Bonjour
C'est un cas interessant quand on est anti-trinitaire par raison et par conviction, on apprend les raisons cachés de la trinité, il faut tout d'abord savoir ceci :
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imposition du dogme de la Trinité : 381 (deuxième Concile de Constantinople),
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premiers bûchers chrétiens pour hérétiques chrétiens (Priscillien et ses disciples) : 385.
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Michel Servet"Aucun martyr n'a autant que lui terni la mémoire de son persécuteur, conduisant les disciples et héritiers de ce dernier à élever un monument expiatoire cinq siècles après.
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Né en 1511 à Villanueva (Espagne, francisé en Villeneuve), il se montre très tôt un élève surdoué, assimilant avec aisance latin, grec, hébreux, philosophie, théologie et bien d'autres matières encore.
Mais, pour son malheur, il reste passionné par la théologie. Et par une sorte d'idée fixe. Le dogme de la Trinité est pour lui une erreur totale, et funeste. Son principal argument :
l'Évangile ignore totalement cette notion, qui n'a été imposée qu'en 325 au concile de Nicée.Ce besoin éperdu de revenir à l'Église d'avant Nicée a peut-être une autre source. Avant même d'être personnellement poursuivi,
Servet a protesté contre la répression des mal-pensants. Il a écrit :
"Il est grave de tuer un homme pour les idées qu'il professe en matière de religion..." Autant qu'on sache, l'Église d'avant Nicée ne tuait pas ses dissidents, pourtant nombreux et parfois extravagants. De là à penser que c'est ce concile qui a ouvert la voie aux répressions sanglantes, il y a un pas, que le médecin semble avoir franchi.
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Pendant une vingtaine d'années,
Servet passe à travers les filets de l'Inquisition. Il change plusieurs fois de résidence. Après un bref séjour en Allemagne il restera en France, à Toulouse, puis Lyon, Montpellier, Charlieu et enfin Vienne, exerçant partout la médecine avec un certain succès. Et quand ils ne traitent pas de théologie, ses livres se vendent.
Il a publié, clandestinement et à compte d'auteur, plusieurs ouvrages sur la Trinité dès 1531. Et en 1553, un gros volume intitulé La restitution du Christianisme. Mais il ne cherche pas à convertir les foules. Il envoie des exemplaires de son oeuvre à une poignée de Protestants éminents, dont il espère le soutien. Parmi eux, Jean Calvin. Tous le rejettent.
En février 1553, il est dénoncé à l'Inquisition. Il ne saura que plus tard, trop tard, que le coup est venu de Genève, et plus précisément de l'entourage de Calvin. l'Inquisition coopère sans complexe avec des gens qu'elle brûlerait s'ils tombaient entre ses mains.
Bientôt c'est Calvin lui-même qui conduit les interrogatoires. Il ne fait pas dans le subtil... Il y demandait également un avocat, ce qu'on lui a refusé au mépris des lois de Genève.
Nouveau changement de ton dans la dernière requête où il évoque la dureté de ses conditions de détention, et implore la pitié. On sent qu'avec un peu plus de doigté, ce que les inquisiteurs catholiques montraient parfois, ses juges auraient pu obtenir une rétractation complète. Mais le voulaient-ils ? Le dénouement est connu. Le 27 octobre 1553, Michel
Servet est brûlé vif au lieu-dit Champel.
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Quelques protestations véhémentes se font entendre, au nom de l'Évangile. Beaucoup espéraient que la Réforme mettrait aussi fin aux bûchers. Un ancien nonce apostolique se déclare terrifié par le procès de
Servet.
Un érudit hollandais, David Joris, s'adresse aux juges : "J'espère que le conseil assoiffé de sang des érudits n'aura pas de poids auprès de vous mais considérez plutôt les préceptes de notre seul Seigneur et maître le Christ (...) que nous ne devons crucifier ni tuer personne à cause de sa foi, qu'il vaudrait mieux que nous soyons crucifiés et tués nous-mêmes. Ne jugez point et vous ne serez point jugés... "
Sébastien Castellion, humaniste français connu, interpelle encore plus directement Calvin sur les mêmes thèmes : "Nous diras-tu, à la fin, si c'est le Christ qui t'a appris à brûler les hommes ? (...) Tuer un homme ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme. (...) On ne prouve pas sa foi en brûlant un homme mais en se faisant brûler pour elle..."
Ce qui devrait faire réfléchir ceux qui, aujourd'hui encore, tentent d'excuser Calvin, ou l'Inquisition, en prétendant qu'à l'époque brûler les mal-pensants allait de soi pour tout le monde."
(Lien)