Une fronde épiscopale germanophone?
Natalia Trouiller - publié le 15/10/2012
L'archevêque de Salzbourg (Autriche) et le président de la Conférence des évêques allemande ont chacun pris des positions ces deux derniers jours qui manifestent une certaine indépendance.
Le premier tir est venu d'Autriche, de l'archevêque de Salzbourg, Alois Kothgasser. Lors d'une réunion des prêtres de son diocèse, dont l'agence Kath.net a eu le compte rendu, l'archevêque est revenu sur la lettre adressée il y a quelques mois par Benoît XVI aux évêques allemands. On se souvient que le Saint Père était intervenu pour leur demander de modifier la traduction de "pro multis", jusque-là rendu par "pour tous", en "pour beaucoup", dans le rituel de la messe. La question, qui peut sembler anodine, revêt en réalité un enjeu théologique crucial: le Christ a-t-il fait le sacrifice de sa vie pour tous les hommes, ou pour beaucoup d'hommes?
> Interrogé sur ce sujet lors de cette réunion par les prêtres qui voulaient savoir si cette modification allait être également portée dans l'Eglise en Autriche, Mgr Kothgasser a fait comprendre que "selon lui, la lettre de Benoît XVI n'a pas le caractère d'une décision, et qu'il était du rôle des évêques germanophones d'en décider. Kath.net explique que "Mgr Kothgasser défend clairement le 'pour tous', parce que la volonté de la Rédemption de tous est clairement établie dans la doctrine. Si cette volonté objective de la Rédemption pour tous s'applique aux individus, elle dépend de la liberté subjective des hommes".
> Quant au cardinal Lehman,interrogé par la télévision allemande sur la pertinence d'un éventuel concile de Vatican III, il a répondu qu'il n'y voyait pas d'intérêt, mais que les instruments mis en place par Vatican II étaient selon lui "insuffisamment utilisés". Pour qu'ils le soient davantage, il faudrait selon lui "un changement de style de gouvernance" au Vatican. Et de citer "l'internationalisation de la curie romaine" qui n'aurait pas été réussie, les synodes d'évêques peu ou mal utilisés, et de critiquer "l'influence grandissante" de Rome sur les diocèses. L'intervention du Vatican dans les traductions locales du missel relève selon lui d'une "régression infantilisante" et même une "violation du droit liturgique" qui ne devrait pas être acceptée. Enfin, le cardinal Lehman explique que beaucoup de demandes du fameux synode Würzburg (synode interdiocésain en Allemagne de l'Est, 1971-1975, qui a porté un certain nombre de revendications réformistes) se soient trouvées sans réponse de la part du pape, encore aujourd'hui.
Natalia Trouiller - publié le 15/10/2012
L'archevêque de Salzbourg (Autriche) et le président de la Conférence des évêques allemande ont chacun pris des positions ces deux derniers jours qui manifestent une certaine indépendance.
Le premier tir est venu d'Autriche, de l'archevêque de Salzbourg, Alois Kothgasser. Lors d'une réunion des prêtres de son diocèse, dont l'agence Kath.net a eu le compte rendu, l'archevêque est revenu sur la lettre adressée il y a quelques mois par Benoît XVI aux évêques allemands. On se souvient que le Saint Père était intervenu pour leur demander de modifier la traduction de "pro multis", jusque-là rendu par "pour tous", en "pour beaucoup", dans le rituel de la messe. La question, qui peut sembler anodine, revêt en réalité un enjeu théologique crucial: le Christ a-t-il fait le sacrifice de sa vie pour tous les hommes, ou pour beaucoup d'hommes?
> Interrogé sur ce sujet lors de cette réunion par les prêtres qui voulaient savoir si cette modification allait être également portée dans l'Eglise en Autriche, Mgr Kothgasser a fait comprendre que "selon lui, la lettre de Benoît XVI n'a pas le caractère d'une décision, et qu'il était du rôle des évêques germanophones d'en décider. Kath.net explique que "Mgr Kothgasser défend clairement le 'pour tous', parce que la volonté de la Rédemption de tous est clairement établie dans la doctrine. Si cette volonté objective de la Rédemption pour tous s'applique aux individus, elle dépend de la liberté subjective des hommes".
> Quant au cardinal Lehman,interrogé par la télévision allemande sur la pertinence d'un éventuel concile de Vatican III, il a répondu qu'il n'y voyait pas d'intérêt, mais que les instruments mis en place par Vatican II étaient selon lui "insuffisamment utilisés". Pour qu'ils le soient davantage, il faudrait selon lui "un changement de style de gouvernance" au Vatican. Et de citer "l'internationalisation de la curie romaine" qui n'aurait pas été réussie, les synodes d'évêques peu ou mal utilisés, et de critiquer "l'influence grandissante" de Rome sur les diocèses. L'intervention du Vatican dans les traductions locales du missel relève selon lui d'une "régression infantilisante" et même une "violation du droit liturgique" qui ne devrait pas être acceptée. Enfin, le cardinal Lehman explique que beaucoup de demandes du fameux synode Würzburg (synode interdiocésain en Allemagne de l'Est, 1971-1975, qui a porté un certain nombre de revendications réformistes) se soient trouvées sans réponse de la part du pape, encore aujourd'hui.