances.
Désaveu pour les Italiens
Viennent donc d'être démis, quatre italiens (Claudio Bianchi, Marcello Condemi, Giuseppe Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto, Francesco De Pasquale et Cesare Testa) pour être remplacés par trois hommes renommés (le Suisse Marc Odendall, administrateur de plusieurs fondations et consultant financier dans le secteur philanthropique, le Singapourien Joseph Yuvaraj Pillay, président du Conseil des consulteurs du président de la République de Singapour, l’Américain Juan Carlos Zarate, conseiller au Centre d’études stratégiques internationales et ancien conseiller du président George W. Bush) et Maria Bianca Farina, manager issue des Postes italiennes.
Selon les observateurs romains, c'est bien une bonne partie de la « vieille garde » qui est ainsi mise à la porte. Cela, précisait l'agence I.Media, pour changer une certaine « culture » à l’origine de plusieurs affaires. On pense bien entendu (sans ne rien pouvoir prouver) à l'affaire qui a éclaboussé récemment encore Mgr Scarano.
Pour plus d'ententes
Selon l'agence de presse AP, des affrontements récurrents opposaient ce conseil très italien et le directeur de l'Agence, le Suisse René Brülhart qui aurait tenu les premiers à l'écart de bien des initiatives. Pour AP, ce sont ces mésententes qui auraient conduit à la démission en janvier dernier du président de l'AIF, le cardinal Attilio Nicora (aujourd'hui remplacé par Mgr Giorgio Corbellini)
Sans vouloir tirer de conclusions trop rapides sur le cas particulier de cette affaire, il est certain (pour schématiser) que deux écoles s'affrontent au Vatican : les tenants de la transparence absolue, et les autres, soucieux de l'autonomie du Vatican, de sa souveraineté financière, et adeptes donc de la discrétion.
Un pape très clair
Quoi qu'il en soit, François impose sa marque. Après avoir créé le Secrétariat pour l'économie, il n'hésite plus dans de nombreux domaines à intégrer des laïcs de tous pays au sein des arcanes du Vatican (nous vous conseillons d'ailleurs cette très intéressante interview de Jean-Baptiste de Franssu, laic français nommé membre du Conseil pour l'économie du Vatican).
Ce 5 juin encore, le pape a nommé Danny Casey, un laïc australien à la tête de la section “project management“ du nouveau Secrétariat pour l’économie. Cet expert en finance sera chargé à la fois d’assister le cardinal George Pell, ancien archevêque de Sydney et préfet du nouveau Secrétariat, dans la réforme des structures économiques et financières du Saint-Siège, mais également de coordonner le travail du dicastère.
À l'écoute, mais capable de trancher en solitaire, direct et proactif (« C'est un chef d'entreprise incroyable » confirment plusieurs membres de la curie), s'appuyant sur le travail de son prédécesseur, François continue donc d'avancer sans avoir peur d'écarter ou, plus poliment, de « remercier » au nom de l'efficacité.
BOSCO D'OTREPPE
CRÉÉ LE 05/06/2014 / MODIFIÉ LE 06/06/2014
© GABRIEL BOUYS / AFP © GABRIEL BOUYS / AFP
François n'a pas peur des siens, il change ses pions et bouleverse l'empire italien auprès de la Basilique Saint Pierre. Il vient encore de le prouver ce jeudi.
Professionnaliser, internationaliser, coordonner. Voici les trois maitres de mots de François en matière de réformes institutionnelles au Vatican.
Il vient encore de le prouver aujourd'hui après avoir « remercié » l'entièreté du conseil de direction de l’Autorité d’information financière (AIF). Pour rappel, fondée en 2010 par Benoit XVI, et chargée de la prévention et de la lutte contre le blanchiment et la fraude, l'AIF est un des pions essentiels du Saint-Siège dans le cadre d'une politique de transparence et d'assainissement de ses finances.
Désaveu pour les Italiens
Viennent donc d'être démis, quatre italiens (Claudio Bianchi, Marcello Condemi, Giuseppe Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto, Francesco De Pasquale et Cesare Testa) pour être remplacés par trois hommes renommés (le Suisse Marc Odendall, administrateur de plusieurs fondations et consultant financier dans le secteur philanthropique, le Singapourien Joseph Yuvaraj Pillay, président du Conseil des consulteurs du président de la République de Singapour, l’Américain Juan Carlos Zarate, conseiller au Centre d’études stratégiques internationales et ancien conseiller du président George W. Bush) et Maria Bianca Farina, manager issue des Postes italiennes.
Selon les observateurs romains, c'est bien une bonne partie de la « vieille garde » qui est ainsi mise à la porte. Cela, précisait l'agence I.Media, pour changer une certaine « culture » à l’origine de plusieurs affaires. On pense bien entendu (sans ne rien pouvoir prouver) à l'affaire qui a éclaboussé récemment encore Mgr Scarano.
Pour plus d'ententes
Selon l'agence de presse AP, des affrontements récurrents opposaient ce conseil très italien et le directeur de l'Agence, le Suisse René Brülhart qui aurait tenu les premiers à l'écart de bien des initiatives. Pour AP, ce sont ces mésententes qui auraient conduit à la démission en janvier dernier du président de l'AIF, le cardinal Attilio Nicora (aujourd'hui remplacé par Mgr Giorgio Corbellini)
Sans vouloir tirer de conclusions trop rapides sur le cas particulier de cette affaire, il est certain (pour schématiser) que deux écoles s'affrontent au Vatican : les tenants de la transparence absolue, et les autres, soucieux de l'autonomie du Vatican, de sa souveraineté financière, et adeptes donc de la discrétion.
Un pape très clair
Quoi qu'il en soit, François impose sa marque. Après avoir créé le Secrétariat pour l'économie, il n'hésite plus dans de nombreux domaines à intégrer des laïcs de tous pays au sein des arcanes du Vatican (nous vous conseillons d'ailleurs cette très intéressante interview de Jean-Baptiste de Franssu, laic français nommé membre du Conseil pour l'économie du Vatican).
Ce 5 juin encore, le pape a nommé Danny Casey, un laïc australien à la tête de la section “project management“ du nouveau Secrétariat pour l’économie. Cet expert en finance sera chargé à la fois d’assister le cardinal George Pell, ancien archevêque de Sydney et préfet du nouveau Secrétariat, dans la réforme des structures économiques et financières du Saint-Siège, mais également de coordonner le travail du dicastère.
À l'écoute, mais capable de trancher en solitaire, direct et proactif (« C'est un chef d'entreprise incroyable » confirment plusieurs membres de la curie), s'appuyant sur le travail de son prédécesseur, François continue donc d'avancer sans avoir peur d'écarter ou, plus poliment, de « remercier » au nom de l'efficacité.