*** w05 15/6 p. 9-10 Philon d’Alexandrie, l’homme qui a entremêlé spéculation et Écritures ***
Philon d’Alexandrie, l’homme qui a entremêlé spéculation et Écritures
EN 332 avant notre ère, Alexandre le Grand pénétrait en Égypte. Avant de poursuivre la conquête du monde en direction de l’est, il a fondé une ville qu’il a appelée Alexandrie. Cette ville est devenue un centre de la culture grecque. C’est là que, vers l’an 20 avant notre ère, un autre conquérant est né. Ses armes à lui ne seraient pas des épées et des lances, mais des raisonnements philosophiques. Il est connu sous le nom de Philon d’Alexandrie, ou Philon le Juif, en raison de ses origines.
À la suite de la Diaspora, déclenchée par la destruction de Jérusalem en 607 avant notre ère, beaucoup de Juifs habitaient en Égypte. Ils étaient des milliers à Alexandrie. Ils vivaient cependant dans la dissension avec leurs voisins grecs. Les Juifs refusaient d’adorer les dieux grecs, tandis que les Grecs tournaient en ridicule les Écritures hébraïques. Ayant reçu une éducation à la fois grecque et juive, Philon connaissait bien cet antagonisme. Il était convaincu que le judaïsme était la vraie religion. Mais, contrairement à beaucoup, il cherchait un moyen d’amener pacifiquement les Gentils à Dieu. Il voulait rendre le judaïsme acceptable à leurs yeux.
Un nouveau sens pour de vieux écrits
Comme la plupart des Juifs d’Alexandrie, Philon avait pour langue maternelle le grec. Par conséquent, il étudiait principalement la Septante, version grecque des Écritures hébraïques. En examinant le texte de près, il a acquis la conviction qu’il contenait des éléments philosophiques et que Moïse avait l’envergure d’un “ philosophe ”.
Des siècles auparavant, des intellectuels grecs avaient eu du mal à admettre les histoires de dieux et de déesses, de géants et de démons de leur mythologie. Ils avaient dès lors entrepris de réinterpréter ces vieilles histoires. James Drummond, spécialiste de l’époque classique, a écrit au sujet de leur méthode : “ Le philosophe commençait par rechercher des significations subtiles sous la surface des légendes mythologiques, et par déduire de leur énormité et de leur absurdité que leurs auteurs avaient dû vouloir, par une imagerie sensuelle, énoncer quelque vérité profonde ou édifiante. ” Ce procédé s’appelle la méthode allégorique. Philon s’est évertué à s’en servir pour expliquer les Écritures.
À titre d’exemple, réfléchissez à Genèse 3:21 tel que le rend La Bible d’Alexandrie, une traduction de la Septante. On y lit : “ Le Seigneur Dieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau et il les en revêtit. ” Les Grecs pensaient qu’il était indigne du Dieu suprême de fabriquer des vêtements. Philon a par conséquent trouvé un symbolisme dans ce verset ; il a déclaré : “ Au sens allégorique, les tuniques sont le symbole de la peau naturelle, notre corps. Car Dieu, formant d’abord l’intellect, le nomme ‘ Adam ’ ; ensuite, il forma la perception sensible et la nomma ‘ vie ’ ; en troisième lieu, il fait aussi nécessairement le corps, en le nommant symboliquement ‘ tunique de peau ’. ” Ainsi, Philon a tenté de transformer l’habillage d’Adam et Ève par Dieu en idée philosophique à méditer.
Considérez également Genèse 2:10-14, qui explique comment le jardin d’Éden était arrosé et qui précise que quatre fleuves en sortaient. Philon a voulu aller au-delà des mots afin d’en exhumer le sens caché. Après avoir formulé quelques remarques sur l’emplacement du Paradis, il a avancé : “ À moins qu’en ce passage les choses ne soient exposées de façon allégorique. Alors, les quatre fleuves sont le symbole de quatre vertus. ” Il a imaginé que le Pishôn représentait la prudence, le Guihôn la tempérance, le Tigre le courage et l’Euphrate la justice. À l’en croire, l’allégorie supplantait la géographie.
Philon a passé au crible de la méthode allégorique le récit de la création, le meurtre d’Abel par Caïn, le déluge, la confusion des langues à Babel ainsi que de nombreux préceptes de la Loi mosaïque. Comme le montre l’exemple du paragraphe précédent, il a souvent admis l’idée littérale d’un verset de la Bible, puis a introduit sa compréhension du symbole par ce genre de paroles : “ En fait, cela a peut-être été dit de façon allégorique. ” Dans ses écrits, Philon a mis en avant les symbolismes au détriment, malheureusement, de la signification manifeste des Écritures.
