Le quiétismeLe quiétisme ou la recherche du pur amour est une doctrine mystique répandue aux XVIIe et XVIIIe siècles. C'est un itinéraire spirituel, un désir de «présence à Dieu», de quiétude et d’union avec Dieu. Publié le 2 septembre 2015.
Après la Réforme et les luttes atroces qui s’ensuivirent, le temps n’est plus, dans le royaume de France, aux folies spirituelles. Or, voici que vient d’Espagne un nouveau courant appelé quiétisme. Introduit par Miguel de Molinos, un maître spirituel en vogue dans le milieu romain, le quiétisme, du latin quies, évoque le repos complet de l’âme plongée en Dieu et transformée en lui, en toute passivité, libérée des inquiétudes. C’est Madame Guyon qui, vers 1680, introduit cette forme d’oraison permanente dans les salons parisiens. Elle enseigne que toute la vie, aussi bien extérieure qu’intérieure, peut se vivre en Dieu, et qu’un grand calme procède des temps d’oraison, signe de l’imprégnation par la grâce, qui est une émanation de l’amour divin par inaction.
L’attention aux expériences, aux étapes, aux ruptures laisse place à l’état de grand large, l’âme ayant atteint l’océan sans rivage du «pur amour». La foi contagieuse de Madame Guyon séduit des catholiques lassés du rigorisme décourageant des jansénistes. Le quiétisme dilate l’âme dans la contemplation de la bonté divine, ne la corsette pas dans des dogmes et des principes. L’époque se prête aux grandes discussions théologiques et Paris va donc être le théâtre d’une lutte sans merci entre les tenants d’une oraison profonde, simple, qui élève l’âme au-dessus de tout (et donc des dogmes et de l’institution) et ceux qui voient dans cette doctrine une menace pour l’Église. La dispute entre Fénelon, grand admirateur de Madame Guyon, et Bossuet, ardent défenseur de l’autorité temporelle, tourne rapidement à l’affrontement entre deux conceptions de la perfection chrétienne, ainsi qu’à une querelle d’influence entre deux hommes aux prises avec le pouvoir royal.
Bossuet l’emporta, Madame Guyon fut embastillée et Fénelon désavoué. Cette longue lutte eut comme répercussion un appauvrissement, notamment en France, de la vie intérieure.
Sophie de Villeneuve