[size=62]Sexe, alcool & Révolution islamique : bienvenue à Téhéran[/size]
A Téhéran, le 15 juin 2018, soir de la victoire de l'équipe d'Iran contre le Maroc pendant la Coupe du monde de football. (MORTEZA NIKOUBAZL/SIPA)
Publié le 12 février 2019 à 18h24
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
[/size]
Dans l’après-midi, le narrateur arrive à l’aéroport de Téhéran et tend son passeport à la douane avec une boule au ventre. Sait-on jamais ce qui peut vous arriver quand on se met dans les griffes de la police iranienne? Le soir même, il a retrouvé Kamran, l’ami cher qu’il n’a pas vu depuis dix ans, et qui a organisé, dans son appartement, une petite fête pour célébrer le grand retour: de l’alcool coulant à flot et des filles trop maquillées qui ne quitteront les lieux qu’au petit matin. Bienvenue en Iran, terre de contrastes, comme on disait, jadis, dans les brochures d’agence de voyage.
En ce mois de février 2019, le pays des Mollahs commémore le quarantième anniversaire de la révolution qui a renversé le Chah et ouvert la voie à la république islamique. «Un printemps à Téhéran», publié en ce moment aux éditions Plon, offre le meilleur des visas pour tenter de comprendre où en est ce pays déconcertant et fascinant. Armin Arefi, son auteur, est un français de famille iranienne, par ailleurs journaliste au «Point», où il couvre le Moyen-Orient. Il a passé beaucoup de temps en Iran jusqu’au moment où il en a été chassé, en 2007, à cause de papiers qui avaient dû chatouiller la susceptibilité des officiels, sans qu’on lui explique jamais clairement lesquels.
Les couples, nous raconte l’auteur, sont de plus en plus nombreux à vouloir goûter au «mariage blanc», c’est-à-dire à la vie en union libre. Et quelques pages plus loin, une de ses amies lui explique comment elle a été rejetée avec brutalité par le garçon dont elle était amoureuse parce qu’elle n’a pas saigné la première fois qu’ils ont eu un rapport sexuel.
L’Iran est-il aussi fragile qu’une sculpture de glace ?
A Téhéran, on peut avoir, dans un dîner ou dans un bar, des conversations étonnantes de liberté. Et, dans la grande prison située à quelques kilomètres de la capitale, on torture les courageux qui sont allés un peu trop loin pour secouer un régime sclérosé. L’économie se casse la gueule à cause de l’embargo américain. La plupart des jeunes que croise notre journaliste ne rêve que de fuir un pays sans avenir.
Mais il rencontre aussi un petit malin qui a profité de l’interdiction des plates-formes occidentales pour bidouiller un Uber en version locale. Ça a lui a permis tout à la fois de devenir millionnaire et de jeter à bas la corporation des taxis téhéranais qui paraissait, de toute éternité, une citadelle inexpugnable.
"De notre envoyé spécial à Téhéran" : voici le fameux reportage de Michel Foucault pour "l'Obs"
Bien malin celui qui pourra prédire dans quel sens il pourra se diriger dans les quarante ans à venir. Va-t-il s’ouvrir, comme on l’a espéré tant de fois? Se refermer comme on l’a vu à d’autres reprises? L’auteur est trop prudent et trop bon journaliste pour se risquer de donner des réponses certaines à ces questions trop vastes. En refermant son livre, on comprend aussi à quel point il est passionnant de se les poser.
[/size]
A Téhéran, le 15 juin 2018, soir de la victoire de l'équipe d'Iran contre le Maroc pendant la Coupe du monde de football. (MORTEZA NIKOUBAZL/SIPA)
Il y a quarante ans, le Chah d’Iran était renversé. Armin Arefi raconte ce qu’est devenu le pays dans "Un printemps à Téhéran", et c’est très intéressant.
Par François ReynaertPublié le 12 février 2019 à 18h24
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
[/size]
L’Iran est-il aussi fragile qu’une sculpture de glace ?
