religion est devenue une réalité comme une autre sur le lieu de travail, estime l’enquête annuelle réalisée par l’Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre) et l’Institut Randstad.
Mais s’ils restent minoritaires, les cas conflictuels ont tendance à augmenter.
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7 personnes sur 10 ne voient pas d’objection au fait de parler de religion avec les collègues de travail si cela ne gêne pas la réalisation du travail (71 %). / B. Sacha/Getty Images
Dans la très grande majorité des entreprises, l’expression de l’appartenance religieuse sur le lieu de travail n’est pas un problème. Et dans neuf cas sur dix, elle n’en gêne pas le bon fonctionnement. C’est le principal enseignement de la sixième édition de l’étude annuelle sur le fait religieux en entreprise, menée par l’Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre) et l’Institut Randstad, que
La Croix publie en exclusivité (1).
Aujourd’hui, 65 % des personnes interrogées observent
« rarement » ou
« occasionnellement » des faits religieux sur leur lieu de travail (quelques fois par trimestre ou par an). Le chiffre est stable depuis 2016 et confirme la place qu’a prise en quelques années la religion dans le monde de l’entreprise.
En revanche, la part des personnes confrontées
« régulièrement » baisse pour la première fois : 29,5 % en 2018 contre 34 % en 2017. Le chiffre était de 14 % en 2014. L’essentiel des faits religieux concerne l’islam.
« Une sorte d’équilibre semble avoir été trouvé »
«
Le fait religieux se banalise et s’affirme comme une réalité de l’entreprise. Dans la plupart des cas, il est parfaitement accepté et s’exprime de manière apaisée », souligne Laurent Morestain, le président de l’Institut Randstad et secrétaire général du groupe d’intérim. Avec 5 % des situations de blocage, ce n’est pas, et de très loin, le sujet le plus conflictuel dans l’entreprise, qui reste le travail lui-même (35 %).
La typologie des manifestations du fait religieux est aussi en train de changer. Le port de signe visible de sa croyance, qui représente 19,5 % des cas, est détrôné par les demandes d’absences (21 %). Ils sont suivis par toutes les requêtes liées à l’aménagement du temps de travail (15 %) et la pratique de la prière pendant les pauses (10,5 %).
«
Il y a une maturité du fait religieux. Et une sorte d’équilibre semble avoir été trouvé sur la manière de pratiquer ou d’afficher sa croyance sans que cela gêne la bonne marche de l’entreprise, note Lionel Honoré, directeur de l’Ofre et professeur à l’université de Polynésie française.
Il y a encore quatre ou cinq ans, c’était le grand capharnaüm, personne ne sachant comment faire. »