La Vie
Ménage de printemps chez les évêques de Centrafrique
Natalia Trouiller - publié le 15/05/2012
Hier, le pape a nommé troix nouveaux évêques et un évêque auxiliaire en République centrafricaine, dont l'archevêque de la capitale. Soit un tiers des évêques du pays, sur fond de scandales sexuels et financiers.
Mgr Paulin Pomodimo, ex-archevêque de Bangui, remplacé hier. © DR
CENTRAFRIQUE: DU SANG NEUF CHEZ LES EVEQUES
C'est l'un des chantiers les moins médiatiques du pontificat de Benoît XVI qui a franchi hier une étape importante: la nomination de quatre nouveaux évêques en République centrafricaine. Officiellement partis à la retraite pour "problèmes insurmontables dans la gestion de leurs diocèses", l'évêque de Bossangoa Mgr François-Xavier Yombadje et Mgr Paulin Pomodimo, l'archevêque de Bangui, ont donc été remplacés après trois ans de vacance de leurs sièges apostoliques respectifs.
> Pour comprendre les raisons de ce changement en profondeur, il faut remonter en mai 2009. Alerté par les rumeurs de double vie des deux prélats, Benoît XVI avait alors envoyé sur place Mgr Robert Sarah, secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Il y découvre une Eglise dont beaucoup de pasteurs vivent avec une compagne, et des diocèses en crise à cause de la mauvaise gestion des évêques. Quelques jours après la visite de Mgr Sarah, le préfet de la Congrégation, Mgr Dias, avait adressé une lettre aux prêtres mis en cause : "Votre conduite morale n'est pas toujours conforme à vos engagements à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant. On ne peut plus nier ce que tout le monde connaît en profondeur". Quelques jours plus tard, l'archevêque de Bangui et l'évêque de Bossangoa démissionnent.
> La réaction chez les prêtres concernés a été vive: entraînant la controverse sur le terrain colonialiste, ils lancent le 26 mai 2009 un "appel au peuple chrétien": "Religieux, religieuses, évêques européens se sont lancés dans la médisance, la calomnie et les délations en tous genres contre le clergé autochtone. Nous déplorons la main basse de certains missionnaires pour récupérer toutes les instances de responsabilité. N'est-ce pas du néocolonialisme ecclésiastique ?" Et lancent un mouvement de grève des sacrements.
> Le calme est revenu peu à peu dans l'Eglise en Centrafrique. Et en nommant quatre évêques, tous issus du continent africain, Benoît XVI a envoyé un ultime signe de pacification.
Ménage de printemps chez les évêques de Centrafrique
Natalia Trouiller - publié le 15/05/2012
Hier, le pape a nommé troix nouveaux évêques et un évêque auxiliaire en République centrafricaine, dont l'archevêque de la capitale. Soit un tiers des évêques du pays, sur fond de scandales sexuels et financiers.
Mgr Paulin Pomodimo, ex-archevêque de Bangui, remplacé hier. © DR
CENTRAFRIQUE: DU SANG NEUF CHEZ LES EVEQUES
C'est l'un des chantiers les moins médiatiques du pontificat de Benoît XVI qui a franchi hier une étape importante: la nomination de quatre nouveaux évêques en République centrafricaine. Officiellement partis à la retraite pour "problèmes insurmontables dans la gestion de leurs diocèses", l'évêque de Bossangoa Mgr François-Xavier Yombadje et Mgr Paulin Pomodimo, l'archevêque de Bangui, ont donc été remplacés après trois ans de vacance de leurs sièges apostoliques respectifs.
> Pour comprendre les raisons de ce changement en profondeur, il faut remonter en mai 2009. Alerté par les rumeurs de double vie des deux prélats, Benoît XVI avait alors envoyé sur place Mgr Robert Sarah, secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Il y découvre une Eglise dont beaucoup de pasteurs vivent avec une compagne, et des diocèses en crise à cause de la mauvaise gestion des évêques. Quelques jours après la visite de Mgr Sarah, le préfet de la Congrégation, Mgr Dias, avait adressé une lettre aux prêtres mis en cause : "Votre conduite morale n'est pas toujours conforme à vos engagements à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant. On ne peut plus nier ce que tout le monde connaît en profondeur". Quelques jours plus tard, l'archevêque de Bangui et l'évêque de Bossangoa démissionnent.
> La réaction chez les prêtres concernés a été vive: entraînant la controverse sur le terrain colonialiste, ils lancent le 26 mai 2009 un "appel au peuple chrétien": "Religieux, religieuses, évêques européens se sont lancés dans la médisance, la calomnie et les délations en tous genres contre le clergé autochtone. Nous déplorons la main basse de certains missionnaires pour récupérer toutes les instances de responsabilité. N'est-ce pas du néocolonialisme ecclésiastique ?" Et lancent un mouvement de grève des sacrements.
> Le calme est revenu peu à peu dans l'Eglise en Centrafrique. Et en nommant quatre évêques, tous issus du continent africain, Benoît XVI a envoyé un ultime signe de pacification.