THÉOLOGIE : Aux commencements de la doctrine chrétienne Publié le 20 septembre 2017à 7h00
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Ce volume, issu du projet dirigé par Bernard Lauret, tient lieu de tome sur l’Antiquité de sa collection « La théologie : une anthologie »
boulluec-junodAnthologie des théologiens de l’Antiquité,
d’Alain Le Boulluec & Eric Junod (dir.),
Cerf, 2016, 464 p., 39 €
Pas moins d’une trentaine d’universitaires français parmi les meilleurs spécialistes actuels en patristique (Alain Le Boulluec, Isabelle Bochet, Marie-Odile Boulnois, Catherine Broc-Schmezer, Régis Burnet, Patrick Descourtieux, Pierre-Marie Hombert, Eric Junod…) ont collaboré à la rédaction de ce livre qui veut être, comme il est indiqué dans la préface, ni une introduction à la patrologie, ni une histoire du christianisme antique. C’est plutôt une sélection d’extraits significatifs d’auteurs de l’Antiquité que contient cet épais ouvrage.
Parti pris éditorial
Le lecteur apprécie la brève présentation de chacun de ces auteurs, claire et précise, ainsi que la bibliographie très complète le concernant (avec un certain nombre de références en langues étrangères). Il pourra en revanche être un peu décontenancé par un parti pris éditorial affiché : « La matière n’a pas été organisée autour des définitions conciliaires, ni selon le modèle de l’évolution des dogmes. » Ainsi, par exemple, Arius est présenté de la même manière qu’Athanase d’Alexandrie ou Nestorius que Cyrille, lui aussi d’Alexandrie. Et, si Augustin a bien droit à un chapitre entier, ce dernier est relativement court (40 pages). La place la plus importante du livre est laissée aux théologiens grecs des IVe et Vee siècles (140 pages).
L’influence d’Origène
Enfin, autre surprise, chronologique cette fois : le volume s’ouvre par une présentation de la théologie d’Origène (55 pages). Les universitaires assument cette uchronie car, à leurs yeux, « l’œuvre d’Origène (…) récapitule en effet les débats antérieurs, elle en nourrit sa propre élaboration théologique, elle dialogue avec les courants anciens encore vivants de son temps, qu’elle contribue à affaiblir quand ils ont été contestés, et elle exerce une influence déterminante sur les siècles ultérieurs. Elle illustre en outre la recherche en théologie, au point d’avoir à son tour été combattue. Elle témoigne de la liberté des commencements et tout autant de la rigueur de la maturation doctrinale. » Des auteurs plus anciens (Irénée de Lyon, Clément d’Alexandrie, Tertullien) ne sont pas oubliés pour autant et sont ensuite présentés.
Bref, un beau livre à lire et à conserver comme ouvrage de référence dans sa bibliothèque à côté d’introductions à la patristique, plus anciennes (Quasten, Kelly, Campenhausen,…)
David Roure
La Croix
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Ce volume, issu du projet dirigé par Bernard Lauret, tient lieu de tome sur l’Antiquité de sa collection « La théologie : une anthologie »
boulluec-junodAnthologie des théologiens de l’Antiquité,
d’Alain Le Boulluec & Eric Junod (dir.),
Cerf, 2016, 464 p., 39 €
Pas moins d’une trentaine d’universitaires français parmi les meilleurs spécialistes actuels en patristique (Alain Le Boulluec, Isabelle Bochet, Marie-Odile Boulnois, Catherine Broc-Schmezer, Régis Burnet, Patrick Descourtieux, Pierre-Marie Hombert, Eric Junod…) ont collaboré à la rédaction de ce livre qui veut être, comme il est indiqué dans la préface, ni une introduction à la patrologie, ni une histoire du christianisme antique. C’est plutôt une sélection d’extraits significatifs d’auteurs de l’Antiquité que contient cet épais ouvrage.
Parti pris éditorial
Le lecteur apprécie la brève présentation de chacun de ces auteurs, claire et précise, ainsi que la bibliographie très complète le concernant (avec un certain nombre de références en langues étrangères). Il pourra en revanche être un peu décontenancé par un parti pris éditorial affiché : « La matière n’a pas été organisée autour des définitions conciliaires, ni selon le modèle de l’évolution des dogmes. » Ainsi, par exemple, Arius est présenté de la même manière qu’Athanase d’Alexandrie ou Nestorius que Cyrille, lui aussi d’Alexandrie. Et, si Augustin a bien droit à un chapitre entier, ce dernier est relativement court (40 pages). La place la plus importante du livre est laissée aux théologiens grecs des IVe et Vee siècles (140 pages).
L’influence d’Origène
Enfin, autre surprise, chronologique cette fois : le volume s’ouvre par une présentation de la théologie d’Origène (55 pages). Les universitaires assument cette uchronie car, à leurs yeux, « l’œuvre d’Origène (…) récapitule en effet les débats antérieurs, elle en nourrit sa propre élaboration théologique, elle dialogue avec les courants anciens encore vivants de son temps, qu’elle contribue à affaiblir quand ils ont été contestés, et elle exerce une influence déterminante sur les siècles ultérieurs. Elle illustre en outre la recherche en théologie, au point d’avoir à son tour été combattue. Elle témoigne de la liberté des commencements et tout autant de la rigueur de la maturation doctrinale. » Des auteurs plus anciens (Irénée de Lyon, Clément d’Alexandrie, Tertullien) ne sont pas oubliés pour autant et sont ensuite présentés.
Bref, un beau livre à lire et à conserver comme ouvrage de référence dans sa bibliothèque à côté d’introductions à la patristique, plus anciennes (Quasten, Kelly, Campenhausen,…)
David Roure
La Croix