[size=38]Pour la première fois en Écosse, les personnes « sans religion » sont majoritaires[/size]
Analyse
D’après une récente étude du service du recensement, plus de la moitié de la population (51,1 %) se déclare « sans religion », un chiffre en forte hausse depuis vingt ans.
La cathédrale de Dublin. Plus de la moitié des Irlandais se disent sans religion, d’après un recensement réalisé en 2022et rendu public mardi 21 mai.LUCAS VALLECILLOS / VWPICS / VWPICS VIA AP IMAGES
Plus de 50 % des Écossais se disent « sans religion », d’après une étude du service du recensement réalisée en 2022 et publiée mardi 21 mai. Un chiffre sans précédent dans cette nation constitutive du Royaume-Uni, historiquement protestante. En près de deux décennies, ce nombre a même presque doublé : ils étaient 27,5 % en 2001.
Les résultats de cette enquête n’ont pourtant pas étonné Ian Bradley, ancien journaliste et pasteur, aujourd’hui à la tête de la faculté de théologie de Saint Andrews, au nord d’Édimbourg. « Les croyants fréquentent de moins en moins les églises. Les mariages et les enterrements religieux sont en baisse et la sécularisation augmente, constate-t-il. Pourtant, l’Écosse est vue comme plus religieuse que l’Angleterre.»
L’Église d’Écosse, plus connue sous le nom de The Kirk, est protestante depuis 1560, date de la Réforme écossaise et du rejet de l’autorité du pape et du Vatican. Aujourd’hui, le nombre des personnes qui s’identifient à The Kirk a reculé de plus d’un million depuis 2001, dans ce pays de plus de cinq millions d’habitants.
À lire aussiÉtats-Unis : une étude pour comprendre qui sont les « sans religion »
Comment expliquer un tel déclin ? « L’Église d’Écosse n’est pas suffisamment attractive, surtout auprès des jeunes. Elle a du mal à se débarrasser de son image un peu démodée et ennuyeuse», estime Ian Bradley. L’Église d’Écosse a accepté l’ordination des femmes dès 1968 et a autorisé le mariage homosexuel en 2017.
« L’Église d’Écosse apparaît comme bien plus progressiste que l’Église catholique de Rome, mais elle demeure opposée à l’IVG et à l’aide à mourir », souligne Ian Bradley. Le chercheur souligne un paradoxe : « L’Église écossaise est considérée comme trop libérale pour certains et trop traditionnelle pour d’autres. »
« La baisse du nombre de prêtres et de pasteurs explique aussi la diminution du nombre de fidèles, analyse Ian Bradley. Nous accompagnons d’habitude six séminaristes protestants à l’université deSaint Andrews, mais nous n’avons eu aucun candidat cette année. »
À lire aussiEn Angleterre et au pays de Galles, des chrétiens désormais minoritaires
La hausse des personnes se déclarant sans religion n’est pas propre à l’Écosse. Ce phénomène s’observe aussi dans les autres nations du Royaume-Uni. En Angleterre et au pays de Galles, elles représentaient 37,2 % de la population en 2021, contre 25,2 % en 2011. Même hausse en Irlande du Nord, où elles sont passées de 10,1 % à 17,4 % sur la même décennie. Une augmentation de non-croyants pourtant moins importante que dans le nord du Royaume-Uni. « En l’Angleterre, il y a beaucoup plus de chrétiens afro-caribéens qu’en Écosse, et ces personnes sont généralement très pratiquantes », explique Ian Bradley.
Si le nombre de chrétiens diminue, à l’inverse, la population de confession musulmane a légèrement augmenté en Écosse, passant de 1,45 % à 2,2 % en dix ans. « Cela s’explique par l’arrivée de personnes immigrées. Le taux de natalité est aussi plus élevé dans cette partie de la population que parmi les chrétiens. Mais même s’il y a une hausse du nombre de musulmans, ils restent très peu présents en Écosse par rapport aux catholiques et aux protestants. »
La proportion de personnes sans religion va-t-elle continuer à augmenter ? « Il est difficile d’établir des prévisions, mais aucun indice ne montre que la courbe pourrait s’inverser, analyse le chercheur. Mais les chrétiens sont encore très nombreux en Écosse : un million de personnes sont croyantes sur plus de cinq millions d’habitants, relativise-t-il. Il y a aussi beaucoup de personnes qui s’inscrivent en études de théologie. L’intérêt pour la religion subsiste. »
Analyse
D’après une récente étude du service du recensement, plus de la moitié de la population (51,1 %) se déclare « sans religion », un chiffre en forte hausse depuis vingt ans.