"De notre envoyé spécial à Téhéran" : voici le fameux reportage de Michel Foucault pour "l'Obs"
Michel Foucault, l'Iran et le pouvoir du spirituel : l’entretien inédit de 1979
Foucault en Iran : "Il ne voyait pas les femmes"
Dans l’après-midi, le narrateur arrive à l’aéroport de Téhéran et tend son passeport à la douane avec une boule au ventre. Sait-on jamais ce qui peut vous arriver quand on se met dans les griffes de la police iranienne? Le soir même, il a retrouvé Kamran, l’ami cher qu’il n’a pas vu depuis dix ans, et qui a organisé, dans son appartement, une petite fête pour célébrer le grand retour: de l’alcool coulant à flot et des filles trop maquillées qui ne quitteront les lieux qu’au petit matin. Bienvenue en Iran, terre de contrastes, comme on disait, jadis, dans les brochures d’agence de voyage.
En ce mois de février 2019, le pays des Mollahs commémore le quarantième anniversaire de la révolution qui a renversé le Chah et ouvert la voie à la république islamique. «Un printemps à Téhéran», publié en ce moment aux éditions Plon, offre le meilleur des visas pour tenter de comprendre où en est ce pays déconcertant et fascinant. Armin Arefi, son auteur, est un français de famille iranienne, par ailleurs journaliste au «Point», où il couvre le Moyen-Orient. Il a passé beaucoup de temps en Iran jusqu’au moment où il en a été chassé, en 2007, à cause de papiers qui avaient dû chatouiller la susceptibilité des officiels, sans qu’on lui explique jamais clairement lesquels.
[size=42]Fêtes délirantes et union libre
Par un de ces revirements tout aussi opaque dont sont spécialistes les bureaucraties des régimes autoritaires, il est enfin autorisé, fin 2016, à retrouver dans le pays de son cœur. De chapitres en chapitres, le livre nous le raconte sous tous ses aspects, économiques, politiques, quotidiens, amoureux, tous plus déroutants les uns que les autres. Il y a donc toujours, dans les rues, les miliciens qui rôdent pour faire triompher la vertu. Il y a donc aussi, dans les appartements, des fêtes délirantes, avec filles et alcools.Les couples, nous raconte l’auteur, sont de plus en plus nombreux à vouloir goûter au «mariage blanc», c’est-à-dire à la vie en union libre. Et quelques pages plus loin, une de ses amies lui explique comment elle a été rejetée avec brutalité par le garçon dont elle était amoureuse parce qu’elle n’a pas saigné la première fois qu’ils ont eu un rapport sexuel.
L’Iran est-il aussi fragile qu’une sculpture de glace ?
A Téhéran, on peut avoir, dans un dîner ou dans un bar, des conversations étonnantes de liberté. Et, dans la grande prison située à quelques kilomètres de la capitale, on torture les courageux qui sont allés un peu trop loin pour secouer un régime sclérosé. L’économie se casse la gueule à cause de l’embargo américain. La plupart des jeunes que croise notre journaliste ne rêve que de fuir un pays sans avenir.
Mais il rencontre aussi un petit malin qui a profité de l’interdiction des plates-formes occidentales pour bidouiller un Uber en version locale. Ça a lui a permis tout à la fois de devenir millionnaire et de jeter à bas la corporation des taxis téhéranais qui paraissait, de toute éternité, une citadelle inexpugnable.
[size=42]Poids de la religion[/size]
Chaque fête chiite donne lieu à des démonstrations de foi qui rappelle le poids de la religion sur le pays. Et, dans le même temps, parmi les foules qui se pressent dans les sites antiques, il n’est pas rare d’entendre des esprits forts rappeler que la Perse n’a jamais été si grande qu’avant l’arrivée de l’Islam. Tout est comme ça, après quarante ans de révolution islamique, au pays des Mollahs."De notre envoyé spécial à Téhéran" : voici le fameux reportage de Michel Foucault pour "l'Obs"
Bien malin celui qui pourra prédire dans quel sens il pourra se diriger dans les quarante ans à venir. Va-t-il s’ouvrir, comme on l’a espéré tant de fois? Se refermer comme on l’a vu à d’autres reprises? L’auteur est trop prudent et trop bon journaliste pour se risquer de donner des réponses certaines à ces questions trop vastes. En refermant son livre, on comprend aussi à quel point il est passionnant de se les poser.
[/size]
François Reynaert
Un printemps à Téhéran.
La vraie vie en République islamique
La vraie vie en République islamique