Philon d’Alexandrie, l’homme qui a entremêlé spéculation et Écritures
EN 332 avant notre ère, Alexandre le Grand pénétrait en Égypte. Avant de poursuivre la conquête du monde en direction de l’est, il a fondé une ville qu’il a appelée Alexandrie. Cette ville est devenue un centre de la culture grecque. C’est là que, vers l’an 20 avant notre ère, un autre conquérant est né. Ses armes à lui ne seraient pas des épées et des lances, mais des raisonnements philosophiques. Il est connu sous le nom de Philon d’Alexandrie, ou Philon le Juif, en raison de ses origines.
À la suite de la Diaspora, déclenchée par la destruction de Jérusalem en 607 avant notre ère, beaucoup de Juifs habitaient en Égypte. Ils étaient des milliers à Alexandrie. Ils vivaient cependant dans la dissension avec leurs voisins grecs. Les Juifs refusaient d’adorer les dieux grecs, tandis que les Grecs tournaient en ridicule les Écritures hébraïques. Ayant reçu une éducation à la fois grecque et juive, Philon connaissait bien cet antagonisme. Il était convaincu que le judaïsme était la vraie religion. Mais, contrairement à beaucoup, il cherchait un moyen d’amener pacifiquement les Gentils à Dieu. Il voulait rendre le judaïsme acceptable à leurs yeux.
Un nouveau sens pour de vieux écrits
Comme la plupart des Juifs d’Alexandrie, Philon avait pour langue maternelle le grec. Par conséquent, il étudiait principalement la Septante, version grecque des Écritures hébraïques. En examinant le texte de près, il a acquis la conviction qu’il contenait des éléments philosophiques et que Moïse avait l’envergure d’un “ philosophe ”.
Des siècles auparavant, des intellectuels grecs avaient eu du mal à admettre les histoires de dieux et de déesses, de géants et de démons de leur mythologie. Ils avaient dès lors entrepris de réinterpréter ces vieilles histoires. James Drummond, spécialiste de l’époque classique, a écrit au sujet de leur méthode : “ Le philosophe commençait par rechercher des significations subtiles sous la surface des légendes mythologiques, et par déduire de leur énormité et de leur absurdité que leurs auteurs avaient dû vouloir, par une imagerie sensuelle, énoncer quelque vérité profonde ou édifiante. ” Ce procédé s’appelle la méthode allégorique. Philon s’est évertué à s’en servir pour expliquer les Écritures.
À titre d’exemple, réfléchissez à Genèse 3:21 tel que le rend La Bible d’Alexandrie, une traduction de la Septante. On y lit : “ Le Seigneur Dieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau et il les en revêtit. ” Les Grecs pensaient qu’il était indigne du Dieu suprême de fabriquer des vêtements. Philon a par conséquent trouvé un symbolisme dans ce verset ; il a déclaré : “ Au sens allégorique, les tuniques sont le symbole de la peau naturelle, notre corps. Car Dieu, formant d’abord l’intellect, le nomme ‘ Adam ’ ; ensuite, il forma la perception sensible et la nomma ‘ vie ’ ; en troisième lieu, il fait aussi nécessairement le corps, en le nommant symboliquement ‘ tunique de peau ’. ” Ainsi, Philon a tenté de transformer l’habillage d’Adam et Ève par Dieu en idée philosophique à méditer.
Considérez également Genèse 2:10-14, qui explique comment le jardin d’Éden était arrosé et qui précise que quatre fleuves en sortaient. Philon a voulu aller au-delà des mots afin d’en exhumer le sens caché. Après avoir formulé quelques remarques sur l’emplacement du Paradis, il a avancé : “ À moins qu’en ce passage les choses ne soient exposées de façon allégorique. Alors, les quatre fleuves sont le symbole de quatre vertus. ” Il a imaginé que le Pishôn représentait la prudence, le Guihôn la tempérance, le Tigre le courage et l’Euphrate la justice. À l’en croire, l’allégorie supplantait la géographie.
Philon a passé au crible de la méthode allégorique le récit de la création, le meurtre d’Abel par Caïn, le déluge, la confusion des langues à Babel ainsi que de nombreux préceptes de la Loi mosaïque. Comme le montre l’exemple du paragraphe précédent, il a souvent admis l’idée littérale d’un verset de la Bible, puis a introduit sa compréhension du symbole par ce genre de paroles : “ En fait, cela a peut-être été dit de façon allégorique. ” Dans ses écrits, Philon a mis en avant les symbolismes au détriment, malheureusement, de la signification manifeste des Écritures.