- Lucile Coppalle,
- le 23/05/2024 à 18:32
La cathédrale de Dublin. Plus de la moitié des Irlandais se disent sans religion, d’après un recensement réalisé en 2022et rendu public mardi 21 mai.LUCAS VALLECILLOS / VWPICS / VWPICS VIA AP IMAGES
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Plus de 50 % des Écossais se disent « sans religion », d’après une étude du service du recensement réalisée en 2022 et publiée mardi 21 mai. Un chiffre sans précédent dans cette nation constitutive du Royaume-Uni, historiquement protestante. En près de deux décennies, ce nombre a même presque doublé : ils étaient 27,5 % en 2001.
Les résultats de cette enquête n’ont pourtant pas étonné Ian Bradley, ancien journaliste et pasteur, aujourd’hui à la tête de la faculté de théologie de Saint Andrews, au nord d’Édimbourg. « Les croyants fréquentent de moins en moins les églises. Les mariages et les enterrements religieux sont en baisse et la sécularisation augmente, constate-t-il. Pourtant, l’Écosse est vue comme plus religieuse que l’Angleterre.»
Une image « un peu démodée et ennuyeuse »
L’Église d’Écosse, plus connue sous le nom de The Kirk, est protestante depuis 1560, date de la Réforme écossaise et du rejet de l’autorité du pape et du Vatican. Aujourd’hui, le nombre des personnes qui s’identifient à The Kirk a reculé de plus d’un million depuis 2001, dans ce pays de plus de cinq millions d’habitants.
À lire aussiÉtats-Unis : une étude pour comprendre qui sont les « sans religion »
Comment expliquer un tel déclin ? « L’Église d’Écosse n’est pas suffisamment attractive, surtout auprès des jeunes. Elle a du mal à se débarrasser de son image un peu démodée et ennuyeuse», estime Ian Bradley. L’Église d’Écosse a accepté l’ordination des femmes dès 1968 et a autorisé le mariage homosexuel en 2017.
« L’Église d’Écosse apparaît comme bien plus progressiste que l’Église catholique de Rome, mais elle demeure opposée à l’IVG et à l’aide à mourir », souligne Ian Bradley. Le chercheur souligne un paradoxe : « L’Église écossaise est considérée comme trop libérale pour certains et trop traditionnelle pour d’autres. »
De moins en moins de prêtres et de pasteurs
« La baisse du nombre de prêtres et de pasteurs explique aussi la diminution du nombre de fidèles, analyse Ian Bradley. Nous accompagnons d’habitude six séminaristes protestants à l’université deSaint Andrews, mais nous n’avons eu aucun candidat cette année. »
À lire aussiEn Angleterre et au pays de Galles, des chrétiens désormais minoritaires
La hausse des personnes se déclarant sans religion n’est pas propre à l’Écosse. Ce phénomène s’observe aussi dans les autres nations du Royaume-Uni. En Angleterre et au pays de Galles, elles représentaient 37,2 % de la population en 2021, contre 25,2 % en 2011. Même hausse en Irlande du Nord, où elles sont passées de 10,1 % à 17,4 % sur la même décennie. Une augmentation de non-croyants pourtant moins importante que dans le nord du Royaume-Uni. « En l’Angleterre, il y a beaucoup plus de chrétiens afro-caribéens qu’en Écosse, et ces personnes sont généralement très pratiquantes », explique Ian Bradley.
Si le nombre de chrétiens diminue, à l’inverse, la population de confession musulmane a légèrement augmenté en Écosse, passant de 1,45 % à 2,2 % en dix ans. « Cela s’explique par l’arrivée de personnes immigrées. Le taux de natalité est aussi plus élevé dans cette partie de la population que parmi les chrétiens. Mais même s’il y a une hausse du nombre de musulmans, ils restent très peu présents en Écosse par rapport aux catholiques et aux protestants. »
La proportion de personnes sans religion va-t-elle continuer à augmenter ? « Il est difficile d’établir des prévisions, mais aucun indice ne montre que la courbe pourrait s’inverser, analyse le chercheur. Mais les chrétiens sont encore très nombreux en Écosse : un million de personnes sont croyantes sur plus de cinq millions d’habitants, relativise-t-il. Il y a aussi beaucoup de personnes qui s’inscrivent en études de théologie. L’intérêt pour la religion subsiste. »